Reconversion rime la plupart du temps avec changement de cap, démission et mobilité externe. Mais passer par l’interne est aussi possible, plus confortable, et parfois même plus efficace.
Reportage réalisé en live au Salon Nouvelle Vie Professionnelle, 9 novembre 2021.
“Se reconvertir ne signifie pas forcément quitter son entreprise !”, lâche Justine Peyrat, chargée des opérations chez Switch Collective. Cet organisme de formation propose un programme de réorientation professionnelle, “Fais le bilan”. Ce bilan de compétences “permet aux bénéficiaires de mieux se connaître, d’être acteurs de leur parcours professionnel, et l’on voit que de plus en plus d’entreprises financent des collaborateurs pour une mobilité interne. L’idée étant qu’ils en ressortent en proposant des projets très concrets à leurs managers et leurs RH”, explique-t-elle.
Switch Collective a accompagné plus de 6 000 personnes depuis sa création il y a cinq ans. Parmi elles, 10 %, soit 600 personnes, ont “switché” en interne. “Elles nous ont été envoyées par leurs entreprises, et switchent en un an. Ce qui est beaucoup plus rapide qu’une reconversion en externe, hors de l’entreprise, dans un nouveau secteur ou métier”, indique Justine Peyrat.
« J’ai créé mon job »
Lors du salon Nouvelle Vie Professionnelle, qui a eu lieu le 9 novembre 2021 à Paris, Cecile Pfeiffer, 43 ans, a apporté son témoignage. Directrice marketing “Live Event” chez Orange, cette cadre était entrée dans l’entreprise comme responsable Social Media, au service communication. Elle a ainsi opéré un revirement important, changeant radicalement de métier. “J’étais au même poste depuis 5 ans, et je voulais changer de voie. Le social media ne me convenait plus. Mon job était passionnant, mais très stressant. J’avais envie d’autre chose. Mon entreprise m’a accompagnée pour m’aider à trouver ce que je voulais faire. J’ai eu la chance de bénéficier d’un coaching en interne, qui m’a permis de repérer ce qui me posait problème dans mon quotidien professionnel, et de trouver des pistes de reconversion”, explique-t-elle.
Suite à ce bilan de compétences, Cécile Pfeiffer propose à son supérieur hiérarchique de “créer une nouvelle équipe”. “J’ai créé mon job, au sein de mon organisation”, commente-t-elle. Son nouveau poste consiste désormais à “aider les collaborateurs en interne à mieux maîtriser les outils numériques”, en organisant des formations, des conférences, et en passant des partenariats avec Facebook et Twitter.
Passer par l’interne
Après ce premier “switch”, au bout de trois ans, elle change à nouveau de poste, et devient finalement directrice marketing dans le service “Live Event” d’Orange, dédié à des offres événementielles B2B. “C’est un métier totalement différent de ce que je faisais au départ. On ne peut pas parler d’une reconversion telle qu’on l’entend souvent (changer radicalement de métier), mais juste en passant de la comm’ au marketing, je ne fais plus du tout les mêmes choses au quotidien, je ne travaille plus avec les mêmes personnes, et il s’agit donc d’un réel changement de métier”, indique-t-elle.
Finalement, Cécile Pfeiffer estime elle aussi que la reconversion ne passe pas forcément par un virage à 180°. “On peut changer d’entreprise, mais rester dans la même organisation peut vous permettre de tester de nombreux métiers différents. Sans prendre trop de risques, puisque vous conservez votre salaire et votre ancienneté. Passer par l’interne est une bonne façon de changer son quotidien”, conclut-elle.