Just Eat, la plate-forme de livraison de repas, part à contre-courant de ses concurrents, et recrutera 4 500 coursiers en CDI en 2021, dans 30 villes de France. Grâce au salariat, ces livreurs bénéficieront de meilleures conditions de travail.
En août 2020, le néerlandais Jitse Groen, PDG de Just Eat Takeaway.com (groupe né au printemps dernier de la fusion de Just Eat et de Takeaway.com), expliquait vouloir “mettre fin aux contrats précaires” dans son secteur (la livraison de repas), et proposer de meilleures conditions de travail à ses employés européens. “Nous sommes une grande entreprise multinationale avec pas mal d’argent, et nous voulons que nos collaborateurs soient assurés. Nous voulons être certains qu’ils aient des protections, que nous payions les impôts pour ces salariés”, indiquait-il ainsi à la BBC. Poursuivant ainsi la démarche initiée dès 2016 par Takeaway.com, qui souhaitait déjà avoir ses propres livreurs ; et qui compte actuellement 22 000 salariés dans 12 pays.
Jitse Groen a tenu sa promesse dès novembre dernier, à Paris : en deux mois, Just Eat a recruté 350 livreurs dans la Capitale, tous en CDI. Tandis que ses concurrents (Deliveroo et Uber Eats) continuent de faire appel à des travailleurs indépendants pour réaliser les courses à vélo ; un modèle fréquemment critiqué pour la précarité qu’il favoriserait.
Se mettant pour de bon au salariat, l’entreprise britannique officialise désormais la mise en place d’un réseau de coursiers intégrés. Elle compte embaucher, en 2021, dans 30 grandes villes de France, quelque 4 500 coursiers en CDI. Objectifs : se démarquer toujours plus de ses concurrents, mais aussi “professionnaliser le métier” de livreur de repas.
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Des livreurs “sécurisés” et formés
Il s’agit aussi pour la plate-forme de “sécuriser” et de fidéliser ses travailleurs (tout en améliorant ses services), dans une période où, distanciation sociale oblige, le marché de la livraison de repas ne cesse de s’accroître.
Pour nous, c’est une alternative plus responsable à offrir à nos clients et à nos restaurateurs. C’est une demande des consommateurs d’être livrés par des professionnels qui ont le sourire, qui ne vont pas transporter la pizza à l’envers parce qu’ils n’ont pas le bon équipement… Nos livreurs sont formés au service et à la sécurité. Ils respectent le code de la route, car ils ont moins la pression, en étant payés à l’heure”, explique Meleyne Rabot, directrice générale de Just Eat France, sur BFM TV.
L’offre de Just Eat demeure celle d’une place de marché, destinée à ses 3 000 restaurateurs partenaires (des indépendants et des franchisés) qui ne disposent pas de leurs propres services de livraison. Elle ne se substitue pas non plus aux livraisons assurées par Stuart, la start-up du dernier kilomètre du groupe La Poste ; un prestataire pour lequel la plateforme a recours en partie.
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Couverture sociale, horaires flexibles et salaire au dessus du Smic
Concrètement, les recrues de Just Eat seront toutes en CDI. Salariés, les coursiers bénéficieront, non seulement d’une couverture sociale, mais également d’horaires flexibles. Ils seront rémunérés 10,30 euros de l’heure (un salaire légèrement au dessus du Smic), “qu’ils fassent une ou plusieurs courses”. Ils pourront aussi exercer une autre activité en parallèle. Les casques, les vêtements de protection, les vestes oranges et les sac à dos (qui séparent le chaud du froid) leur seront fournis. Pour ceux qui font 24 heures et plus, un vélo électrique leur sera proposé, selon le JDD.
Pour sa campagne de recrutement, Just Eat vise en particulier les étudiants (très touchés par la crise), et les micro-entrepreneurs. Ces deux populations étant déjà nombreuses parmi ses premières recrues parisiennes. L’entreprise leur proposera aussi “des possibilités d’évolution”. Notamment pour encadrer des équipes de coursiers, ou pour “travailler, plus tard, dans nos bureaux”, précise Victor Ennouchi, directeur des opérations de livraison en France au JDD.