Formation

Les propositions du Medef pour favoriser la reconversion des salariés

Le Medef a transmis au ministère du Travail une liste de 20 propositions pour faciliter la reconversion professionnelle et “relancer plus vite l’activité”. Objectif : faciliter les transitions vers des métiers épargnés par la crise.

Alors que la crise du Covid-19 menace près d’un million d’emplois, le Medef a remis au ministère du Travail une série de 20 propositions pour faciliter la reconversion professionnelle des salariés et “relancer plus vite l’activité”.

“La crise du Covid agit comme un accélérateur de transitions : de nombreux mouvements d’un métier et d’un secteur à un autre sont à prévoir. 200 000 emplois sont non pourvus. Qui plus, est les territoires et les secteurs d’activité sont inégaux face aux mutations. Il y a donc urgence à assurer les transitions et les reconversions professionnelles. Pour cela, il faut créer des passerelles entre les secteurs d’activité pour éviter la case chômage et replacer les entreprises et leurs besoins au cœur de la politique de formation professionnelle”, explique l’organisation patronale.

Les pistes du Medef visent principalement à “rebooster” les dispositifs existants. Dans son “plan de soutien aux compétences et aux transitions professionnelles”, le syndicat propose d’abord de créer un “nouveau cadre d’engagement territorial”, et de “recalibrer” les financements destinés aux reconversions.

 

Augmenter le financement des reconversions

Le Medef préconise de doter les décideurs (nationaux et territoriaux) d’outils de “diagnostic sectoriel et territorialisé” permettant de “recenser les viviers d’emplois à pourvoir et les emplois menacés pour identifier les mobilités professionnelles à favoriser territoire par territoire”. Il recommande aussi de mettre en place un “portail de services” pour simplifier les démarches des entreprises et “décloisonner les réponses emploi-formation en misant sur de nouvelles stratégies régionales d’alliance entre les acteurs de cet écosystème (AT-Pro, OPCO, opérateurs du CEP, SPE)”.

Côté financements, il propose d’augmenter les moyens affectés aux transitions-reconversions professionnelles, “sans augmenter la contribution des entreprises ni diminuer les fonds de la professionnalisation”, et d’élargir la mutualisation des moyens de la formation professionnelle au profit des entreprises de 50 à 250 salariés.

Il préconise aussi d’augmenter de 400 millions d’euros le budget des AT-Pro (environ 500 millions d’euros cette année), qui encadrent le dispositif de conseil en évolution professionnelle (CEP) et qui examinent les projets de transition professionnelle (CPF de transition professionnelle, ou CPF-TP). Car, indique l’organisation, si 10 % des salariés dont l’emploi est menacé décidaient de suivre une formation pour changer de métier, le CPF-TP actuel ne permettrait pas de financer leur reconversion.

Ces associations paritaires devraient finalement, estime le Medef, devenir des “acteurs centraux” de la reconversion professionnelle. Elles devraient aussi pouvoir combiner des financements issus du CPF, du PIC (Plan d’investissement compétences) ou du FNE-Formation (Fonds national de l’emploi).

 

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“Revisiter” les outils de la loi Avenir professionnel

Afin de “mieux intégrer les problématiques des entreprises en amont des démarches de transition/reconversion”, et de faciliter la reconversion intra-entreprise ou interentreprises”, le Medef préconise de “revisiter” et “d’optimiser” les outils de droit commun créés par la Loi Avenir  Professionnel de septembre 2018.

Il propose de développer la “Promotion par l’Alternance” (Pro-A), qui permet aux salariés de profiter d’un parcours de formation en reconversion ou promotion par alternance. Pour cela, l’organisation patronale explique que ce dispositif,  négocié dans le cadre d’un accord de branche, pourrait voir ses critères d’éligibilité des certifications professionnelles “assouplies”. La procédure d’extension des accords de branche pourrait en outre être “allégée”. Parallèlement, l’organisation milite pour des incitations financières aux entreprises, afin d’encourager les changements de métier. Celles-ci pourraient prendre, notamment, la forme d’allègement de charges.

Le Medef propose aussi de “revoir les conditions de la mobilisation” du CPF pour “prioriser les formations attendues par les entreprises, et répondre à leurs besoins en termes de compétences.”

Le syndicat imagine également une “sécurisation du parcours” des salariés, qui deviendraient des “acteurs éclairés de leur employabilité”. Dans ce but, il écrit qu’il faudrait leur permettre de tester de nouveaux métiers “en s’imprégnant de nouveaux environnements professionnels pour sécuriser leur projet de formation”. Par exemple, en développant le dispositif de la “mobilité volontaire sécurisée” et le prêt de main d’œuvre. Enfin, le Medef estime utile de simplifier les processus de certification par la VAE, “y compris dans un cadre collectif.”

 

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Le ministère du Travail prêt à de simples “ajustements”

Selon les Echos, le ministère du Travail aurait bien accueilli les pistes du Medef, mais lui a fait savoir que seuls des “ajustements” de la réforme de 2018 seraient possibles, et pas plus. Ainsi, Elisabeth Borne aurait exclu l’idée de puiser dans la cagnotte destinée à la formation des chômeurs. Elle jugerait aussi suffisante l’enveloppe dédiée au CPF-TP. Enfin, elle aurait décliné un retour à la situation d’avant 2018, où les partenaires sociaux mélangeaient les enveloppes des fonds mutualisés.

 

 

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