Emploi

Mais que veulent-ils, ces recruteurs ?

 

Qu’est-ce que le recruteur regarde en premier dans une candidature ?
Comment ne pas être éliminé d’office durant les quelques secondes où il jettera un œil au dossier du candidat ? Qu’attend-il de lui lors de l’entretien qui n’apparaisse déjà dans le CV ? Voici quelques clés qui aideront les cadres à la recherche d’un emploi à mieux se préparer.
 
Lettre de motivation, CV, entretien d’embauche, des classiques en termes de recrutement… Si tout le monde connaît ces étapes, moins nombreuses sont les personnes qui se sentent réellement à l’aise avec l’exercice. Que regardent les recruteurs dans une candidature ? Dans les cabinets de recrutement, “tout dépend du cahier des charges du client, indique Laurent Hürstel, directeur associé du cabinet de recrutement Robert Walters. Les deux premières choses sont l’expérience professionnelle et la formation car bien souvent, le cahier des charges indique un niveau de formation”.
 
• La lettre de motivation
Concernant la lettre de motivation, les critères ont largement évolué ces dernières années. Bien entendu, chaque employeur a sa propre idée de ce qu’est une bonne lettre de motivation, de son utilité, etc. Mais pour Laurent Hürstel, elle n’est plus indispensable. De plus en plus tapée à l’ordinateur, elle limite le recours aux études graphologiques (sauf demande explicite de lettre manuscrite de la part de l’employeur). Mais surtout, son absence n’est pas éliminatoire aux yeux du directeur associé de Robert Walters. “Elle n’a d’intérêt qu’à partir du moment où la personne exprime quelque chose : un déménagement, une situation particulière… Si c’est juste pour dire : ‘Je suis quelqu’un de bien…’, ça ne sert pas à grand-chose.” Ce que confirme Nathalie Rublon, DRH du groupe Citi Technologies (ingénierie industrielle et produits) : “On peut s’en passer. Ce qui est indispensable, ce sont les compétences dans le CV”.
Ainsi, les recruteurs se rejoignent pour dire qu’ils font de moins en moins attention à la lettre de motivation, quelle que soit sa forme. Lire l’ensemble des courriers qui leur sont adressés leur prend du temps. En outre, de plus en plus de grandes entreprises ont recours à des logiciels de recrutement dans lesquels la lettre de motivation n’a pas sa place. Ce document autrefois si précieux ne servira donc aujourd’hui qu’à expliquer les raisons de sa candidature si celles-ci n’apparaissent pas de façon évidente dans le CV (profil ou expériences professionnelles éloignées du poste recherché par exemple).
Méfiez-vous toutefois, certains recruteurs peuvent encore éliminer votre candidature d’office s’ils constatent que l’aspirant au poste n’a pas “pris la peine” de réaliser une lettre de motivation. Les traditions ont la vie dure… Avant qu’elle ne disparaisse complètement, le secret de la lettre de motivation réside donc dans une réelle personnalisation.
 
• Le CV
Avec l’expérience, un recruteur apprend à parcourir un CV en quelques secondes et à savoir si le profil l’intéressera ou non. D’ailleurs, “si, au bout de cinq secondes, vous n’avez pas appréhendé l’essentiel, c’est qu’il n’est pas clair, note Laurent Hürstel. Quand il nous intéresse, nous allons passer trente secondes à une minute dessus… puis appeler.” Si le CV est celui d’un junior, “nous regardons le parcours estudiantin”, indique Nathalie Rublon. Si le profil est celui d’un senior, Citi Technologies s’attache plus particulièrement “aux expériences du candidat et à ce que ces dernières peuvent apporter à l’entreprise”.
 
• Les diplômes
Outre les titres légalement obligatoires pour exercer certains métiers, les diplômes sont-ils encore fortement recherchés ? Oui, si l’on en croit Laurent Hürstel, qui regrette cet état de fait. “En France, malheureusement, il reste très important. C’est dommage car il y a vraiment des candidats très bons qui ont un Bac + 2 et que des entreprises refusent pour cela.” Ingénierie, recherche et développement, bureaux d’études… sont des secteurs qui requièrent une formation spécifique et une forte technicité selon lui : l’exigence de diplôme est donc justifiée dans ces cas précis. Mais pour des postes plus généralistes, la “sacralisation” du diplôme semble excessive.
 
• L’entretien d’embauche
Concernant l’entretien de motivation, tout dépend de l’interlocuteur. Arrêtons de croire qu’il existe un schéma idéal de conversation, des questions-types qui seront nécessairement posées… Pour bien se préparer, il faut s’attendre à tout !
Citi Technologies met l’accent sur les compétences et l’expérience, ainsi que sur la personnalité du candidat et notamment sa capacité à intégrer une équipe. Mais Laurent Hürstel, du haut de ses douze années de métier, a vu ses propres méthodes évoluer. “Autant, au tout début, je me mettais dans un ‘cadre’, pour ne rien oublier, autant aujourd’hui c’est différent. Je ne parle surtout pas du parcours professionnel.” Étrange ? Pas tant que cela. Et si cette approche peut en troubler plus d’un, elle a pourtant un sens réel : “Quand je demande ‘Où en êtes-vous aujourd’hui ?’, le candidat va reprendre son parcours, qui figure déjà dans son CV. Ce que je veux savoir, c’est : ‘Que cherchez-vous ? Qu’est-ce qui vous intéresse ?’… Je travaille sur les souhaits du candidat, et c’est assez apprécié.”
Bien sûr, en entretien, le comportement est très important. “Il y a un savoir être, des choses qui peuvent gêner comme un retard important sans prévenir ni s’excuser…” Les candidats qui manquent de transparence et prétendent ne pas avoir d’autres pistes car ils veulent absolument travailler dans telle entreprise, les personnes qui jouent un personnage qui n’est pas eux, qui ont recours à la séduction… tous ces éléments peuvent déranger et s’avérer particulièrement handicapants pour le candidat.
 
