Quelles sont les difficultés de recrutements rencontrées par le secteur du luxe ?
Il devient de plus en plus dur d’attirer les jeunes, alors que nos maisons sont belles et dynamiques. Chez LVMH, nous avons réussi à pourvoir tous les postes cette année, mais il faut batailler. Nous devons nous déplacer à la rencontre du public. D’où les foires aux métiers que nous organisons en France. Ces journées découverte You&ME, comme Métiers d’Excellence, vont continuer en 2024, avec des rendez-vous prévus à Paris, à Clichy-sous-Bois, en Île-de-France, à Reims, à Orléans et à Lyon.

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Qu’utilisez-vous comme arguments pour convaincre les potentiels candidats ?
Certains nous disent que les métiers que l’on propose sont ceux de leurs grands-parents ! Nous répondons que la tradition s’enrichit d’innovation, avec des imprimantes 3D et d’autres nouveaux outils. Et nous soulignons qu’il s’agit de professions où l’on peut se réaliser et s’épanouir. On l’a compris pour la gastronomie, avec des émissions culinaires diffusées à la télé et la médiatisation de chefs étoilés qui avaient débuté en tant que commis.
L’état d’esprit est tout de même en train de changer dans les métiers d’artisanat d’art, en particulier chez les profils souhaitant se reconvertir : la pandémie les a amenés à réfléchir au sens accordé au travail. Il y a une recherche de concret, de compréhension de ce qui se cache derrière les objets : par exemple, sont-ils durables ou non ?

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Combien d’embauches prévoyez-vous dans un proche avenir ?
Nous devons trouver 8 000 talents en France afin de pourvoir des postes créés d’ici à fin 2025, dont des contrats d’alternance. Les métiers de l’expérience client constituent la majorité des offres : conseillers de vente, emplois dans l’hôtellerie et restauration haut de gamme. Dans l’artisanat, les métiers de la maroquinerie, de la couture et de la joaillerie recrutent fortement.
Tout cela concerne Paris, bien sûr, et la France dans son ensemble, en particulier la Champagne pour les métiers du vin ou la Cosmetic Valley dans la région Centre.
Quel rôle joue la formation ?
C’est capital, que ce soit la formation initiale ou continue, et c’est pour cela que LVMH a lancé, en 2014, l’Institut des métiers d’excellence, afin de transmettre les savoir-faire. Aujourd’hui, il comprend 60 programmes et plus de 2 700 apprentis sont passés par ces parcours. En France, le taux d’obtention des diplômes atteint 88 % et le taux de placement s’élève à 78 %, au sein des différentes filières et chez LVMH.
Cette année, l’Institut a connu un immense succès puisqu’il y a eu 700 apprentis intégrés, dont 250 en France, contre 450 personnes en 2022, dans 7 pays.
Fin 2025, LVMH va ouvrir à Paris la maison des métiers d’excellence, pour le grand public mais aussi les jeunes et reconvertis qui veulent se former. Cela va permettre, par exemple, de créer un cursus pour apprendre le sourcing de matériaux chez Louis Vuitton, qui est une activité essentielle mais il n’existe pas de formation dans ce domaine.

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Au-delà des compétences techniques à acquérir, y a-t-il des compétences comportementales très recherchées dans tous les métiers du luxe ?
Oui, plusieurs soft skills sont indispensables : motivation, engagement, esprit d’équipe, sens du service, sens de l’esthétique et exigence envers soi-même. Mais nous disons aux potentiels candidats : nous sommes là pour vous accompagner vers votre futur métier !