« Face au défi du chômage des jeunes et de l’insertion dans le marché du travail, l’apprentissage joue un rôle crucial, affirme Francis Dubrac, président de la CMA de Seine-Saint-Denis. Notre priorité absolue est d’adapter l’offre de formation aux besoins des territoires de la France. Et de souligner le rôle essentiel des artisans dans l’économie française. L’artisanat crée des emplois et dynamise nos quartiers. » Aujourd’hui, l’artisanat réunit quelque 3,1 millions d’actifs, sur 250 métiers réunis en quatre familles : alimentation, bâtiment, production et services. Et, en janvier 2024, le palier du million d’apprentis a été franchi, conformément à l’objectif annoncé par le gouvernement. « L’apprentissage est un vecteur de liberté dans la vie professionnelle, ajoute Francis Bussière, président de la CMA d’Ile-de-France. En apprenant un métier, nos apprentis acquièrent un certain degré d’autonomie financière dès le début de leur apprentissage. Mais aussi de la confiance en eux, par la maîtrise d’une technique, d’un savoir-faire valorisant leur position sociale et leur employabilité. Cela leur ouvre également les portes d’une éventuelle mobilité professionnelle à l’étranger. L’apprentissage est aussi vecteur d’égalité, en permettant à toutes et tous d’accéder à toutes sortes de métiers, quels que soient leurs origines ou leur parcours. »

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Durant ces assises de l’apprentissage, la table ronde « L’apprentissage, un emploi pour chacun », a réuni Marie-Do Aeschlimann, sénatrice des Hauts-de-Seine et ancienne vice-présidente de la Région Île-de-France en charge de l’apprentissage, de la formation et de l’emploi ; Eric Coquerel, député LFI de Seine-Saint-Denis et président de la commission des finances de l’Assemblée nationale ; et Manon Fleury, ancienne escrimeuse de haut niveau et aujourd’hui cheffe cuisinière étoilée, après son parcours d’apprentie.
« L’apprentissage est une voie de formation et de professionnalisation importante qui transmet l’excellence, le savoir-faire ; et qui ouvre les portes de secteurs en tension qui recrutent massivement, comme l’hôtellerie-restauration ou les métiers du BTP, souligne Marie-Do Aeschlimann. La formule a trop longtemps souffert d’une image négative, celle d’une voie de garage. Au contraire, l’apprentissage, c’est l’excellence et c’est aussi un choix. » Une affirmation incarnée par le parcours de Manon Fleury, pour qui l’apprentissage fut un véritable tremplin. « Je suis devenue apprentie il y a 12 ans, à 20 ans, après être sortie d’hypokhâgne. Malgré mon parcours initial, je me suis rendu compte que je voulais faire de la cuisine. C’est l’apprentissage qui m’a permis de suivre cette envie, et j’ai commencé en ne sachant même pas tenir un couteau. Dès mes débuts, j’ai observé que l’apprenti était vraiment valorisé comme un élément important de l’entreprise. Pour beaucoup de jeunes, cela apporte un cadre et un gros bagage, on peut avoir un métier toute de suite entre les mains tout en ayant le cadre rassurant de la formation« , raconte-t-elle.
Du côté des employeurs et des organismes d’apprentissage et de formation, le défi grandit à mesure que l’apprentissage gagne en popularité. « Le passage du nombre d’apprentis de 300 000 en 2018 à plus d’un million aujourd’hui, c’est quelque chose qui a structurellement modifie la question de la formation en France. L’apprentissage est une contribution indispensable, un moment important de l’enseignement professionnel, mais ce n’est pas la seule voie à valoriser », insiste Éric Coquerel.
Surtout, il s’agit de continuer d’attirer et de former des jeunes et des personnes peu qualifiées, pour favoriser l’insertion durable dans l’emploi. « Pour ne parler que de l’Île-de-France, 63 % des apprentis y ont le niveau bac ou infra bac, rappelle la sénatrice des Hauts-de-Seine. Et la région compte encore 300 000 jeunes ni en études, ni en emploi et ni en formation (Neet) et 400 000 personnes sans emploi depuis un an ou plus. C’est toujours trop, et l’apprentissage est une des solutions. »