Le métier de soigneur animalier m’a toujours fasciné. Après plusieurs mois d’attente et de négociations, j’ai pu le découvrir auprès des équipes de la Ménagerie du Jardin des Plantes de Paris, l’un des plus vieux zoo du monde. Reportage.
Habituée des parcs animaliers et aimant les animaux depuis toute petite, je me suis toujours demandée à quoi ressemblait le métier de soigneur. Le temps d’une journée, la Ménagerie du Jardin des Plantes, située au cœur de Paris, m’a reçue afin de découvrir cette profession en détail. Je trépigne d’impatience depuis quelques jours à l’idée de passer de l’autre côté du miroir. Le rendez-vous est fixé, début juillet, à 8 heures 30. Dès mon arrivée, je suis accueillie par Cyril, soigneur animalier s’occupant notamment des pandas roux.
Ma première tâche sera de l’accompagner au sein de leur enclos afin d’effectuer un training. “Il s’agit de les habituer à s’approcher de nous pour que nous puissions regarder si tout va bien et le cas échéant procéder à des soins”, m’explique Cyril. Pour les attirer, nous prenons une mixture composée de bambou et de fruits. Rapidement Maya s’approche et chope les grains de raisin qu’on lui tend. Tajmin, le plus jeune des deux est aussi le plus méfiant. Il reste perché en hauteur, n’osant pas s’approcher. “Pour les animaux, lorsque nous sommes trop nombreux dans l’enclos ce n’est pas bon signe. Car souvent, quand nous sommes accompagnés, il y a le vétérinaire et cela signifie qu’il y a des soins”, détaille Cyril. Moins farouche, Maya fera plusieurs allers-retours pour effectuer les exercices demandés et récupérer au passage ses récompenses. “Il faut toujours les féliciter”, précise le soigneur.
Au bout de dix minutes, il est temps de faire le ménage dans l’enclos. Ici, il n’y a pas grand-chose à faire à part nettoyer les petites niches où se cachent les pandas roux pour faire leurs besoins. Armée d’une pelle et d’une balayette, je récupère les déjections et les place dans un seau. “C’est la partie la moins sympa”, concède Cyril en souriant.
Polyvalence
Il est quasiment 9 heures quand nous ressortons de l’enclos. Cyril reste pour effectuer les dernières tâches et notamment pour rincer les gamelles. De mon côté, je rejoins Aurélie dans la cuisine centrale, située à l’autre bout du parc. Avec son équipe, cette soigneuse est chargée de préparer les denrées alimentaires qui seront données dans la journée à l’ensemble des animaux. Tout est répertorié dans des fiches nutritives. “Nous effectuons les préparations la veille en fonction des régimes alimentaires de chacun des animaux mais également des consignes données par les soigneurs des différents services”, m’explique-t-elle. Quand je la retrouve, la petite camionnette est déjà pleine à craquer. “Tout ce que nous livrons le matin a été préparé la veille”, ajoute la soigneuse. À 9 heures 20 nous débutons la tournée et faisons un premier arrêt à la nurserie.
Durant une heure, nous multiplierons les haltes pour décharger la camionnette des divers aliments : graines, fruits, légumes, poissons et même poussins morts pour les chouettes ! Tout est millimétré et le chargement du véhicule est optimisé pour faire le moins de manipulations possibles et ne pas trop se fatiguer. Car je comprends très vite que le métier de soigneur animalier peut être éprouvant. Il faut notamment avoir l’énergie et la force nécessaires pour porter les cagettes de légumes qui peuvent avoisiner une dizaine de kilos ou bien réussir à se saisir d’un animal sans le blesser. “Il faut être polyvalent. Ce qui est bien c’est que l’on s’ennuie jamais !”, confie Aurélie.
La fin de matinée approche et ma prochaine mission est d’aider Sébastien à nourrir les flamants roses. Avant d’entrer dans l’enclos, les consignes de sécurité sont de mise. “Restez près de moi car ils n’ont pas l’habitude d’avoir du monde sur la pelouse. Et s’il y a un mouvement de panique, vu que leur pattes sont fragiles, ils peuvent se blesser”, me détaille-t-il. Le soigneur me met également en garde contre les oies bernaches qui peuvent pincer… Une fois dans l’enclos, l’un des flamants roses se rapproche de Sébastien. “C’est l’un de ceux que nous avons élevés depuis sa naissance. À chaque fois que je viens, il se colle à moi!”
Métier passion
Une fois le groupe nourri , direction l’enclos des potamochères, une sorte de sanglier. Avant d’y entrer, il faut les faire se replier dans leur cabane car ils peuvent être agressifs. La jeune soigneuse qui s’en occupe peinera à les convaincre et mettra dix bonnes minutes à y parvenir. Une fois à l’intérieur de l’enclos, je suis chargée de nettoyer les vitres donnant sur l’extérieur et de cacher la nourriture. “C’est parfois nécessaire pour certains animaux dont la principale occupation à l’état sauvage est de chasser. Pour éviter qu’ils ne s’ennuient, nous les nourrissons plusieurs fois par jour ou nous leur faisons des jeux de piste pour qu’ils trouvent les aliments”, m’expliquait Aurélie, un peu plus tôt dans la journée.
L’après-midi sera plus calme. Après une pause déjeuner, il est 15 heures lorsque j’assiste au training des aras. Comme pour les pandas roux, il s’agit d’inciter les perroquets à se rapprocher grâce à de la nourriture et de vérifier que tout va bien. Sur les six animaux, seuls quelques-uns oseront venir près de nous. Aurélie tente de les attirer en les appâtant avec des noix, mais rien n’y fait. “Il faut faire preuve de patience et surtout aller à leur rythme. S’ils ne veulent pas s’approcher, il faudra retenter un autre jour”, insiste-t-elle.
Patience, rigueur et persévérance sont en effet des compétences nécessaires pour exercer ce métier. Être passionné semble également être indispensable. “Ce n’est clairement pas une profession que l’on fait pour l’argent, confesse Sébastien qui a débuté au Smic. Mais c’est un métier magnifique, surtout quand on œuvre pour la réintroduction, dans la nature, d’animaux menacés comme avec les tamarins lion doré, des petits singes originaires du Brésil.” En effet, selon le soigneur, dans les années 1960, menacés d’extinction à cause de la déforestation, ils n’étaient plus que 300 à l’état sauvage. “Aujourd’hui, grâce aux politiques de réintroduction des différents parcs animaliers nous en recensons plus de 3 000. C’est encore peu mais c’est une énorme évolution”, conclut le soigneur.
A LIRE AUSSI : Le Zoo de Beauval recrute pour 2020