« Le réseau professionnel, c’est ce qui fait la différence à tous les niveaux »
Entreprendre

« Le réseau professionnel, c’est ce qui fait la différence à tous les niveaux »

Les différents défis de la vie professionnelle sont à relever en misant sur soi tout en s’appuyant sur les autres. Tout le monde a ce qu’il faut pour réussir. C’est la conviction de Youssef Koutari, 31 ans, devenu entrepreneur et influenceur à succès après un parcours sinueux. Il partage ses conseils pour cultiver son réseau et avancer dans sa vie professionnelle dans son livre "On ne réussit pas seul !" (Vuibert). Rencontre.

En quoi la rédaction de ce livre s’inspire-t-elle de votre parcours ?

Je suis né à Casablanca, au Maroc, dans une famille très modeste. Je suis arrivé en France à l’âge de cinq ans, mon père a fait le ménage toute sa vie, ma mère ne parlait pas français, mais j’ai eu la chance d’avoir des parents qui se sont toujours battus pour moi. Ce titre, « On ne réussit pas tout seul », c’est aussi pour rappeler que dans sa vie, peu importe d’où l’on vient, on ne part jamais de zéro. Chacun est susceptible de trouver autour de soi beaucoup de qualités, de compétences, de réseaux, de soutien… Pour ma part, cela a commencé par mes parents, mais j’ai dû ensuite attendre d’avoir un meilleur accès à l’information et de nouveaux soutiens pour trouver ma voie.  J’ai redoublé plusieurs fois, j’ai connu une quinzaine de petits jobs avant de me lancer vraiment dans la vie professionnelle stable et structurée.

Après mes études, j’ai découvert les métiers de la vente et de la tech, et je me suis épanoui en tant qu’ingénieur d’affaires, puis j’ai eu très vite envie de partager ce que m’a appris mon parcours. C’est pour cela que j’ai créé mon école Kout que Kout, pour accompagner des jeunes et des moins jeunes qui sont issus des quartiers populaires, des personnes en reconversion, des personnes qui n’ont pas toujours eu la vie facile ou l’accès à l’information utile, pour les aiguiller avec un système de mentoring, de réseau, d’accompagnement. Tout cela a été possible grâce à mon réseau, les personnes qui m’ont soutenu.

Quel est votre premier conseil pour mettre toutes les chances de son côté, malgré les difficultés ou le manque de moyens ?

Le livre se découpe en chapitres et grandes thématiques (tirer profit de ses premières expériences, croire et investir en soi, cultiver son réseau comme son jardin…), inspirés de mes propres expériences et étayés de conseils pratiques pour développer sa carrière, entreprendre, se lancer, développer son état d’esprit positif, malgré un manque de moyens et de ressources pour beaucoup. Le fil rouge de tout cela et le premier conseil que je peux adresser, c’est de toujours garder une posture ouverte et à l’écoute, de cultiver sa curiosité. On n’arrête jamais de rencontrer et d’apprendre des autres et on crée de meilleures relations en écoutant les autres plutôt qu’en parlant et en se vendant soi-même.

L’entrepreneuriat peut parfois paraître inaccessible pour certaines personnes, qu’en pensez-vous ?

L’entrepreneuriat peut être à la portée de chacune et chacun, mais ce n’est pas non plus une voie royale ou souhaitable pour tout le monde. Certaines personnes sont faites pour être carriéristes et très ambitieuses, d’autres préfèrent vivre leur travail sans se mettre trop de pression, d’autres encore veulent entreprendre et lancer des projets… Il n’y a pas de règles et à chacun de trouver ce qui lui correspond. Mais j’ai compris que l’entrepreneuriat, cela commence par soi et c’est d’abord se développer soi-même. Personnellement, je n’aurais jamais pu entreprendre si je n’avais pas créé une communauté, développé mon réseau, lu et fait des rencontres pour me former. L’entrepreneuriat, je le vois comme un état d’esprit.

Que conseillez-vous avant de se lancer ?

Je ne partage pas le discours américain qui consiste à dire « Lance-toi, saute du haut de la falaise et construit l’avion durant ta chute. » Je pense qu’il faut rester pragmatique et stratégique. Je dis donc aux jeunes et aux aspirants entrepreneurs de sécuriser leur avenir avant de se lancer. Cela peut être grâce à un diplôme, de premières expériences professionnelles… Se sécuriser permet d’avancer avec moins de craintes et de mauvaise pression. Certains disent qu’il ne faut avoir qu’un plan A, je ne suis pas d’accord. Il faut avoir un plan B, un plan C, un plan D…

Vous insistez également sur l’importance de son réseau professionnel, est-ce le nerf de la guerre ?

Oui. C’est ce qui fait la différence à tous les niveaux, que ce soit dans le monde du salariat ou de l’entrepreneuriat. Dans sa vie professionnelle, et d’autant plus quand on se lance à son compte, on a besoin de partenaires, de clients, de conseils, de mentors, de personnes à recruter, d’autres qui nous ouvrent des portes. Tout cela est favorisé et accéléré par le fait de cultiver son réseau, sur LinkedIn et ailleurs. La compétence ne suffit pas, on a toujours besoin des autres et l’entreprise est une activité collective. Beaucoup de mes anciens collègues, anciens camarades d’études, anciens collaborateurs, sont devenus mes partenaires d’aujourd’hui, des formateurs dans mon école, des personnes que je recrute. Cultiver son réseau c’est parfois en récolter les fruits des années après.

En quoi la capacité d’identifier et de solliciter des mentors peut-elle se révéler décisive pour son évolution ?

C’est ultra important de s’entourer et de s’appuyer sur des personnes qui peuvent nous élever, nous challenger, nous conseiller. Un mentor, cela peut être n’importe qui, et pas seulement un grand patron ou un top manager. A chaque étape de son évolution, on peut solliciter une personne plus expérimentée, pour recueillir son expérience, ses conseils, écouter quels ont été ses échecs pour essayer de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Il ne faut donc pas hésiter à solliciter des personnes qui font des métiers qui nous intéressent ou nous font rêver, que ce soit dans son entreprise, dans son entourage, ou via LinkedIn, pour demander à parler avec eux de leur vécu, de ce qu’ils ont vu et écouté, de leur vision du métier… Et cela peut aussi être un moyen de comprendre qu’on ne souhaite pas faire ce job toute sa vie et que l’on va finir par vouloir connaître autre chose, ce n’est que du plus.

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