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Marlène Schiappa : « Être atypique m’a aidée »

Après avoir été ministre pendant sept ans, Marlène Schiappa, âgée de 41 ans, est aujourd’hui associée du cabinet Tilder. Elle revient pour nous sur son parcours et partage ses conseils pour bifurquer avec succès.

Vous avez eu plusieurs vies pros, quel en est le fil rouge ?

Marlène Schiappa. La liberté des femmes, c’est le combat de ma vie ! C’est un enjeu d’égalité et de justice. Je suis sensible aux conditions de vie dans lesquelles mes filles vont grandir, mais aussi à la situation des femmes partout dans le monde. J’ai présidé une association pendant 10 ans, Maman travaille, et porté la voix des femmes au gouvernement. Défendre les femmes, c’est le fil rouge de mon parcours. Des ministères aux entreprises en passant par mes livres, j’ai toujours voulu faire entendre la voix des femmes. Et je continue aujourd’hui. J’étais début mars à l’ONU, à New York, pour travailler à la création d’une nouvelle fondation internationale, avec le soutien de la FACE. Finalement, je suis assez emblématique de ma génération, j’ai alterné engagement public et entreprise, avec une volonté de sens et un engagement fort.

Vous n’aviez pas le « profil type » pour entrer au gouvernement. Est-ce qu’avec le recul, cela a été une force pour vous ?

M.S. Oui, c’est sûr. J’ai souvent dit que j’avais grandi dans une cité, que je n’avais fait ni l’ENA ni Sciences-Po. Pourtant, j’ai fait partie du gouvernement pendant plus de six ans, et j’ai mené deux campagnes présidentielles… Être atypique m’a aidée, car je n’ai jamais cherché à ressembler à tout le monde. « Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris » disait Oscar Wilde. L’authenticité a été brimée pendant des années dans le monde du travail, mais je crois qu’aujourd’hui la sincérité est une grande force. Les profils un peu différents sont de plus en plus valorisés. L’authenticité est la clé de la réussite.

Qu’est-ce qui vous plaît aujourd’hui dans votre nouveau job ?

M.S. J’aime être au cœur des pouvoirs économiques, politiques et médiatiques, tout en restant dans l’ombre. Je ne m’exprime que pour porter mes engagements sur l’égalité femmes-hommes. J’ai, par exemple, organisé une journée de formation à destination des femmes leaders, membres de Comex et de Codir, sur leurs stratégies. C’était passionnant, avec des intervenantes de haut niveau. J’aime partager ce que j’ai appris auprès de ces dirigeantes engagées, et aussi accompagner des hommes dirigeants qui portent des causes fortes. De plus en plus de patrons veulent s’engager sur l’égalité femmes-hommes ou sur les aspects de solidarité, de durabilité. C’est passionnant d’accompagner ces transformations.

Quelle est, selon vous, la clé pour réussir sa reconversion ?

M.S. D’abord, la sincérité. Ensuite, je dirais de savoir s’entourer. Tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Vivre avec une personne qui vous soutient et vous encourage est un vrai booster. Enfin, savoir se renouveler soi-même, ne pas rester figé dans le passé. En bref, accepter que la vie soit composée de chapitres différents. Par exemple, j’essaye de ne pas me définir comme « ancienne ministre », mais de parler plutôt du présent et du futur, de mes actions.

Vous avez décidé de reprendre vos études, pourquoi ?

M.S. Il s’agit d’une démarche d’humilité avant tout. Je me passionne pour les enjeux de RSE, les critères ESG, la CSRD… Je suis experte des enjeux sociaux, de l’égalité femmes-hommes et de l’inclusion, etc. En revanche, j’estimais être moins experte des enjeux environnementaux et de durabilité. J’ai donc décidé de reprendre mon cahier et de m’inscrire à une formation continue à l’emlyon business school, une grande école de management. Nous avons, par exemple, abordé les enjeux de sustainability et de gouvernance avec d’autres dirigeants et administrateurs d’entreprises.

Comment parvenez-vous à tout mener de front ?

M.S. C’est une question de choix et d’arbitrages. Je vais rarement à des soirées parisiennes, je me lève à 6 h 30 tous les jours y compris le week-end… C’est ce qui m’a permis d’écrire mon mini-guide juridique pour Dalloz sur les droits des femmes au travail, par exemple.

Quel serait votre conseil pour les personnes en pleine reconversion ?

M.S. Échanger avec des personnes qui vivent la même expérience. Beaucoup d’anciens ministres m’ont bien conseillée et aidée. J’ai eu la chance de bénéficier de la vision du président de la République puisque je travaillais à ses côtés depuis 7 ans. Je dirais aussi d’accepter de laisser certaines choses derrière soi, mais sans se renier, car c’est votre trajectoire qui fait votre force et votre différence. J’essaye de faire comprendre aux dirigeants que je suis auprès d’eux pour longtemps dans la durée, mais aussi que mon engagement politique me donne une expérience et une force colossale auprès d’eux. 

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