Enjoliver son CV et booster un peu son profil pour mieux correspondre à l’offre visée peut être tentant, mais le mensonge n’est jamais une bonne idée. Plutôt que de vouloir s’écarter de la réalité, mieux vaut capitaliser sur ses forces et assumer ses échecs, pour ne pas s’exposer à des risques inutiles et surtout garder le lien de confiance avec le futur employeur. Décryptage avec Yohan Zibi, PDG d’Everycheck, une plateforme spécialisée dans la vérification de CV.
Est-ce que le nombre de mensonges augmente sur les CV ?
Oui, on voit clairement que le nombre de mensonges augmente. Chez Everycheck, nous avons constaté qu’en moyenne 1 CV sur 8 comporte un écart avec la réalité, même si c’est très variable. Dans les métiers de la vente, on monte parfois jusqu’à 40 % de CV en partie mensongers, quand dans les métiers du médical, on va en avoir 3 à 4 %.
On distingue deux niveaux de mensonges et de gravité. Il y a les feux oranges, des mensonges sans grande conséquence, comme prolonger de 10 % l’une de ses expériences ou se rajouter une compétence. Et il y a les feux rouges, des mensonges plus importants comme s’inventer un diplôme ou une expérience professionnelle. Les feux oranges ne remettent souvent pas en question le recruteur. En revanche, les feux rouges mettent un terme au recrutement ou aboutissent à un licenciement.
Comment expliquer cette volonté de trop enjoliver son parcours ?
On peut penser que les candidats ont tendance à vouloir faire matcher leur CV avec les exigences des offres, ou de rajouter la petite chose qui leur manque. Il y a des exigences parfois très ou trop importantes, mais il ne s’agit pas de blâmer les recruteurs. Le CV, c’est quelque chose qui vous permet d’obtenir un entretien. Et il faudra ensuite convaincre. Si vous mentez, la relation et la confiance vont s’effriter tout de suite et potentiellement de manière définitive. Le candidat s’expose à être éconduit voire blacklisté ou signalé. Il vaut mieux ne pas mentir, et raconter une histoire avec nos erreurs et nos péripéties. C’est ce que font très bien les Américains. En France, quand on a une expérience qui s’arrête durant la période d’essai, tout le monde considère cela comme un échec et un poids, alors que cela peut être du fait du candidat et bénéfique pour lui. L’erreur c’est d’avoir peur de l’échec et de vouloir présenter un CV qui ne nous correspond pas.
Il faut faire attention, d’autant plus que les vérifications de CV et le background check vont se démocratiser de plus en plus en France. Les écoles signent par exemple des accords pour mettre les diplômes de leurs candidats dans la blockchain pour les rendre infalsifiables. Or, nous savons qu’aujourd’hui, certains sites frauduleux vendent des faux diplômes, mais nous pouvons facilement les déceler.
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Quels conseils donner aux candidats ?
Il y a plus à perdre qu’à gagner. Donc nous recommandons simplement de ne pas mentir, qu’il s’agisse de feux rouges ou de feux oranges. Il faut monter son CV de la manière la plus honnête et intelligente possible, mettre en avant ses qualités et ses compétences ainsi que ses marges de progression plutôt que de vouloir masquer ses échecs ou ses manquements. Un conseil et un rappel simple : les erreurs et les échecs, ça se travaille et ça se dépasse. Il y a des manières de se présenter, de se vendre, la possibilité de se démarquer par une lettre de motivation ou par un entretien réussi. Le mensonge sur le CV n’est jamais une bonne idée, il faut capitaliser sur les autres forces de son CV.
Le CV est une vitrine et une porte d’entrée, mais pas une fin en soi ni un élément suffisant pour convaincre et créer de la confiance.