En 2023, le nombre de nomades numériques atteindrait 35 millions de personnes, dont 3 % de Français, selon les statistiques de DemandSage, qui analyse les tendances statistiques du marché du travail. Sur ce total, 47 % seraient des professionnels trentenaires du marketing et de la communication numériques, et 83 % des travailleurs indépendants. Et pour cause, les opportunités se multiplient : plus de 40 pays proposent aujourd’hui un visa spécifique pour les nomades numériques, notamment en Europe (Espagne, Portugal, Italie, Malte, Croatie…).
Dimitri Braud, nomade numérique de 28 ans, freelance en community management, s’est lancé dans l’aventure il y a deux ans, après la période Covid : « Je travaillais dans la communication pour une entreprise de la restauration, mais j’avais déjà créé ma microentreprise pour faire quelques missions à mon compte en parallèle. J’ai voulu découvrir autre chose, je me suis donc concentré sur mon travail en freelance une fois obtenue ma rupture conventionnelle. Après avoir consolidé mon offre et avoir accumulé plusieurs contrats avec différents clients, en passant par la plateforme Malt, j’ai pu partir au Mexique pendant cinq mois. » Le début d’une expérience de vie et de travail qui se poursuit à ce jour, de pays en pays, sur l’île espagnole de Grande-Canarie fin 2023, après des passages en Italie, à Malte, en Hongrie et en Irlande.
Cette vie de remote worker peut également se vivre tout en restant salarié. C’est le cas pour Thomas Deceuvelaere, 28 ans, consultant recrutement en informatique chez Neovity, parti début novembre 2023 pour six mois à l’étranger, à Bali (Indonésie), puis en Thaïlande : « J’ai pris connaissance de l’offre de la start-up Holiworking, qui propose de passer 3,6, 9 ou 12 mois à l’étranger tout en conservant son poste dans son entreprise. Après discussion avec mon employeur, je suis parti le 1er novembre pour Bali, dans un coworking.«
Organisation impérative
Pour profiter pleinement de son expérience de voyageur-travailleur, deux maîtres-mots : organisation et discipline. « C’est très important de bien consolider son offre en tant que freelance avant de se lancer, affirme Dimitri Braud. Sans discipline personnelle, on ne s’en sort pas. Il ne faut pas oublier qu’avant tout, tu travailles et tu n’es pas en vacances. C’est pour cela que je m’efforce de conserver un rythme classique, avec des journées de travail en semaine et des week-ends libres. Je travaille entre 25 et 30 heures par semaine, avec le plus souvent trois ou quatre heures de travail en commun avec mes clients, ce qui est largement suffisant pour faire des points et permet ensuite de travailler efficacement sans messages ou sollicitations parasites. »
Même constat pour Thomas Deceuvelaere : « La première chose définie avec mon entreprise avant mon départ a été l’organisation de mon temps de travail. Je travaille donc autant qu’auparavant, mais en décalé (7 heures de décalage horaire), avec trois heures en commun en fin de journée pour moi et le matin en France. Et le week-end, je prends le temps de partir à la découverte de la ville et du pays. Je dirais qu’il m’a fallu deux semaines d’adaptation au choc culturel, mais je suis très heureux de mon choix et j’ai hâte de la suite. »
Des perspectives infinies
Surtout, et avant tout, le nomadisme numérique est une porte ouverte sur le monde, où chacune et chacun peut voyager et découvrir à son rythme et selon son équilibre. « J’ai fait ce choix de voyager tout en travaillant, plutôt que de me limiter à quelques mois pendant mes études ou d’attendre ma fin de carrière. Je le vis comme une chance et une opportunité, explique Dimitri Braud. J’ai trouvé mon équilibre et le voyage est devenu une passion. Certes, il faut s’adapter au travail et à la vie en solitaire, bien que je m’installe parfois dans des co-livings, mais j’apprécie cet aspect solitaire. Cela me permet d’avoir ma routine, d’alterner travail, visite, sport et détente à mon rythme. Et pour pallier le manque d’interactions, je m’efforce parfois, par exemple, de descendre au café du coin pour travailler et interagir une à deux fois par jour. »
Une chose est sûre, voyager ouvre des perspectives. « J’ai eu deux destinations prévues en six mois, mais je peux toujours prendre des jours pour en découvrir d’autres et j’envisage déjà de le faire. Je ne me sens pas encore prêt pour devenir indépendant, mais j’aimerais continuer de voyager, donc je ne m’interdis rien« , explique Thomas Deceuvelaere. Pour la suite de son voyage sans véritable fin, et après un passage par la Réunion, Dimitri Braud a, lui, déjà une idée claire : « Direction l’Asie. Je commence par Bangkok, puis peut-être le Vietnam, l’Indonésie, ou la Malaisie ! »