Emploi

Les SSII : plus qu’un tremplin

 

Les SSII et les sociétés d’ingénierie sont d’importants recruteurs pour les ingénieurs, notamment pour les jeunes diplômés. S’il offre une importante variété de projets à ceux qui le rejoigne, le secteur est confronté à un important turn-over. Une réalité sur laquelle travaillent les employeurs.
 
“Les sociétés de services informatiques et les sociétés d’ingénierie, qui toutes deux relèvent de l’emploi tertiaire, sont les premiers recruteurs de jeunes diplômés avec respectivement 17 et 11 % du total, selon les résultats de l’enquête 2011 d’Ingénieurs et scientifiques de France. S’y ajoutent 5,8 % de recrutements dans ‘d’autres activités de services’. On notera la très forte progression des SSII (+ 6 points) par rapport à l’an dernier, partiellement compensée par le léger recul de l’ingénierie (- 3 points)”.
Globalement, qu’il s’agisse de jeunes diplômés ou de profils expérimentés, sur l’année 2010, les sociétés de services arrivent en première position (33 % du total, dont 16,2 % pour les services informatiques et services d’information avec 9 830 embauches). Malgré tout, les recrutements n’ont pas encore permis de retrouver le niveau de 2008 (si la hausse est de 132 % entre 2009 et 2010, le secteur enregistre une baisse de 15 % entre 2008 et 2010).
 
D’importants besoins
Malgré tout, comme le souligne Dieudonné Abboud, directeur de l’enseignement de l’ISEP (informatique, télécommunications, traitement du signal et image, électronique, systèmes embarqués et management.), “les TIC (technologies de l’information et de la communication, ndlr) évoluent à grande vitesse et chamboulent radicalement les organisations de travail. Le rôle des sociétés de services devient de plus en plus important et ils ont besoin d’ingénieurs compétents, même en temps de crise.”
Qu’ils soient jeunes ou expérimentés, les SSII et les sociétés de conseil en haute technologie recrutent. À titre d’exemple, Synchrone Technologies projette d’embaucher, en 2012, 350 ingénieurs sur toute la France. Cela englobe ses quatre pôles d’expertise : ingénierie banque-finance, systèmes d’information, convergence voix-Data ainsi qu’étude et développement.
Chez Ausy (société de conseil en haute technologie), 1 200 personnes devraient être recrutées dont 90 à 95 % d’ingénieurs.
Aurélie Vanden Bil, directrice des ressources humaines de Synchrone Technologies, attend de plus en plus des ingénieurs une double compétence : avec à la fois une expertise technologique, mais aussi une compétence métier ou fonctionnelle. “Si je recherche, par exemple, un maître d’ouvrage dans les progiciels financiers, cela nécessitera des compétences techniques et métier. Avec une connaissance concrète des besoins utilisateurs”, indique-t-elle.  
De son côté, Didier Lichtensteger, directeur des ressources humaines d’Ausy, souligne les particularités du métier de consultant : “Cela doit être un ingénieur, il doit donc avoir une formation technique, mais aussi savoir comment se comporter devant le client. Il est le principal vecteur d’image de l’entreprise”.
 
De fortes attentes
D’une manière générale, dans un contexte où tout va très vite, les attentes des entreprises vis-à-vis des ingénieurs sont de plus en plus importantes. “Les jeunes qui sortent d’école doivent être capables d’agir avec une dimension technique et d’apporter des solutions à des problèmes complexes d’organisation d’entreprise, poursuit le directeur de l’enseignement de l’ISEP. Lors de la migration d’un système à l’autre, il faut que le temps d’adaptation soit le plus court possible”.
En plus de leurs compétences techniques, les jeunes ingénieurs doivent également posséder des capacités et connaissances managériales liées au travail en mode projet, être forces de proposition et opérationnels rapidement.
Bien souvent, ils manquent toutefois d’une réelle connaissance de l’environnement dans lequel ils vont travailler. “Les élèves viennent en majorité des classes préparatoires, mais les classes préparatoires préparent à tout sauf au métier d’ingénieur”, commente Dieudonné Abboud. Pour répondre à cette problématique, l’école met désormais en place des périodes de mise en contact avec le milieu professionnel dès le début du cursus : conférences, témoignages d’ingénieurs sur leur parcours et immersion en entreprise.
 
Fidéliser les ingénieurs
Beaucoup de jeunes ingénieurs démarrent leur carrière dans les SSII ou d’autres sociétés de services, mais ils sont aussi très nombreux à les quitter après plusieurs années, notamment parce qu’ils sont été débauchés par le client. “Aujourd’hui, c’est notre principale cause de turn-over. Il faut accepter de vivre avec, commente Didier Lichtensteger. Plutôt que de l’interdire, il faut agir sur toutes les raisons qui font que le consultant préférera rester travailler chez nous.”
Un avis que partage Aurélie Vanden Bil, pour qui la politique RH et le travail sur la mobilité jouent dans ce cadre un rôle essentiel : “En SSII, vous avez davantage d’opportunités que chez le client final d’arriver à des postes à plus forte valeur ajoutée. Nous ressentons bien les exigences des ingénieurs qui recherchent des projets significatifs ainsi que de la diversité et nous savons que nous devons redoubler d’efforts pour apporter ce qu’ils attendent en termes de carrière et de politique sociale.”
Outre la diversité des projets, l’objectif de l’entreprise est de leur permettre de construire un plan de carrière en trois temps : “L’ingénieur junior va d’abord confirmer sa spécialisation et sa maîtrise technique, puis développer ses compétences fonctionnelles pour devenir consultant plus expérimenté. Il pourra ensuite évoluer sur une fonction de consultant senior, avec du management ou de la gestion de projet à l’international”.
Pour Didier Lichtensteger, “quand vous rejoignez un grand groupe dans la banque, votre carrière sera linéaire si tout va bien, sinon chaotique. Dans des entreprises comme la nôtre, il existe de véritables opportunités de l’accélérer, vous avez la possibilité d’accéder à une variété de projets. En trois ou quatre ans, vous allez pouvoir travailler sur l’assurance, la banque, etc. et en faire un atout. Alors que si vous aviez changé quatre fois d’entreprise dans ce même temps, cela pourrait être mal vu.” À ses yeux, c’est également une garantie de travailler sur les dernières technologies, dans la mesure où l’ingénieur change de client régulièrement. Ce qui impose de se tenir informé.
“Dans un monde où l’économie va bien, tout le monde rêve d’entrer chez le client final. Mais en ce moment les choses se tendent un peu, poursuit-il. Ceux qui font de la banque seraient peut-être en danger, chez nous ils ont la certitude que nous leur trouverons un projet, dans des domaines d’activité connexes !”
 

Et l’international ?

À noter qu’au cours d’une carrière, l’international peut également offrir des opportunités. Nombre de SSII sont effectivement présentes dans les pays émergents. “Dans des pays comme l’Inde, il y a certes beaucoup d’informaticiens mais le management à l’européenne n’est pas quelque chose qui va de soi, indique Dieudonné Abboud, directeur de l’enseignement de l’ISEP. Cela nécessite d’avoir des profils d’ingénieurs formés à la française.”

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