Alors que la population vieillit et que la réforme des retraites se profile, un rapport sénatorial formule 18 préconisations, destinées à “changer le regard porté sur les travailleurs âgés”. Parmi les idées phares : une plus grande anticipation de la “seconde partie de carrière”, la formation et l’accompagnement des seniors, et une valorisation des entreprises ayant développé de “bonnes pratiques”.
Avec le vieillissement de la population et la réforme des retraites à venir, l’emploi des seniors devient un sujet incontournable. Le Medef a déjà proposé de mettre en place une “compensation différencielle” visant à inciter les seniors à accepter des emplois moins bien payés. De son côté, l’ANDRH (association nationale des DRH) préconise de créer un “index des seniors” visant à introduire une “dose de discrimination positive” dans les entreprises. Quant à Solidarités Nouvelles face au Chômage (SNC), son troisième rapport sur l’emploi et le chômage est dédié cette année aux plus de 50 ans, et décrit des seniors incités à travailler plus longtemps, mais qui font aussi face à des employeurs “extrêmement réticents” et nourris de préjugés.
Si le taux d’emploi des seniors s’améliore depuis 20 ans et se situe à 80 % entre 50 et 54 ans, les perspectives d’emploi diminuent fortement avec l’âge. Ainsi, entre 55 et 59 ans, il chute à 72 %, puis à 31 % entre 60 et 64 ans. Du reste, les personnes âgées sont bien plus souvent en situation de chômage de longue durée que le reste de la population (60,2 % contre 41,8 %).
C’est dans ce contexte qu’un rapport parlementaire formule 18 préconisations pour “changer le regard porté sur les travailleurs âgés”, qui ont été adoptées le 25 septembre par la commission des affaires sociales du Sénat, dans le cadre des travaux préparatoires à la réforme des retraites.
Anticiper pour changer les mentalités
Pour répondre au “défi des fins de carrière”, les sénateurs René-Paul Savary (Les Républicains) et Monique Lubin (PS) recommandent d’anticiper “le plus en amont possible” les dernières années des salariés, et d’agir auprès des entreprises afin de “changer le regard sur les seniors”.
Pour agir sur les mentalités des employeurs, ils proposent d’insérer un “module” dédié à la seconde partie de carrière dans les formations en ressources humaines, mais aussi d’’aborder le thème de l’emploi des seniors lors des négociations de branche sur l’emploi et les parcours professionnels. Ils préconisent également de rendre obligatoire ”la définition d’un plan d’action unilatéral en faveur de l’emploi des plus de 50 ans” dans les entreprises de plus de 300 salariés “où la négociation obligatoire sur la gestion des emplois et des parcours professionnels n’aboutit pas”.
Formation et accompagnement des demandeurs d’emploi âgés
Le rapport sénatorial aborde aussi le sujet de la formation des seniors. Il préconise la création d’un abondement spécifique (payé par l’État ou Pôle emploi) de leur Compte professionnel de formation (CPF) pour les plus de 45 ans qui perdent leur emploi – en vue de formations, d’un passage à temps partiel ou d’une retraite anticipée. Pour ceux qui sont encore en emploi, René-Paul Savary et Monique Lubin proposent que l’entretien annuel des seniors aborde la deuxième partie de carrière.
Les rapporteurs proposent également que Pôle emploi développe un “accompagnement spécifique” des demandeurs d’emploi âgés. Déplorant que la réforme de l’assurance chômage n’ait prévu “aucune mesure” pour lutter contre le phénomène de “préretraites Unedic”, à savoir l’indemnisation des chômeurs seniors jusqu’à l’âge légal de départ à la retraite, ils recommandent aussi que cette problématique soit abordée à l’occasion de la prochaine convention d’assurance-chômage.
Cumul emploi-retraite et problèmes de santé
René-Paul Savary et Monique Lubin préconisent aussi que les cotisations versées par les seniors en cumul emploi-retraite puissent “permettre d’acquérir des droits supplémentaires” à la retraite, au-delà du taux plein. Le rapport propose également d’élargir aux fonctionnaires et aux salariés au forfait le dispositif de retraite progressive.
Travailler plus signifie souvent être confronté à davantage de problèmes de santé – particulièrement dans le cadre de professions physiquement éprouvantes. C’est pourquoi les rapporteurs demandent la mise en place d’un “suivi renforcé par l’employeur et le service de santé au travail des salariés exposés à des facteurs de pénibilité afin d’envisager des transitions vers des postes moins exposés avant que ne surviennent des difficultés”.
Valoriser les bonnes pratiques
Allant visiblement dans le sens de la recommandation de l’ANDRH, qui est de créer un “index des seniors” sur le modèle de celui imposé aux entreprises en matière d’égalité salariale femmes – hommes, le rapport appelle enfin de ses voeux la constitution d’un “label”, qui permettrait de “valoriser les entreprises qui ont développé de bonnes pratiques en matière d’emploi des salariés âgés”.