À 40 ans, Audrey Diard occupe un poste de manager à hautes responsabilités chez ADP, fournisseur de logiciel de paie et de gestion RH. Une fonction atteinte en 2022, après plus de 20 ans d’une carrière pas toujours linéaire et en ayant le baccalauréat pour seul diplôme. « Mon parcours après l’obtention du baccalauréat a été un peu chaotique, confirme Audrey Diard. Je suis allée à l’université en psychologie et sciences du langage, mais j’ai dû arrêter au bout de quelques mois. Je suis rentrée dans la vie active sans attendre. J’ai connu toute une série de métiers ensuite. »
Caissière, assistante administrative dans le public, inventoriste… Ses débuts professionnels sont instables, mais celle-ci commence à y voir plus clair lorsqu’elle signe son premier CDI, deux ans après son bac, au sein de Panda Security, une entreprise de software. « Je suis arrivée au standard, et puis j’ai rapidement aidé sur la partie logistique et commerciale. Au bout d’un an, après une restructuration, on m’a confié la responsabilité de tout ce qui était partenariat et réseau de revendeurs. C’est comme cela que ma vie de commerciale a commencé et que ma carrière a vraiment changé, j’ai appris et gagné en compétences par la pratique », explique l’intéressée aujourd’hui quarantenaire.

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Fibre pour le commerce
Après quatre ans dans cette entreprise, Audrey Diard, âgée de 25 ans à l’époque, s’essaie aux métiers de la paye et de la gestion commerciale au sein de Dailybiz, alors idylis.com : « C’était du commerce à la dure, nous n’avions pas de fichier de prospection, c’est ça aussi qui fait le cuir. » Son poste, celui d’ingénieur commercial, est alors déjà un poste cadre. « J’ai adoré ce métier de commerciale, dans lequel on peut faire la différence et faire ses preuves par la vente. Sur cette fonction, c’est très clair, l’objectif est réalisé ou il ne l’est pas, il est dépassé ou il ne l’est pas. Et j’avais le tempérament et l’ambition pour cela, complète-t-elle. Je crois aussi que les gens qui, comme moi, n’ont pas eu un haut niveau d’études, sont motivés par-dessus tout par l’envie de se prouver à soi-même que l’on est capable, pour dépasser le potentiel syndrome de l’imposteur. »
Dans cette entreprise de petite taille, Audrey Diard en profite pour « toucher-à-tout » et pour se faire la main sur différents domaines liés à son cœur de métier. C’est forte de cette expérience sous forme de tremplin qu’elle rejoint ADP en 2010, après avoir été sollicitée par un cabinet de recrutement. Et que commence l’ascension et la mobilité interne qui la mèneront à son poste actuel.
Gravir les échelons
Si le niveau de poste et de responsabilités qu’on lui propose est alors moins important que celui qu’elle occupait, elle accepte le défi, consciente des perspectives d’évolution qui en découlent. « J’ai vite compris que chez ADP, le champ des possibles était beaucoup plus large. J’étais devenue une véritable commerciale et j’avais suffisamment d’expérience pour intégrer une grande entreprise en m’inscrivant dans une démarche à plus long terme », retrace la vice-présidente de division en charge des ventes.
Concrètement, notre commerciale endurcie commence en bas de l’échelle, sur la partie télévente. Un poste très formateur qu’elle occupe deux ans. Dès 2012, à 28 ans, elle saisit l’opportunité de devenir commerciale terrain et ingénieur d’affaires, et commence sa trajectoire ascendante. « J’avais envie de contribuer plus, se rappelle Audrey Diard. J’ai alors pris connaissance du Leadership developpement program, qui existe chez ADP pour accompagner et former celles et ceux souhaitant progresser vers des postes de management. Dans ce cadre, on m’a donné des missions transverses et des stretch assignments en plus de la partie formation (ndlr : des projets ou missions allant au-delà du niveau actuel de compétences). » Après avoir réussi ce programme interne, elle devient associate sale manager, un premier poste de management opérationnel.
Ensuite, Audrey Diard va enchaîner plusieurs postes de manager, en gravissant à chaque fois un échelon supplémentaire. D’associate sales manager, elle devient sales manager, puis sales director, et dirige alors tout un segment commercial, ayant à charge la partie management des équipes en direct, mais aussi pour la première fois celle du management de managers. Dès 2020, elle est nommée vice-présidente France du segment mid-market, pour finalement assumer ses responsabilités actuelles à partir de novembre 2022.
Aujourd’hui, Audrey Diard manage au quotidien près de 75 personnes, dont 65 commerciaux de terrain et plusieurs managers, en tant que vice-présidente de division en charge des ventes pour la France et la Suisse. « Au début de mon parcours, jamais je n’aurais pensé en être là où j’en suis aujourd’hui, se rappelle cette dernière. Mais je n’en serais justement pas là sans mon parcours, où j’ai appris sur le terrain et sans filet, avant de pouvoir prendre de la hauteur. Le fait de ne pas avoir de diplôme ou de formation de base m’a peut-être poussée à toujours en faire encore plus. » Un état d’esprit que la manager s’applique aujourd’hui à infuser dans ses équipes, pour œuvrer à son tour pour des parcours d’ascension et de mobilité interne.