Vous recrutez 1 500 personnes par an. Vos offres d’emploi s’adressent-elles majoritairement aux jeunes ?
Charlotte Gouiard. Oui, 1 100 concernent en effet des profils juniors en stage, en alternance ou en CDI pour un premier poste. Les 400 autres correspondent à des profils plus expérimentés avec, au minimum, trois à sept ans d’expérience. Si notre cœur d’activité est l’audit et l’expertise comptable, nous proposons aussi des métiers tournés vers le conseil financier ou encore digital, dans des secteurs de plus en plus variés comme la santé publique ou encore la RSE.
Comment faites-vous pour attirer et fidéliser les jeunes ?
C.G. C’est notre gros challenge ! Nos métiers sont réputés pour être très formateurs, un peu comme un 3e cycle après leurs études. La particularité de Mazars par rapport à d’autres grands cabinets : leur donner rapidement des responsabilités, en les formant, bien sûr, techniquement et humainement, notamment par rapport aux soft skills. Ils engrangent ainsi de l’expérience. Ensuite, notre culture d’entreprise les attire et les fidélise, notamment le travail en équipe qui fait partie intégrante de notre ADN. Nos métiers sont très réglementés, ce qui change, c’est notre approche. Nous sommes une entreprise française, et non anglo-saxonne. Il y a également un état d’esprit familial qui perdure et une vraie proximité parmi nos salariés, peu importe les statuts. Un junior peut parler à un associé, les bureaux ne sont pas fermés. On ne ressent pas d’organisation pyramidale ou en silo. Ensuite, en matière d’évolution de carrière, les parcours sont à la carte selon les envies de chacun. Il n’y a pas de trajectoire prédéfinie.

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Vous avez aussi enlevé les clauses d’exclusivité des contrats, pourquoi ?
C.G. Quand on recrute beaucoup de jeunes, il est indispensable de répondre à leurs besoins. Cela faisait partie de demandes de candidats et de collaborateurs. Ils avaient envie de pouvoir dédier une partie de leur temps à autre chose que leur job. Certains travaillent en quatre-cinquième pour s’adonner à une autre activité à temps partiel. Nous nous sommes donc adaptés et cela correspond aussi à notre état d’esprit : nous aimons avoir des salariés avec une âme d’entrepreneur. Ils sont proactifs et font bouger les lignes.
Avez-vous également revu vos manières de recruter ?
C.G. Là encore, nous nous sommes adaptés aux jeunes générations qui sont habituées à ce que tout aille vite. Elles se font livrer par Amazon ou Uber Eat, elles zappent sur Netflix, etc. Il fallait donc qu’elles puissent candidater en quelques clics et qu’elles puissent suivre leur candidature en temps réel, avec des feedbacks personnalisés, et non des mails génériques. Ensuite, nous voulons désormais leur faire vivre une expérience avec nos sessions de recrutement « Jobs at Mazars ». En une demi-journée, les candidats échangent de manière informelle avec des collaborateurs, passent un entretien individuel et participent à des mises en situation en groupe pour valider leur intelligence situationnelle, par exemple face à des clients. Ils participent aussi à des conférences inspirantes, par exemple sur l’intelligence artificielle (IA). Tout cela, et notamment le networking, leur permet de se projeter concrètement dans l’entreprise. Nous leur apportons une réponse dans les 48 heures.

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Comment se passe ensuite l’onboarding ?
C.G. Pour les plus jeunes, il démarre très tôt, parfois six ou sept mois avant le début de leur contrat. Il y a une partie en digital pour leur transmettre l’actualité de Mazars, et une partie en présentiel avec des événements de prébording. Cela leur permet de rencontrer d’autres personnes de la même promotion de nouveaux arrivants qu’eux, mais aussi des collaborateurs. Ce sont des soirées très conviviales avec des icebreakers pour apprendre à se connaître. Viennent ensuite une semaine d’intégration et deux semaines pour se former à leur nouveau métier. Pour les profils seniors qui arrivent tout au long de l’année, le prébording est digital et couvre le plus souvent leur période de préavis avant de nous rejoindre. Nous utilisons une appli qui leur pousse des infos clés et ils reçoivent aussi des mots de leurs futurs collègues. Dernier temps fort : un escape game digital au bout de trois mois.
L’équilibre des temps de vie n’est pas aisé dans les métiers de l’audit et du conseil, comment aidez-vous vos salariés à tout concilier ?
C.G. Nous avons, tout d’abord, une charte du télétravail dans laquelle il est indiqué une présence minimum dans nos bureaux par mois, soit 20 % du temps de travail. Ce temps doit être collectif. Les collaborateurs peuvent ensuite s’organiser comme bon leur semble en accord avec leur manager. Ce sont eux qui ont la main pour trouver le bon équilibre avec leur équipe. Ensuite, nous avons mis en place récemment des dispositifs pour permettre à nos salariés de prendre du temps pour eux. Le congé second parent a ainsi été allongé à deux mois et demi. Et nous proposons aussi désormais un « congé respiration » pour les salariés ayant plus de 5 ans d’ancienneté. Le « Mazars break » dure trois mois. Le collaborateur touche la moitié de son salaire pendant cette période et peut s’adonner au projet de son choix. Nous avons reçu une vingtaine de demandes. Certains ont réalisé un tour du monde, d’autres ont entrepris un roadtrip thématique.
Vous allez bientôt quitter La Défense, pouvez-vous nous en dire plus sur vos prochains bureaux ?
C.G. Nous emménagerons dans notre nouveau campus en avril 2025 à Levallois-Perret. Nos locaux feront la même taille, mais nous ne serons plus dans une grande tour verticale. Cela reflètera notre dynamique interne. Il y aura plus d’espaces de convivialité, plus d’espaces verts aussi. Nous serons en flex-office, avec des lieux de rencontres, de nombreux services et plus d’horizontalité.