Numérique et IT : « les métiers du reconditionnement sont accessibles à tous »

Avec plus de 80 000 emplois non pourvus chaque année, les métiers du numérique recrutent massivement. Pour répondre à ces besoins tout en œuvrant pour l’insertion de personnes éloignées de l’emploi, des entreprises misent sur des centres de formation internes. Des enjeux décryptés par Véronique Di Benedetto, vice-présidente en charge de la responsabilité sociétale chez Econocom, spécialiste des services numériques qui anime deux académies formant aux métiers de la réparation et du reconditionnement.

En quoi l’essor des métiers du numérique pousse-t-il les entreprises à s’investir plus dans la formation ?

Le marché du numérique connaît une croissance constante et génère des besoins et des opportunités dans les sociétés du numérique, mais également dans toutes les entreprises qui s’adaptent à la transition. Tout le monde se dispute les compétences du numérique. Et il y a aujourd’hui plus de 80 000 emplois non pourvus sur ces métiers qui ne trouvent pas suffisamment de candidats bien préparés. Le marché est tendu et l’une des solutions est de s’investir pour plus de formation, notamment à destination des profils en reconversion ou éloignés de l’emploi. De fait, beaucoup d’écoles et de centres de formation se développent, à l’image de la Grande École du Numérique, et favorisent les reconversions.

Pourquoi avoir fait le choix de la formation interne ?

Les métiers de la réparation et du reconditionnement sont souvent méconnus ou peu mis en avant, on tient donc également à informer là-dessus. L’allongement de la durée de vie des objets numériques s’impose partout et la seconde main devient le premier choix pour beaucoup de gens. Pour répondre à cette nouvelle demande et à ces nouveaux besoins, la formation en interne de profils en reconversion ou éloignés de l’emploi est apparue comme le meilleur moyen. Nous nous sommes également intéressés à ce sujet par le prisme de la féminisation des métiers du numérique : Econocom est signataire du manifeste autour de la reconversion des femmes qui a été lancé par le syndicat des entreprises du numérique, Numeum.

À lire aussi : Comment utiliser l’intelligence artificielle pour faire votre CV?

Comment ces formations favorisent-elles l’embauche ?

Notre filiale Econocom Factory, qui reconditionne des objets connectés dans son usine proche de Montpellier (34), a lancé, en 2017, en partenariat avec Pôle emploi et les missions locales, son centre de formation dédié aux métiers du reconditionnement : la Smaaart Académie. Ce sont des métiers ouverts à tout le monde, on ne recrute pas sur CV, mais sur motivation et engagement du candidat. Il s’agit d’une formation longue sur 400 heures et nous embauchons près de 90 % des participants. Sur les 130 personnes travaillant dans notre usine de reconditionnement, une trentaine de personnes sont issues de cette formation.

Il s’agit de métiers très minutieux et techniques, mais aussi très utiles, ce sont des métiers d’avenir ouverts à tous niveaux de profils. Nous accueillons ainsi des profils éloignés de l’emploi ou en chômage de longue durée, mais également des personnes en reconversion aiguillées par Pôle emploi. Tout cela se passe souvent dans le cadre d’une POEC, préparation opérationnelle à l’emploi collective. Il s’agit donc d’une promesse d’embauche forte qui permet également de directement former à nos méthodes et donc d’intégrer les personnes plus facilement ensuite.

À lire aussi : Reconversion: Comment se former aux métiers du numérique?

Aussi, en 2022, nous avons lancé une autre entité de formation : la Product Care Academy, qui s’axe précisément sur les métiers de la réparation de terminaux mobiles et IT. Cette formation est dispensée en partenariats avec des écoles du numérique et sous la forme d’une alternance. Sur la quarantaine de profils que nous accueillons pour l’instant, on retrouve des personnes de plus de 45 ans en reconversion, des jeunes ayant lâché les études ou fait plusieurs emplois précaires… À l’issue de la formation, les personnes reçoivent un diplôme reconnu par l’Etat et une proposition de contrat en CDD ou CDI. Là encore, il s’agit de répondre à un double enjeu : un enjeu de recrutement face à la pénurie de talents sur ces métiers d’avenir du numérique et de l’IT, un enjeu social de formation et d’insertion de personnes éloignées de l’emploi.

Que dire aux personnes en recherche de nouvelles opportunités ou qui hésiteraient à se lancer dans le numérique ?

Je m’adresse aux personnes que ça pourrait intéresser, éloignées de l’emploi, en reconversion ou en recherche d’un nouvelle voie : allez-vous renseigner sur la diversité des métiers du numérique et de ses différents domaines. Cela va bien au-delà de l’informatique et du software. Il y a des opportunités sur des dizaines de métiers différents et d’importantes perspectives d’embauche et d’évolution, compte tenu des besoins grandissants des entreprises. Soyez curieux, allez découvrir ces métiers dans des salons ou par d’autres moyens et renseignez-vous sur les différentes façons de s’y former.