Selon le cabinet de conseil Wavestone, 15 000 postes étaient vacants dans le secteur de la cybersécurité au premier trimestre 2023, et 37 000 supplémentaires devront être créés d’ici à 2025 pour répondre aux besoins et faire face aux menaces sur la sécurité numérique des entreprises. « Depuis le début des années 2010, le marché n’est plus le même et les besoins sont grandissants, confirme Mohammed Boumediane, président et fondateur de Ziwit, société experte et pure player de la cybersécurité. Le nombre d’attaques informatiques est énorme et la croissance du secteur cyber est exponentielle, malgré une pénurie de talents sur certains postes.« Et pour cause, selon une étude internationale menée en septembre 2023 par l’Enterprise Strategy Group (ESG) et l’Information Systems Security Association (ISSA), le manque de main d’œuvre reste le principal souci du secteur, et 71 % des professionnels de la cybersécurité estiment qu’une pénurie de talents touche leur entreprise. De fait, 30 % des entreprises se résignent à embaucher des salariés sans expérience.
« Nous rencontrons des difficultés de recrutement surtout sur les postes moins techniques et notamment la partie audit et analyses des failles de sécurité. Mais, également, sur des poses d’ingénieurs cyber, de mise en conformité et de gouvernance cyber, de pentester… », ajoute Mohammed Boumediane.
Diversité de métiers et formation
En 2023, CBS School (école de management consacrée à la cybersécurité) et Clémentine, un cabinet de recrutement dans les métiers du numérique, dressaient leur top 5 des métiers de la cybersécurité les plus recherchés et porteurs :
- Pentester : professionnel de le sécurité offensive qui simule des attaques pour ensuite proposer des plans de correction des vulnérabilités
- Responsable de la sécurité des systèmes d’information : chargé d’identifier les risques et de s’assurer de la sécurisation des données et des systèmes d’information
- Spécialistes en cryptologie : chargé de protéger et de cacher les informations d’un message et de mettre en pratique des systèmes de cryptage
- Juriste en cybersécurité : un juriste spécialisé qui traitent des questions de conformité réglementaire et les litiges juridiques
- Expert en cybersécurité industrielle : spécialiste de la protection des systèmes de contrôle industriel (ICS)
Si la plupart des métiers très recherchés demandent souvent une formation de bac +3 à bac +5, le secteur est également accessible pour des profils moins qualifiés. « Nous avons lancé une école interne, la Ziwit académie, et les profils que l’on recherche dans nos recrutements, ce sont des profils de passionnés, avant d’être des profils de diplômés, affirme le président de Ziwit. Nos métiers évoluent tellement vite, avec les nouvelles technologies informatiques, les nouvelles menaces, il faut se former en permanence. Nous cherchons donc des personnes motivées et prêtes à apprendre, une première base dans l’informatique suffit, autrement dit nous recrutons des profils en CDI qui sont ensuite formés. »
Casser les stéréotypes
Pour répondre aux difficultés de recrutement du secteur, l’enjeu est notamment d’attirer un nouveau public vers ces métiers du cyber. C’est l’objet de la campagne nationale DemainSpécialisteCyber, lancée fin 2023 par le ministère de l’Éducation nationale, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) et le Campus Cyber pour faire découvrir les métiers de la cybersécurité aux jeunes et aux étudiants. L’enjeu, notamment, casser les stéréotypes liés aux métiers du numérique, encore souvent perçus comme peu accessibles et très masculins.
Preuve de la diversité des profils intégrant les métiers cyber, beaucoup sont même issus d’une reconversion, comme le souligne Mohammed Boumediane : « Ce sont des métiers qui s’apprennent sur le tas. Nous avons un ancien docteur en chimie, plusieurs anciens militaires ou encore un ancien plombier qui n’était pas du tout penché informatique, mais qui a réussi à obtenir sa certification Offensive security certified professional (OSCP), très réputée et recherchée dans le secteur. Aujourd’hui, nous serions en mesure de lui valider un niveau bac +5. »
En matière de féminisation des métiers de la sécurité numérique, en revanche, le dirigeant de Ziwit ne constate pas encore de tendance véritable : « Ce manque de féminisation est encore complètement présent. Et c’est bien sûr quelque chose qui serait très positif pour les entreprises du secteur, pour diversifier les profils et apporter de nouvelles approches, mais c’est encore assez figé. » Pour rappel, selon une enquête de l’ANSSI, en 2021, les femmes ne représentaient que 11 % des professionnels de la cybersécurité.