Reconversion

Les clés d’une reconversion réussie

Un certain nombre de déclics favorisent le changement de vie professionnelle. Le succès tient souvent au côté volontaire de la reconversion. Si cette dernière est imposée, l’échec a de fortes chances d’être au rendez-vous.

Il ne faut pas se mentir : “Un salarié, bien dans son poste, n’aura pas de raisons d’engager une reconversion professionnelle. Parmi, les arguments invoqués, on trouve avant tout une grande insatisfaction au travail”, explique Catherine Negroni, maître de conférences à l’université de Lille et auteure de l’ouvrage Reconversion professionnelle volontaire. Si la souffrance au travail accélère les envies de reconversion, d’autres éléments extérieurs plus personnels peuvent être des déclencheurs ; rupture sentimentale, divorce, rencontre d’une personne, etc.

Quoiqu’il en soit, dans une reconversion volontaire, la démarche est souvent radicale. La personne change complètement d’activité et de secteur. Ce fut le cas de Sarah Boyeldieu, ancienne salariée d’agence de publicité aujourd’hui céramiste bientôt installée dans son atelier bordelais.

“Mon premier conseil serait d’aborder la reconversion comme un changement de vie, et non pas seulement comme un changement de boulot. Une telle reconversion implique véritablement tous les aspects de la vie :  son mode de consommation, sa vie de couple (ou pas), sa famille ou encore  son lieu de vie”, explique cette dernière. Avant de poursuivre sa réflexion sur la reconversion qu’elle a effectuée : “Si l’on prend le temps de l’analyse et de la recherche, on se reconvertit dans les meilleures conditions et cela enlève un véritable stress. Ainsi, il faut bien regarder les aides offertes par les organismes de formation, les structures d’accompagnement à la création d’entreprise par exemple, l’accès au crédit, les concurrents et même le lieu dans lequel on veut s’implanter”.

 

Se préparer bien en amont

Si Catherine Negroni estime qu’il ne faut pas confondre reconversion et réorientation. Cette dernière pouvant concerner de plus jeunes salariés, qui après deux ou trois ans, décident finalement de changer de voie, d’autres comme Denis Lullier, directeur de projets à l’Afpa, estiment que se qualifier, lorsque l’on est faiblement diplômé, c’est déjà se reconvertir. Néanmoins, une préparation en amont qui ne laisse rien au hasard. C’est le mot d’ordre qui revient dans toute la réalisation de ce dossier.

Il est impératif de poser la question du domaine dans lequel on souhaite se reconvertir, en comprendre l’organisation, les contraintes et les opportunités. “Il faut aller à la rencontre des professionnels du secteur et échanger avec eux afin d’obtenir une vision depuis l’intérieur du métier visé”, analyse Dimitri Amouroux.

Et le directeur pédagogique chez Ducasse Éducation, centre de formation du célèbre chef français, d’ajouter : “Il ne faut pas hésiter à réaliser un plan opérationnel de sa reconversion ! Une sorte de rétro-planning qui prend en compte les aspects organisationnels, financiers, les contraintes personnelles, les solutions pour se former, les opportunités d’emplois à saisir après une formation.”

 

Passion, l’un des maîtres-mots

Après quatre ans passés en salle de restaurant, Anne-Sophie Corruble, a souhaité s’orienter en cuisine. “J’ai donc envisagé toutes les possibilités qui se proposaient à moi, en privilégiant les formations de reconversion professionnelle dites courtes.” Et l’élève de la Ducasse Éducation de poursuivre : “Férue de de cuisine, il m’est apparu comme une évidence d’exercer ma passion. Très vite l’idée d’ouvrir ma propre affaire m’est venue, car je maîtrise déjà le service en salle et le management du personnel.”

La passion, voilà également un terme qui revient souvent. Dimitri Amouroux ne dit d’ailleurs pas autre chose à ces élèves : “Être épicurien, et déjà pratiquer à un niveau amateur est aussi très important. La passion doit être palpable chez les personnes qui nous rejoignent.”

Même constat pour Aude Augais, cofondateur d’Artisan d’Avenir : “Les personnes qui envisagent une reconversion doivent être conscientes des réalités et de leurs besoins économiques. La passion doit donc être le moteur. C’est pour cela que nous avons créé un programme d’accompagnement pour aider les artisans d’art qui se lancent à bien identifier leur objectif et à renforcer leurs compétences entrepreneuriales.”

 

Privilégier le temps long

Comme le souligne Catherine Negroni, un projet de reconversion volontaire pourra toujours s’ajuster mais ne sera pas confronté à l’échec. “Si l’époque favorise l’incitation et l’injonction au changement à tout prix, il ne faut pas se méprendre. Une vraie reconversion s’inscrit sur le temps long”, analyse le maître de conférences.

Une idée partagée par la céramiste Sarah Boyeldieu, qui après une année complète de formation, une sincère remise en question et quelques sacrifices, tire cette conclusion : “Je dirais qu’il faut accepter que les choses ne se passent pas totalement comme prévu et que c’est bien le cheminement qui a une valeur plus que la finalité des choses. Je travaille encore sur moi-même là-dessus tous les jours.” Une réflexion partagée également par Anne-Sophie Corruble : “Dorénavant, ce projet d’avoir ma propre affaire reste toujours en moi mais je tiens réellement à prendre le temps d’approfondir encore et encore mes connaissances acquises chez Ducasse.”

 

 

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