D’un côté, la hausse confirmée des besoins de professionnels de la petite enfance et de prestations de garde ; et, de l’autre, une crise de vocation et une panne d’attractivité auprès des candidates et candidats potentiels. En effet, selon une étude de la Drees, le recours à l’accueil collectif a quasi doublé en France en 20 ans, et 18 % des enfants de moins de 3 ans sont gardés en crèche ou par une assistante maternelle. Problème : la Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) estime à 10 000 le nombre de postes non pourvus en crèche. Pour prendre le pouls de l’image et de la dynamique des métiers de la garde, et participer à valoriser ces parcours, la filiale JBM du groupe Randstad, spécialisée dans le recrutement dans le médico-social et l’enfance, a publié son étude « Attractivité des métiers de la petite enfance ». « Le secteur est en souffrance, en panne d’attractivité. Il y a une grosse pénurie de candidats, confirme Gilles Nicolai, directeur des opérations de JBM en Île-de-France. Dans l’étude, nous avons interrogé des professionnels, des parents et le grand public, sur leur vision de ces métiers. » Premier enseignement, le manque de candidats se fait ressentir : 81 % des parents jugent insuffisant le nombre de professionnels et 61 % trouvent cette pénurie inquiétante, tandis que 79 % font garder leurs enfants afin de pouvoir aller travailler.
Des métiers qui recrutent mais qui séduisent peu
« La grande majorité des besoins de candidats se concentrent sur trois familles de métiers : les débouchés du CAP accompagnement éducatif petite enfance (assistant éducatif, auxiliaire petite enfance…), les auxiliaires de puériculture et les éducatrices de jeunes enfants (EJE). Avec des besoins particulièrement fort sur les deux premières », explique Gilles Nicolai. Malgré l’étendue des opportunités, le secteur souffre historiquement d’une image négative : « L’image qu’en a le grand public, c’est que ce sont des métiers difficiles, pas suffisamment valorisés et mal payés. Et cela peut même pousser des professionnels à quitter le secteur », analyse le directeur des opérations de JBM. En effet, les premiers facteurs d’insatisfaction cités par les professionnels sont la rémunération (29 %) les conditions de travail dégradées (11 %) et les moyens insuffisants pour accomplir la mission (9 %).
En matière de rémunération, des réflexions sont menées et pourraient prochainement aboutir, pour revaloriser les salaires. Avec, par exemple, la décision prise en mars dernier par le gouvernement de couvrir à 66 % les augmentations comprises entre 100 et 150 euros par mois, accordées par les branches professionnelles de la petite enfance.
Des métiers porteurs de compétences
Malgré l’image tenace d’un secteur difficile, les métiers de la petite enfance ont aussi de quoi convaincre. « Tout le monde s’accorde pour reconnaître l’importance et la responsabilité de ces métiers, vis-à-vis de la socialisation et de l’éveil des jeunes enfants, affirme Gilles Nicolai. Et ce sont aussi des métiers qui ont du sens, ce sont des métiers de vocation propices à l’acquisition de compétences clés sur le marché du travail. » En effet, parmi les points d’intérêts de ces métiers, celui du développement de compétences et de savoir-être précieux pour une éventuelle reconversion ou évolution de carrière est à souligner. « Pour améliorer l’attractivité de la petite enfance, tout l’enjeu est de donner une meilleure visibilité aux candidats sur leurs perspectives de carrière. Et notamment de souligner les passerelles envisageables. Par exemple : les crèches proposent souvent des accompagnements et des formations pour passer d’auxiliaire de puériculture (niveau bac ou CAP) à éducatrice de jeunes enfants (niveau bac+3). Ou encore des parcours pour devenir manager ou directrice de crèche, ou encore référente formation », complète le représentant de JBM.
Parmi les premières compétences développées par les professionnels de la petite enfance, l’étude de JBM retient ainsi en premier lieu la patience, la communication avec l’enfant et les parents, le sens des responsabilités, la fiabilité, la pédagogie, l’empathie, la capacité à gérer des situations complexes et à résister au stress… Autant de soft skills et de savoir-faire valorisable tout au long d’une carrière. Un dernier conseil, pour celles et ceux envisageant une carrière dans la petite enfance : « Les opportunités d’emploi et d’embauche sont nombreuses partout en France. Il faut se renseigner sur les employeurs, mais aussi sur les aides pour s’orienter et se former à ces métiers. France Travail propose notamment des financements et des solutions d’apprentissage. Chez JBM, nous proposons par exemple des contrats d’apprentissage, pour apprendre et découvrir ces métiers. »