Qu’est-ce qui pousse les actifs Français à se reconvertir ? La crise a-t-elle eu un impact sur leurs projets ? Quels secteurs et métiers les attirent le plus ? La dernière enquête de l’institut BVA pour VisiPlus Academy et le cabinet LHH permet de dresser le portrait de ceux qui changeront de voie en 2021.
Où en sont les projets de reconversion des Français en 2021 ? Quels secteurs ou métiers les attirent le plus ? Pour répondre à ces questions, l’institut BVA, VisiPlus Academy et le cabinet LHH ont mené une enquête (auprès de 1 001 actifs) en mai dernier.
17 % des actifs ont réalisé une reconversion en 2020
L’étude, publiée en juin 2021, revient sur l’impact de la crise du Covid sur les reconversions. “Elle a affecté la vie professionnelle de près d’un actif sur deux. Parmi eux, 20 % se sont questionnés sur la possibilité d’un changement sur le plan professionnel”, indique BVA. En 2020, 49 % des actifs Français ont envisagé ou réalisé une reconversion. Plus précisément, 17 % l’ont déjà fait, 6 % sont en cours, 12 % ont commencé à se renseigner et 14 % l’ont juste envisagé. “Ces chiffres sont stables par rapport à juin 2020 (48 %), au sortir du premier confinement”, observe l’étude.
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Des reconvertis plutôt jeunes
Les actifs en cours de reconversion ou qui l’ont déjà fait sont jeunes : 62 % ont entre 25 et 34 ans. A contrario, les 50-64 ans sont les plus nombreux à n’avoir jamais envisagé de reconversion (65 %). “Cela montre que la reconversion ne se cantonne pas à des questions de secondes parties de carrière”, analyse Virginie Louise, directrice conseil au pôle “Emploi-Compétences-Formation” de BVA. “Bien souvent, l’âge avançant, les actifs sont frileux. Notamment pour des raisons financières”, note David Leau, chef de projet RH au sein du cabinet LHH.
Les actifs qui ont changé de voie en 2020 étaient principalement des demandeurs d’emploi (69 %), ou travaillaient dans les secteurs les plus touchés par la crise : 62 % travaillaient dans le commerce, les transports ou l’hôtellerie-restauration.
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Changer de métier, une tendance en 2021
Les Français qui se sont reconvertis sont 30 % à avoir changé de domaine d’activité, et 57 % à avoir changé de métier (3 points de plus en un an). “C’est particulièrement le cas des actifs du secteur Information communication (90 %)”, observe l’étude. À noter que très peu d’actifs ont créé leur entreprise (4 %) ou sont devenus indépendants (4 %).
Parmi les actifs qui envisagent une reconversion, ils ne sont plus que 28 % à souhaiter changer de secteur d’activité, en recul de 8 points par rapport à 2020. En revanche, ils sont 24 % à avoir envie d’apprendre un nouveau métier (+ 3 points). Parmi les secteurs où ils aimeraient travailler : les services à la personne (18 %), l’hôtellerie-restauration-tourisme (13 %), l’immobilier (9 %) et l’informatique (8 %).
Et côté métiers ? “Actuellement, et le confinement n’y est pas pour rien, on remarque une recrudescence des reconversions vers les métiers du numérique. Mais également celui d’agent immobilier, pour la bonne et simple raison qu’un certain nombre de personnes envisagent de changer de région depuis la crise”, observe David Leau. “Mais nous accompagnons aussi de nombreuses personnes qui ont pris le temps de réfléchir, et qui souhaitent exploiter leurs propres talents ou passions. Notamment en passant du tertiaire vers des métiers de l’artisanat”, ajoute-t-il.
Les valeurs et le manque de sens, premières motivations de reconversion
Côté motivations, l’étude nous apprend que 44 % des actifs envisageant une reconversion sont “poussés par l’ennui et le manque de sens” dans leur poste. 36 % indiquent songer à changer de voie car ils subissent “trop de pression” dans leur job actuel, et 23 % car ils ont des “problèmes de santé” (maladie, burn-out).
Ceux qui sont en cours de reconversion déclarent de leur côté avoir décidé de se reconvertir principalement par ennui ou manque de sens (37 %), mais aussi à cause de “contraintes familiales” (38 %), comme le suivi du conjoint ou l’arrivée d’un enfant. “Un motif qui a bondi en un an, avec + 18 points”, indique BVA. “D’autres évolutions sont notables et pourraient être liées au contexte de crise. La nécessité de rebondir après un incident professionnel est plus marquée (31 %, soit + 5 points) et, a contrario, les motivations liées à une pression importante dans le job actuel sont en net recul (23%, soit – 13 points)”, ajoute l’étude.
Et ceux qui ont déjà mené à bien une reconversion ? Ils l’ont d’abord fait pour “accéder à une activité plus en phase” avec leurs valeurs / passions (39 %), pour avoir une meilleure rémunération (33 %), ou pour bénéficier de meilleures conditions de travail (32 %). Notamment “plus de flexibilité” et de télétravail. L’ennui dans leur poste est la 4e raison qui les a poussé à se reconvertir, à 24 %.
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La stabilité financière, premier frein à la reconversion
“Passer à l’action n’est pas toujours aisé et certains freins demeurent : Pour 1 actif sur 5 envisageant une reconversion, la sécurité financière (autrement dit, la peur de manquer de stabilité financière) est le premier obstacle (19 %)”, indique l’étude. Un frein partagé par 38 % d’entre eux au total. “Il s’agit en majorité de reconversions très impliquantes, qui peuvent induire une période de rupture d’emploi. La crainte étant de se retrouver dans une situation délicate, pour soi, mais aussi pour sa propre famille”, indique Virginie Louise, chez BVA.
L’autre frein principal, plus psychologique, est la crainte de l’échec (11 % en premier, 27 % au global). Cette crainte étant “plus prégnante” dans le privé (33 %). “Il s’agit d’un échec très personnel. Lié au fait de ne pas avoir réussi, après avoir communiqué sur le fait qu’on allait se lancer vers autre chose : on redoute de perdre en image de soi par rapport à son entourage, mais aussi par rapport à ses collègues”, conclut-elle.