Comment caractériser et identifier les secteurs en tension ?
Dans le cadre du travail de nos chasseurs de têtes, 95 % des gens que l’on contacte ne sont pas en recherche active d’un nouvel emploi. C’est le principe des postes pénuriques et des métiers en tension. Ce sont des métiers ou des postes où il y a moins de candidats qu’il n’y a de postes ouverts, et parfois beaucoup moins. Les secteurs qui peinent le plus à recruter aujourd’hui, si on met de côté le numérique, ce sont des secteurs très traditionnels. À commencer par l’industrie, avec les dynamiques actuelles de réindustrialisation, de relocalisation et de robotisation qui nécessitent toujours plus de métiers techniques et industriels. Ensuite, nous pouvons citer le secteur BTP et construction, en tension depuis des années, ainsi que la santé et les services à la personne. Il y a également beaucoup de besoins sur des postes d’ingénierie et de conseil.
Ces secteurs peuvent souffrir d’un déficit d’image par rapport à des secteurs plus nouveaux et modernes, et leurs métiers sont plus souvent associés à de la pénibilité au travail. Pour autant, ces secteurs historiques se modernisent également de plus en plus, grâce notamment à l’apport du numérique.
En quoi ces métiers en pénurie de candidats sont-ils attractifs ?
Au-delà des efforts en termes de marque employeur et de politique salariale, nous insistons quand c’est possible sur le cadre de vie. En effet, beaucoup de grands sites industriels sont situés à l’écart des métropoles. Je pense, par exemple, au grand territoire d’industrie dans le nord de l’Isère, à proximité directe des stations de ski et des parcs naturels. Aussi, les métiers en tension sont également souvent ceux où il y a d’importantes opportunités de formation continue, et donc de montée en compétences.
Si les fiches de postes sont souvent très chargées, on retrouve des compétences générales, un socle. Cela peut être des compétences en mécanique, en informatique, en gestion… Il y a des compétences transverses à valoriser, cela ouvre la porte aux reconversions. On voit toujours plus de profils qui rejoignent l’industrie pour ensuite compléter leurs compétences par de la formation continue soutenue par les entreprises. Par exemple sur les postes de technicien de maintenance, qui compte parmi les plus en tension. Les métiers en tension font donc d’excellentes voies de reconversion ou de rebond professionnel, avec des perspectives d’emploi durables.
Faut-il donc conseiller aux candidats de plus s’intéresser aux secteurs en tension ?
Il faut savoir qu’aujourd’hui il y a encore environ 350 000 postes vacants en France, dont une majorité dans le BTP, la santé et l’industrie. Donc, effectivement, les perspectives d’embauche et d’évolution sont très importantes et il faut s’en saisir. Donc oui, en tant que candidat, si votre profil peut correspondre, il faut s’y intéresser. Cela peut être via des offres d’emploi, mais aussi par les fédérations professionnelles qui apportent beaucoup d’informations et d’aides pour la formation et la reconversion. Je pense notamment à la Fédération française du bâtiment et à la Fédération de la métallurgie.
Pour beaucoup, les métiers en tension sont des métiers d’avenir. Le vieillissement de la population, par exemple, implique toujours plus de besoins sur des postes de santé ; la politique énergétique de relance de la filière nucléaire et d’accélération des énergies renouvelables mène à de grandes campagnes de recrutement… Et ce ne sont pas forcément des métiers à faible salaire. Un technicien de maintenance démarre aujourd’hui autour de 26 000 euros annuels, et peut monter jusqu’à 45 000 euros en milieu de carrière. Je pense aussi au métier de métreur*, qui propose de belles rémunérations et responsabilités pour un niveau bac +2.
* Appelé aussi économiste de la construction, le métreur est chargé d’effectuer les mesures et les calculs nécessaires à l’évaluation du prix de revient d’une construction ou de sa rénovation (immeubles, bureaux, maisons).