• Les tests
Quant aux tests d’embauche, ils sont toujours d’actualité. Pour sa part, Laurent Hürstel en fait majoritairement passer deux. Le premier, Thomas International, proche de PerformanSe, est un test de personnalité qui met les candidats en situation professionnelle avec un questionnaire permettant notamment d’analyser leur résistance au stress. “Il peut donner une idée, mais ce qui est intéressant est d’avoir le retour du candidat par rapport à cela”, précise le consultant de Robert Walters. Le second test est le Sosie, qui évalue les traits de personnalité du candidat et son système de valeurs, le cabinet disposant de trois personnes accréditées pour le faire passer.
Chez Citi Technologies en revanche, les tests sont assez peu employés, hormis sur des postes de direction. “Le test de personnalité Harrison croise différentes approches et nous permet de valider pas mal de points, explique Nathalie Rublon. Il peut arriver également que l’entreprise évalue certains candidats au niveau technique sur un logiciel particulier.” Pour le reste, le groupe “fait confiance à l’équipe de six recruteurs dans sa capacité à sélectionner les bons candidats”.
 

La perception des salariés sur le monde de l’entreprise

On s’intéresse beaucoup à ce que les recruteurs recherchent chez un candidat, moins au fonctionnement des candidats et salariés, à leurs aspirations et à leurs perceptions de l’attente des employeurs… “Le temps où l’on passait toute sa carrière dans la même entreprise est définitivement révolu”, indique une enquête Kelly Services, spécialiste du recrutement et des solutions de ressources humaines, publiée en septembre 2011. Ainsi, plus de la moitié des Français prévoit de changer d’entreprise dans les cinq prochaines années : changement d’aspiration personnelle, recherche d’un meilleur équilibre vie professionnelle/ vie privée, envie d’augmenter ses revenus… sont autant de raisons qui entraînent cette évolution.

L’enquête révèle en outre que “la grande majorité des répondants (76 %) considère que l’expérience est le facteur déterminant dans l’évolution d’une carrière professionnelle, loin devant la formation (21 %). 62 % des personnes pensent que, quand elles recherchent un travail, l’expérience professionnelle est leur meilleur atout, suivie par la performance lors de l’entretien d’embauche (17 %), les références professionnelles (11 %) et enfin la formation (10 %)”. Paradoxalement, 98 % des personnes sondées estiment qu’il est “extrêmement important” ou “important” de développer et mettre à jour sa qualification et ses compétences pour faire évoluer sa carrière.

À noter également : “près des deux tiers des répondants (65 %) disent qu’ils aspirent à un poste de cadre”.

 

Étudiants : ce qu’ils attendent de l’“entreprise de demain”

Une enquête Deloitte réalisée fin 2010 met l’accent sur les souhaits des étudiants quant à leur idéal d’entreprise pour demain. Ainsi, cette dernière doit être internationale, mais dotée d’une organisation propre à chaque pays pour 70 % des sondés. En outre, 96 % des étudiants qui plébiscitent ce type de structures aimeraient bénéficier d’une flexibilité entreprise/ domicile en termes de lieu de travail et 65 % souhaiteraient pouvoir exercer leur profession en nomade.

Ainsi, “le poste de travail combinerait une variété de tâches plutôt qu’une seule spécialisation et permettrait surtout de travailler en équipe, car ces futurs actifs souhaitent rester maîtres de leur propre trajectoire afin de mieux définir l’équilibre qui leur convient”, précise l’étude.

Par ailleurs, les répondants livrent une nouvelle vision du management, précisant que “pour eux, les qualités du manager devraient avant tout être centrées sur les relations plutôt que sur les tâches, et être très participatives plutôt que directives”.

Et l’enquête d’ajouter : “La majorité des sondés estime que les meilleures opportunités reposent à la fois sur une évolution hiérarchique et/ ou transversale et sur un élargissement des compétences. Ainsi tout l’enjeu du management réside dans le fait de ne pas garder à tout prix des collaborateurs mais bien de les garder motivés autour d’un projet d’entreprise”.

Enfin, côté rémunération, 63 % des répondants ont indiqué qu’ils préféreraient moins de variable et plus de salaire fixe, au lieu d’un bonus plus élevé et déplafonné, associé à une rémunération fixe moindre. Néanmoins, cela n’empêche pas pour 66 % d’entre eux d’envisager un niveau de fixe moindre, complété par des composants non monétaires à choisir dans une liste proposée par l’entreprise.

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