Remettre la communication au sein des actions pour trouver un emploi, telle est la mission de l’association La Tortue Bleue. Nous avons assisté à l’un de ses ateliers.
Le rendez-vous était donné à la Cité des métiers, au sous-sol de la Cité des Sciences dans le 19e arrondissement de Paris. Aujourd’hui, l’association organise un atelier intitulé “Communiquer pour trouver un emploi : comment intéresser l’autre à mon projet ?”, destiné à tous (sur inscription préalable). L’association a organisé 800 ateliers depuis sa création en 2010. “L’idée est d’avoir un regard bienveillant sur les parcours des personnes qui assistent aux ateliers. Ici, les règles de base de la communication sont abordées, pour redonner confiance et utiliser l’intelligence collective”, déclare Sophie Duval, animatrice cet après-midi, membre fondatrice de l’association et chef d’entreprise.
Se poser les bonnes questions
Les trois heures d’atelier démarrent fort par un premier exercice de présentation croisée. Par duo, chacun interroge l’autre pendant quelques minutes pour ensuite le ou la présenter devant tout le monde. Le but ? Être synthétique et donner le maximum d’informations en une minute. Sur les 6 personnes présentes, un seul homme. “Il y a souvent plus de femmes que d’hommes car elles sont plus à même de se remettre en question”, interprète l’animatrice. Quand il s’agit de s’exprimer devant tout le monde, certaines ont la voix chevrotante, d’autres sont prises de court quand la minute est passée, “je n’ai pas eu le temps de parler de ses attentes par rapport à cet atelier”, regrette l’une d’entre elles.
Les parcours et les expériences sont variés, du secteur de l’informatique à l’art en passant par le BTP. Sophie Duval met tout le monde d’accord en les incitant à se poser plusieurs questions. D’abord, est-ce que leur métier les nourrit ? Au sens propre comme au sens figuré. “Est-ce que ce job existera encore dans 5 ans ? Si oui, aura-t-il évolué ? Faudrait-il faire une formation pour se mettre à jour ?”, suggère-t-elle. Et enfin, s’ils se mettent à leur compte, quels services pourraient-ils vendre ? Les questions de la part des participants fusent, principalement sur le thème du CV et de l’entretien. “Dois-je mettre une photo ?” Le débat s’attarde sur cette question épineuse qui reste sans réponse tant la décision est subjective. “Vous devez rester factuel sur vos CV, mais c’est moins le cas dans vos lettres de motivation. Surtout, l’entretien est un jeu de questions/réponses avec le recruteur, d’égal à égal”, conseille Sophie Duval.
Entretien fictif
Après la théorie, passage à la pratique. Chacun doit définir ses trois qualités, étayées d’exemples et d’arguments, à présenter à l’oral devant tout le monde. Toujours quelques voix chevrotantes. Une jeune fille panique et se met à pleurer, ne trouvant pas de qualité à mettre en avant. Elle fera un point avec Sophie Duval à la fin de l’atelier. Sylvain** présente son parcours professionnel dans la restauration en tant que directeur d’unités. Fabienne**, responsable de recrutement en recherche d’emploi, lui conseille de plutôt utiliser l’expression “je suis reconnu par mes pairs comme un leader” plutôt que “je suis un leader”. “D’autant qu’il n’a pas raconté d’histoires alors que c’est vraiment le but. C’est vraiment la base du storytelling !”, rajoute Sophie Duval.
Une autre personne réussit bien l’exercice, Karen** qui vient d’Inde. Elle a fait une école de mode en arrivant à Paris il y a plusieurs dizaines d’années. Elle raconte sa passion pour la mode, les accessoires et ses premiers stages dans de grandes maisons. Tout le monde est emporté par son histoire si particulière. Et il y a de quoi… À chaque personne qui s’exprime, les retours sont bienveillants et pertinents. Les participants ont bien compris l’exercice. Il s’agit vraiment d’être concis, de structurer les informations et donc de raconter une histoire cohérente. Avant de partir, l’animatrice distille 10 recommandations, à base de mantras courts et efficaces, “c’est vous le pilote”, “écouter c’est aussi communiquer” ou “une question est une chance” (sous-entendu, posez des questions pendant les entretiens). En conclusion, Sophie Duval demande aux participants qu’ils s’écrivent une lettre en rappelant les trois conseils à retenir à la suite de cet atelier. “Vous serez content de retomber dessus dans trois semaines”, conclut-elle.
** Les prénoms ont été modifiés