Reconversion

Métiers à impact : Quelles priorités pour une reconversion réussie ?

La reconversion vers des activités responsables à impact est l’une des tendances du moment. Mais, de la quête de sens jusqu’à la mise en œuvre de sa nouvelle carrière, c’est tout un processus de montée en compétences et de construction du projet qu’il s’agit de maîtriser. En passant, si besoin, par la case formation.

En France, 4,4 millions d’emplois sont en lien avec les transitions de l’économie (1). Et un million d’emplois verts devraient être créés d’ici à 2050, selon l’ADEME. Dans le même temps, les velléités de reconversion responsable s’accélèrent : selon une étude de Jobs_that_makesense, une plateforme spécialisée dans les métiers à impact, 57 % des Français souhaitent « contribuer aux enjeux de la transition écologique et/ou sociale » à travers leur travail, et 42 % visent à rejoindre une organisation à impact positif. « Aujourd’hui, plus de 250 000 personnes visitent notre plateforme chaque mois pour s’informer sur les reconversions et les activités potentielles. C’était dix fois moins avant les confinements », complète Fabien Secherre, directeur marketing de Jobs_that_makesense. En matière d’activités responsables, plusieurs options existent, comme le résume Pierre Montel, cofondateur d’EcoLearn, société à mission et organisme de formation à impact : « On peut distinguer trois types de métiers. D’abord, les métiers verts (analyste en énergie renouvelable, ingénieur en écoconception…), qui n’existaient pas avant. Ensuite, les métiers verdissants, qui œuvrent à la transformation durable des organisations : consultant en développement durable, chargé de mission ou de projet RSE, numérique responsable… Et, enfin, les métiers classiques au sein d’une entreprise ou d’un organisme responsable. »

L’impératif des compétences durables

En tant que prétendant à la reconversion vers un métier à impact, la priorité reste de savoir identifier les compétences nécessaires et recherchées par les entreprises. « Il faut, dans un premier temps, lister ses propres compétences et cibler celles qui peuvent nous manquer », confirme Aurélie Jourdon, qui dirige le cabinet de recrutement engagé Omeva. Même son de cloche du côté de Pierre Montel : « Un profil recrutable en durabilité, ce sont trois éléments : un diplôme ou une formation reconnue qui valide ses compétences durables, une expérience professionnelle et la notion d’expertise. Plus son expertise est pointue, plus on se différencie en se rendant employable et moins la potentielle baisse de rémunération sera importante. » En effet, la quête de sens peut avoir un coût : entre 10 et 30 % de perte de rémunération, selon le niveau de séniorité.

Face aux défis des transitions et aux besoins croissants de personnel qualifié, les entreprises présentent des déficits de compétences vertes. Le baromètre 2024 des compétences durables, réalisé par EcoLearn, propose un référentiel des compétences durables clé : les fondamentaux scientifiques de la durabilité, les enjeux sociétaux de la relation entre l’entreprise et son écosystème, les systèmes d’actions socio-économiques et les modes de transformation durable. Autant de compétences métiers et techniques qui nécessiteront souvent un ou plusieurs blocs de formation.

Se poser les bonnes questions

Les opportunités d’emploi à impact ne manquent pas, mais face à la concurrence potentielle, mieux vaut prendre le temps de consolider son profil avant de se lancer. « La principale erreur que les gens font, c’est qu’ils quittent leur précédente occupation sur un coup de tête. Et ils risquent de se retrouver sans expérience durable, sans expertise et sans diplôme pour chercher un job à impact. Ce qui est très important, c’est de lancer son projet de transition avant de quitter l’entreprise. La bonne stratégie, c’est celle des petits pas. Il ne faut pas viser trop haut trop vite quand on vise ce genre de reconversion », assure Pierre Montel. Ce temps de réflexion est également important vis-à-vis du choix du métier à impact et de la structure qui correspond à son projet : entreprise classique, entreprise de l’économie sociale et solidaire, association… « Il est aussi important de ne pas se limiter seulement au côté environnemental. Cela sonne comme une évidence, mais il ne peut pas y avoir de transition écologique sans justice sociale. Sur Jobs_that_makesense, il y a à peu près 50 % d’offres à dominante sociale et 50 % à dominante environnementale », insiste Fabien Secherre.

Se former et expérimenter

Formation courte et intense sur une ou plusieurs compétences, formation métier pour une reconversion totale, parcours long et diplômant avec la possibilité d’effectuer une alternance… À chaque reconversion sa voie de formation. Des organismes proposent également des parcours consacrés à l’orientation vers une carrière à impact. « Je pense, par exemple, à On Purpose, qui propose des parcours pour réaligner ses valeurs personnelles et son activité professionnelle. Avec la possibilité de faire des stages rémunérés pendant le cursus », cite le directeur marketing de Jobs_that_makesense. Des programmes similaires sont également dispensés par Ticket for change, Mon job de sens, Le quai des possibles… « Il faut s’interroger : Que va concrètement m’apporter cette formation ? À quels réseaux va-t-elle me donner accès ? Qui sont les professionnels que je vais rencontrer ? Y a-t-il une communauté d’alumni ?, conseille Aurélie Jourdon, de Omeva. Et aussi, toujours privilégier les formations qui permettent une immersion dans une entreprise. » Surtout, selon Pierre Montel, « il faut absolument éviter d’accumuler les petites formations sans passer à l’action et toujours coupler la formation à l’expérience autant que possible. Quand on se forme sur des activités responsables, il faut appliquer, appliquer, appliquer ! »

(1) Selon le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires.

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