Ce livre répond-il à un besoin de vulgarisation et de clarification sur les métiers du numérique ?
Je me suis rendu compte que ces métiers sont très importants en termes de volume d’emplois et d’opportunités, mais restent assez méconnus ou incompris. L’idée du livre, c’est de clarifier tout cela. C’est pourquoi nous avons commencé par lancer le podcast Le Gagne-Pain il y a trois ans, dans lequel nous interviewons des professionnels en poste pour les interroger sur leur métier dans le numérique. C’est notamment de cette matière dont je me suis servi pour écrire le livre. Et parmi ce qui ressort le plus, les témoins insistent souvent sur l’amour du métier, le côté novateur, et sur la flexibilité de ces métiers. Un point important : nous avons voulu sortir des stéréotypes, et notamment des stéréotypes de genre. C’est pour cela que pour chaque métier, nous avons interviewé un homme et une femme. Et les métiers du numérique ne sont pas seulement pour les profils issus de grandes écoles ou de longues études. Il y a également plein de reconversions ou de passerelles possibles, avec par exemple des formations en ligne pour se reconvertir.
Le premier point, c’est donc cette grande diversité des métiers dans le digital ?
Le point de départ du livre, c’est cette cartographie des métiers et de l’environnement du digital. De sorte à donner un aperçu précis aux étudiants et aux candidats. J’ai ainsi repris la cartographie proposée par la Grande Ecole du Numérique (GEN), qui distingue six familles : développement ; communication digitale, marketing et e-commerce ; gestion et pilotage ; data, IA et internet des objets ; interface, graphisme et design ; sécurité, réseau, cloud et télécoms. Pour chaque sous-secteur, je détaille dans le livre les métiers correspondant et les principales compétences requises. En rappelant aussi les chiffres : on dénombre aujourd’hui, selon l’Institut Montaigne, un million d’emplois dans le digital en France, dont 10 % ne sont pas pourvus ; et cela devrait grimper à 1,6 million en 2030. Le numérique recrute massivement, et va continuer de le faire.
Vous distinguez notamment votre « top 25 des métiers du digital », cela reflète la richesse des opportunités ?
Oui. Nous avons voulu être le plus exhaustif possible. Et on peut voir que ces métiers font intervenir des gens qui gèrent de la data, d’autres qui font de la création, ou encore des juristes sur le côté RGPD… On a vraiment tous types de missions. Dans le digital, on peut être très créatif ou au contraire très analytique. Et le digital touche petit à petit tous les métiers et tous les secteurs. C’est important d’expliquer qu’une carrière dans le numérique peut prendre beaucoup de formes différentes.
Ce top 25, ce sont les métiers qui recrutent le plus aujourd’hui : développeur full stack, chef de projet digital, développeur d’application mobiles, data scientist, consultant en cybersécurité, customer success manager, UX designer, growth hacker, SEO manager, community manager, content manager, media trader, e-commerce manager, graphiste web, chief marketing officer, data analyst, product owner, ingénieur système, ingénieur cloud DevOps, data protection officer, machine learning engineer, rédacteur web, drive to store manager, campaign manager, CRM manager. Le livre distingue aussi le « top 5 des métiers de demain », qui vont se développer dans les années à venir : prompt engineer, digital learning manager, game designer, product builder, web analyst.

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Quelle est l’importance de la formation et de la montée en compétences ?
Dans le numérique, il faut être curieux, s’informer, se former. C’est un trait commun à tous ces métiers qui revient dans toutes les interviews. Ce sont des métiers qui évoluent très vite, il faut rester attentif à la partie technique et apprendre à se former en permanence. Par exemple, si on prend Google Analytics, il y a une nouvelle version qui sort régulièrement, et il s’agit alors de se mettre à jour. Et idem avec des logiciels comme Photoshop ou autres. Quand on est en poste, on suit ces évolutions. Et quand on est candidat, on peut se former pour s’y préparer. Cela peut bien sûr se faire dans un organisme de formation ou une école, mais aussi en se formant par soi-même, en allant voir des tutos sur YouTube, en suivant les formations gratuites proposées par Google… Sans oublier les nombreuses formations proposées par la GEN, qui permet à des gens en reconversion de se former gratuitement. Un tiers des personnes qui y sont formées étaient inscrites auprès de France Travail.
Quels sont les principaux conseils que l’on peut adresser aux candidats qui recherchent un job dans le digital ?
On retrouve beaucoup de choses communes à tous les métiers, en matière de recrutement et de candidature. Mais il y a aussi des éléments rédhibitoires : si vous visez un poste dans le digital ou pour faire du social media management mais que votre profil LinkedIn n’est pas bien tenu et que vous n’entretenez pas votre réseau, cela sera compliqué. Aussi, dans le numérique, la curiosité est vraiment le maître-mot, il faut comprendre de quoi l’on parle, savoir répondre à des questions techniques et s’informer sur l’actualité de l’entreprise.
Un autre point à souligner, c’est l’importance du marché caché de l’emploi, ces fameuses offres et ces poses postes à pourvoir qui ne sont pas diffusés. On le retrouve partout, mais peut être d’autant plus dans le numérique. Selon un des experts du recrutement que j’ai interrogé, plus un métier est en tension, plus le marché caché est important. D’où l’importance considérable du réseautage, de l’utilisation de LinkedIn et des recommandations.
Pour aller plus loin: Je cherche un job dans le digital – Les métiers qui recrutent et des conseils de pro pour réussir, Bertrand Jonquois, Dunod, mai 2024