Sur le papier, la Validation des acquis de l’expérience (VAE) semble être le biais idéal pour obtenir un diplôme sans retourner sur les bancs de l’école. Pour autant le dispositif a toujours eu du mal à trouvé son public. Bonne nouvelle, l’exécutif prend les choses en main !
Obtenir un diplôme, un titre ou une qualification reconnus par l’État grâce à son expérience professionnelle, c’est possible grâce à la VAE. Un dispositif qui ne date pas d’hier mais qui a toujours eu du mal à convaincre. Dans cette perspective, Elisabeth Borne, ministre du Travail affiche l’ambition claire de remettre la VAE au goût du jour par le biais d’une expérimentation. « L’idée de la ministre est de travailler en méthode agile pour tester les conclusions du rapport élaboré par David Rivoire et les conclusions de l’Igas, explique Olivier Gérard, chef de projet Reva (reconnaître et valider l’expérience), au sein du ministère du Travail. Il s’agit de mener une expérimentation sur les irritants de la VAE, la gestion des jurys ou encore l’accompagnement renforcé des candidats. » Premier problème aujourd’hui, pour les plus bas niveaux, il est extrêmement difficile de mettre en place une VAE sans véritable accompagnement, les démarches administratives sont assez complexes et chaque certificateur adopte sa propre méthode. « L’expérimentation est menée avec 3 certificateurs, une branche professionnelle et 200 candidats, détaille Olivier Gérard. Nous allons nous pencher sur le parcours de bout en bout pour rendre le système le plus efficace. » L’objectif est également de mettre en place une plate-forme numérique pour faciliter l’accès à la VAE et aussi de reconnaître les soft skills pour permettre aux candidats de mieux valoriser ces compétences.
A lire aussi : La VAE, un dispositif ouvert à tous
Devenir acteur de son apprentissage
« Obtenir un diplôme sans formation, ni examen est une exception française, assure David Rivoire, fondateur du cabinet Les 2 Rives spécialisé dans la VAE. Un système qui a d’autant plus de sens qu’une compétence donnée par un diplôme est aujourd’hui beaucoup plus obsolète. » Selon ce spécialiste de la première heure, l’objectif de la VAE est de permettre aux candidats de devenir le principal acteur de leur apprentissage. Il s’agit également de supporter la montée en compétences par la pratique tandis que l’apport théorique devient, au final, ce qui nourrit le processus. Pour David Rivoire, cette expérimentation autour de la VAE est une bonne nouvelle dans la mesure où cela va permettre de passer d’une VAE de sanction à une VAE de parcours. « Accepter qu’une formation ne se fait plus exclusivement dans une salle est un long chemin, déplore-t-il. L’idée est aussi de régler le problème de l’adéquation entre les besoins des entreprises et les compétences des personnes se trouvant sur le marché du travail. »
Réenchanter les trajectoires professionnelles
« J’ai eu l’occasion de faire une VAE car je travaillais dans un hypermarché Auchan et nos chefs nous transmettaient toutes les semaines des documents d’information et l’un d’entre eux nous proposait de nous engager dans le dispositif. J’ai tout de suite saisi l’opportunité car je souhaitais quitter le secteur de l’agro-alimentaire. J’ai d’abord travaillé en caisse, puis au service-après-vente mais je voulais vraiment changer de secteur. Je me suis inscrite et nous avons eu une pré-rentrée dans le centre de formation à Paris. Nous avons rapidement commencé les cours à raison de 2 à 4 fois par mois tout en continuant à travailler à Auchan et en gardant le même salaire. En parallèle, on travaillait à la maison sur l’élaboration de notre dossier. Il s’agissait de monter un dossier sur Auchan, l’entreprise, mon métier, à soutenir devant le jury. J’ai été très suivie par Les 2 rives pour l’élaboration de mon dossier avec un interlocuteur dédié qui nous corrigeait et nous donnait beaucoup de conseils. En cours, on faisait des exercices pour bien se préparer à l’oral et on revenait sur nos dossiers si besoin. Diplômée d’un BEP carrière sanitaire et sociale, j’ai pu obtenir un Bac pro relation clients et usagers grâce à la VAE. Dès que j’ai obtenu mon diplôme j’ai rapidement trouvé un emploi de secrétaire médicale, un secteur qui m’a toujours attiré. Je n’avais pas d’expérience dans ce domaine mais on m’a fait confiance et on m’a formée sur le tas. Aujourd’hui, je travaille en tant que secrétaire médicale dans un laboratoire, j’ai atteint mon objectif. La VAE a changé ma vie et j’adore mon métier. »