Loin de l’image d’inaccessibilité qui lui colle à la peau, le luxe recrute plus que jamais. Le secteur confirme en effet son statut d’employeur de premier plan, avec plus d’un million d’emplois directs et indirects, selon une étude du Comité Colbert. L’organisation professionnelle représente ainsi 14 sous-secteurs de l’industrie du luxe : cuir et maroquinerie, gastronomie, design et décoration, édition, haute couture et mode, faïence et porcelaine, joaillerie et horlogerie, musique, orfèvrerie, automobile, parfums et cosmétiques, verre et cristal, hôtels et palaces, vin et spiritueux.
« Il y a des opportunités partout, en France et à l’international, et à tous les niveaux. On recherche tous types de profils et de personnalités, affirme Alexandre Boquel, directeur des Métiers d’Excellence chez LVMH. Les marques de luxe peuvent parfois impressionner les candidats. C’est pour cela que nous menons des tournées de proximité et de promotion, pour parler de ces métiers et de leur accessibilité, pour encourager les candidats à venir toquer aux portes des entreprises du luxe. » Si les besoins sont grands, les difficultés de recrutement sont également fortes. « Le souci que l’on a, comme beaucoup de secteurs d’activité, c’est de recruter des collaborateurs, mais également de les fidéliser, confirme Sandrine Marcot, présidente déléguée de l’Union de l’horlogerie bijouterie (UHB), syndicat d’une branche qui compte au total près de 18 000 salariés. Il y a une certaine pénurie de candidats sur des postes clés.«
Des métiers accessibles
La tournée des journées découverte You & ME, organisée par LVMH, incarne cette ouverture du luxe à toujours plus de candidats. Depuis 2022, elle intervient dans plusieurs villes en France pour faire découvrir les possibilités de formations, d’alternances et de stages vers les métiers du luxe, mais aussi des offres d’emploi. En 2024, le salon itinérant a eu lieu dans 5 villes, et 3 500 postes étaient directement ouverts à l’embauche. Le dirigeant des Métiers d’Excellence de LVMH en profite pour faire le bilan des besoins en recrutement du secteur : « Parmi les métiers sur lesquels les besoins sont les plus importants, il y a ceux de la maroquinerie, pour lesquels nous avons une vingtaine d’ateliers partout en France. Ensuite, les métiers de la joaillerie recrutent beaucoup. On retrouve les professions de sertisseur, polisseur, bijoutier-joaillier… Et, plus globalement, dans tous les sous-secteurs du luxe, il y a d’importants besoins sur les métiers de la vente et de l’expérience client : conseillers en boutique, personnel en hôtel et restaurant… »
La formation se réinvente
Comme le confirme Sandrine Poupon, directrice de l’EIML, école internationale de marketing et management du luxe, « les métiers du retail et de la vente sont en tension, mais n’ont pas forcément une très bonne image. Pourtant, cela permet potentiellement de devenir manager ou d’évoluer vers l’international. » C’est justement pour promouvoir ces opportunités dans les métiers de l’expérience client dans le luxe que l’EIML et l’UBH ont lancé un nouveau bachelor expertise vente bijouterie-horlogerie, censé mieux répondre aux besoins des entreprises et aux attentes des candidats. « Nous avons voulu créer un nouveau parcours de niveau bac +3 ouvert aux personnes ayant un bac +2, et en alternance, pour offrir des possibilités aux jeunes, mais aussi aux personnes en reconversion », explique Sandrine Marcot, qui dirige l’UBH.
La formation en alternance dans le luxe, l’Institut des Métiers d’Excellence LVMH en propose depuis 2014, avec aujourd’hui 42 programmes de formation déployés dans sept pays. « L’Institut met en place des formations en France, mais aussi dans le monde. Nous travaillons par exemple avec l’Institut français de la mode pour les métiers de la couture, avec les Compagnons du devoir pour la maroquinerie, avec la Haute École de joaillerie pour la joaillerie bijouterie… Cette année, le plus jeune alternant a 16 ans et le plus senior 61″, rapporte le directeur des Métiers d’Excellence.
Un secteur exigeant
Si le luxe s’ouvre à toujours plus de profils et tend également à une intégration progressive des enjeux de RSE, le secteur n’en reste pas moins un domaine pas tout à fait comme les autres. « Le luxe, c’est un monde qui obéit à des règles, des codes, affirme Sandrine Poupon, directrice de l’EIML. La qualité requise, c’est la passion, le goût pour cet univers du luxe en général, et puis la curiosité et l’envie d’apprendre, mais aussi l’exigence. » Même son de cloche chez Alexandre Boquel : « Il faut avoir cette exigence envers soi-même, la recherche de la perfection. Il faut vraiment être persévérant, car on ne maîtrise pas un geste du premier coup. Ce sont des métiers qui demandent aussi d’aimer le temps long. On ne l’apprend pas en deux semaines. Pour devenir joaillier, il faut 7 à 8 ans d’expertise. Mais il faut également rassurer les candidats sur les perspectives de carrière. On voit certains profils qui, par exemple, commencent comme petites mains en atelier chez Dior, puis finissent premiers ou premières d’atelier haute couture. Ou qui démarrent comme conseiller de vente et deviennent directeur de boutique. »