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« Le fameux bac+5 n’est pas indispensable pour un avenir professionnel enrichissant ! »

Dans un monde du travail qui fait la part belle aux diplômes, les personnes sans haut niveau d’études ont tendance à s’imposer des barrières nées du syndrome de l’imposteur. C’est à ces actifs que Marie-Laure Deschamp, coach professionnelle et ancienne office manager et responsable RH, s’adresse dans son livre J’ai pas fait bac +5, et alors ?!, qui vient de paraître chez Gereso. Son but : partager les ressources pour dépasser ces blocages et regagner confiance.

Comment est née votre conviction que le diplôme ne garantit pas toujours les compétences ?

Le but de J’ai pas fait bac+5, et alors?! est vraiment d’aider un maximum de personnes qui souffrent du syndrome de l’imposteur parce qu’elles n’ont pas fait les grandes études que notre société valorise, alors même que ce sont à peine 25 % des 25-60 qui ont un bac+5. J’ai moi-même fait un bac G, qu’on a longtemps appelé le bac poubelle et qui est devenu le bac STG puis STMG. J’ai ensuite fait un BTS d’assistance de direction, puis j’ai intégré la Française des Jeux en tant qu’assistante département pilotage de gestion. Au fur et à mesure de mon évolution dans l’entreprise pendant plus de 20 ans, on m’a fait comprendre que j’en avais sous le pied. J’ai assumé des postes à responsabilité, sur de la gestion de projets et de budgets, et j’étais entourée de bac +5. Cela m’a interpellée et j’ai fini par ressentir ce fameux syndrome de l’imposteur, même si la direction m’accordait sa confiance. C’est en dépassant cela et en prenant du recul que j’ai pris conscience de mes compétences : j’accompagne aujourd’hui des personnes avec ma structure de coaching. Le premier enseignement c’est que ce sont les personnes sans haut diplôme qui s’imposent elles-mêmes ces freins. Il faut savoir écouter les retours positifs. Le fameux bac+5 n’est pas indispensable pour envisager un avenir professionnel enrichissant.

Vous insistez sur le fait de se recentrer sur soi et d’arrêter de se comparer, il s’agit donc de mieux se connaître ?

Très souvent, pour progresser dans sa carrière et trouver sa voie, ce n’est pas d’un diplôme supplémentaire dont on a besoin mais bien de travailler l’estime de soi et sa confiance. Un des premiers conseils, c’est de se recentrer sur soi-même, sur ses expériences, ses compétences, plutôt que de constamment se comparer à ce que la société veut de nous ou ce que le marché du travail est historiquement, nous demande. Si on apprend à identifier nos forces et nos talents, et les compétences acquises au gré de l’expérience, on peut prévenir le syndrome de l’imposteur. Un réflexe simple et efficace c’est de se dire que si on nous propose un poste ou une mission et même si l’on pense ne pas être qualifié pour, c’est qu’on me reconnaît des qualités et des compétences. Il faut avoir ce recul sur ce que l’on peut apporter à l’entreprise. Et cela peut être bien de se faire accompagner à ce niveau, que ce soit par un coach, un bilan de compétences, la VAE (validation des acquis de l’expérience) ou autres.

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Comment cultiver sa confiance et avancer sans se mettre de barrières ?

L’idée c’est de ne pas se dire il faut que je fasse comme tout le monde, mais plutôt de s’interroger sur sa définition de la réussite pour se fixer des objectifs propres. Même si on a tous tendance à vouloir faire comme la norme, il n’y a pas de règles, on a le droit de privilégier la carrière comme de privilégier la santé et la famille. On ne peut pas répondre à tous ses questionnements dès le début de carrière, d’où l’idée de se fixer des objectifs personnels et motivants, ce qui compte ce sont vos objectifs de vie et votre personnalité.

S’agissant des offres d’emploi, certains profils remplissent par exemple 70 % des critères recherchés, et ce n’est pas du tout rédhibitoire au contraire. Les 30 % qui restent vous pourrez les acquérir grâce à l’expérience et à la pratique et cela boostera votre motivation. Il ne faut donc pas hésiter à candidater.

Le message que vous portez s’adresse-t-il aussi indirectement aux entreprises et aux recruteurs ?

On sclérose l’entreprise avec cette pression des diplômes. La question qui se pose aujourd’hui c’est comment on fidélise les talents ? Or, les talents ne se résument pas aux bac+5. Trop d’entreprises se verrouillent encore et misent sur le seul diplôme. On promet souvent monts et merveilles à des profils bac +5, pour effectuer un travail sur lequel un bac +3 ou moins avec un ou deux ans d’expérience ferait tout à fait l’affaire. Résultat, certains profils surqualifiés risquent de ne pas y trouver leur compte voire de partir rapidement. Alors effectivement, les profils bac+5 vont souvent rentrer plus vite et plus facilement sur le marché du travail, c’est la réalité aujourd’hui. Mais une personne moins qualifiée ou diplômée arrive avec une marge de progression importante qui va générer son engagement et sa motivation au quotidien.

 

 

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