Dans cette pharmacie de l’Essonne, près de 20 personnes travaillent sous la direction du pharmacien titulaire, Alexandre Jamois, dont une dizaine de préparatrices et préparateurs. « Il y a trois métiers principaux en pharmacie : rayonniste, préparateur et pharmacien titulaire ou adjoint« , nous explique Romélie Mazur. Si les préparateurs ne sont ni pharmaciens ni médecins, ils connaissent les médicaments et leurs usages sur le bout des doigts, en plus de leurs compétences de vente et de relation client. Ceux sont les seuls autorisés à seconder le pharmacien titulaire. Reste que cette activité – très féminine, 90 % des préparateurs étant des préparatrices – peine à recruter : entre 10 et 15 000 postes en pharmacie seraient ainsi disponibles, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Pour devenir préparatrice, Romélie a fait un CAP et a obtenu un brevet professionnel. Si, en 20 ans, les modalités de formation ont évolué (la profession nécessite aujourd’hui un DEUST préparateur/technicien en pharmacie), le métier reste accessible dès bac +2. Et il est possible de se spécialiser ou même d’évoluer sur un poste de préparateur en pharmacie hospitalière, avec un statut de fonctionnaire. Dans l’officine, tout est précis et soigneusement délimité. Chaque produit a sa place, chaque médicament ses règles de délivrance et de vente, dictées par la Sécurité sociale ou l’ordre des pharmaciens. Et c’est aux préparateurs de s’assurer que toutes les règles sont respectées.

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Une forte responsabilité
« C’est une profession qui est très cadrée et réglementée, on se doit d’être rigoureux et irréprochables. Nous avons une responsabilité vis-à-vis des clients, affirme la quarantenaire. Notre diplôme nous donne l’autorisation de vendre des médicaments sur ordonnance. Les critères sont simples : il faut qu’il y ait le nom, la signature, l’adresse et le tampon du médecin, et le nom du patient. Si l’ordonnance est bien recevable, on commence la délivrance. Et tout est scanné pour envoi à la Sécurité sociale et aux mutuelles. » Outre les règles, l’organisation de la pharmacie est également serrée : « Nous avons des « codes géo » pour délimiter les zones de l’officine et de l’espace de vente. C’est une place, un produit. Tout doit être ordonné.«
Pour jongler entre ces différentes tâches, Romélie peut compter sur une solide base de savoirs. « Un préparateur doit acquérir beaucoup de connaissances scientifiques et médicales, sur les médicaments qu’il vend, leur composition, leurs usages. Et il faut mettre à jour cela tout au long de la carrière, avec l’arrivée de nouveaux médicaments, de nouvelles réglementations…« , ajoute la préparatrice. En cas de doute ou de besoin de précision, Romélie et ses collègues visitent le site vidal.fr, qui rassemble toutes les informations sur les médicaments à destination du grand public.
Des préparateurs multitâches
Après cette première découverte théorique du métier, direction le « back-office » de l’officine. Je constate l’activité permanente et la répartition des tâches : deux préparatrices réceptionnent des livraisons, une préparatrice en formation scanne et compte les produits, un autre vient chercher un médicament puis repart aussitôt au comptoir, pendant que plusieurs collègues assistent les clients en rayon. « Nous ouvrons à 9 h 30, et nous fermons à 20 h. C’est intense, on est tout le temps debout. C’est assez physique et fatigant. Par choix, je fais mes 35 heures sur trois jours et demi, pour avoir plus de temps pour moi. Et je travaille un samedi sur deux« , rapporte Romélie.
Les journées sont ainsi rythmées : de la vente et du conseil au comptoir, jusqu’à la réception et au rangement des produits ou médicaments en rayons et en réserve, en passant par des préparations. Aussi, deux anciennes préparatrices ont été placées par le pharmacien sur la partie achats et commandes, une autre facette potentielle de ce métier pluriel. Dans cette officine, chacun a sa tâche prédéfinie pour chaque moment de la journée, et Romélie connaît d’avance le programme de sa semaine. « C’est plus cloisonné et organisé dans une grande pharmacie comme celle-ci. Quand j’ai commencé dans des petites officines, je faisais toutes les tâches dans la journée, ou presque. Le métier reste le même, mais je n’ai pas le même quotidien ici« , précise-t-elle.

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Un métier exigeant qui évolue
À mon tour, j’enfile la blouse de la pharmacie, j’attache mon badge nominatif – obligatoire dès lors qu’un préparateur opère au comptoir – et je m’essaie à quelques tâches simples. Après l’une des deux livraisons de médicaments du jour, il faut soigneusement scanner les références et compter le nombre de produits, pour ensuite les stocker à leurs emplacements désignés. Dans l’arrière-boutique, c’est un véritable désordre organisé, où il est très difficile de se repérer en tant que profane. Au comptoir, tout dépend du besoin du client : la vente se fait en quelques secondes s’il s’agit de l’achat d’un simple produit en libre-service ou d’une boîte de Doliprane, et peut se prolonger plusieurs minutes s’il faut traiter une ordonnance, adresser des conseils d’usage ou répondre à quelques questions. Romélie nous montre également le préparatoire où, ponctuellement, elle réalise des préparations simples, comme des gélules ou des produits liquides ou à application cutanée. Même si les préparateurs, qui doivent le nom de leur métier à cette tâche bien spécifique, passent de moins en moins de temps au préparatoire et les pharmacies sous-traitent le plus souvent cette tâche.
Parmi les autres grandes évolutions du métier : l’influence des nouvelles technologies. Dans cette grande officine, l’automatisation est à l’œuvre. À l’étage, la quasi-totalité des médicaments qui ne peuvent pas être exposés en boutique sont stockés par un robot capable de ranger chaque produit à sa place automatiquement. Aussi, depuis le comptoir à l’étage en dessous, les préparateurs peuvent choisir sur leur écran le médicament souhaité, et le réceptionner quelques secondes plus tard. Sur place, c’est assez impressionnant. Romélie et ses collègues ont également dû en prendre la mesure. « Dans ce métier, il faut d’abord avoir de l’empathie, la capacité d’être à l’écoute des gens. Et la capacité d’adaptation fait partie de notre profession, face à l’évolution de nos tâches et des officines, mais également face aux clients, insiste la préparatrice. Nous tombons parfois sur des personnes impolies ou impatientes, mais la plupart du temps, j’ai des échanges agréables. Ce que je préfère, c’est être au comptoir, échanger avec les gens. Et, parfois, jouer presque un rôle de confidente.«