Parcours Emploi Santé, le dispositif qui lève les freins à la recherche d’emploi

Pour se saisir des enjeux de la santé mentale des chômeurs longue durée et favoriser leur retour à l’emploi, Pôle emploi a lancé, en mars 2022, le Parcours Emploi Santé. Camy Puech, CEO de Qualisocial, entreprise spécialiste de la prévention des risques psychosociaux sollicitée pour le programme, décrit la démarche.

Pourquoi avez-vous été sollicité par Pôle Emploi pour la mise en place de ce Parcours Santé Emploi ?

Notre travail est de faire le lien entre travail, psychologie et santé mentale. Nous accompagnons les organisations à prendre soin de la santé mentale de leurs collaborateurs, particulièrement dans les phases de restructuration et de licenciements. Nous soutenons 600 organisations publiques et privées, pour à peu près un million de salariés en France. Notre expertise est d’accompagner un individu face aux situations qu’il rencontre, qu’elles soient d’ordre professionnel ou privé, et de l’aider à lever les freins pour sa qualité de vie et son parcours professionnel.
Quand le Parcours Emploi Santé a été imaginé, nous avions cette expertise de la santé mentale et du travail. Nous travaillions déjà avec Pôle emploi sur des situations de plans de licenciements importants, donc la sollicitation pour participer à cette opération s’est faite naturellement.

Dans quelle mesure ces freins psychologiques peuvent-ils perturber la recherche d’emploi ?

La perte d’un emploi ou l’incapacité à trouver un emploi ont un impact très important sur la santé mentale. Cela impacte la confiance en soi, la capacité à envisager un avenir prospère. La particularité de cet impact est qu’il réduit la capacité à trouver un emploi. Il y a donc un cercle vicieux qui peut rapidement s’installer. Et cela devient le premier frein, avant les questions de CV, de compétences ou de présentation. C’est une question de confiance en soi et finalement de projection vers l’avenir.
C’est un point commun à tous, mais chacun a ses propres difficultés qui le contraignent dans la recherche d’un emploi. Le principe du Parcours Emploi Santé, c’est donc de prendre la personne dans son intégralité.

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Comment se déroule le parcours ?

D’abord en réalisant un diagnostic important. Chaque demandeur d’emploi va bénéficier d’un rendez-vous avec trois experts : un psychologue, un professionnel de santé et un professionnel de l’emploi, pour poser tous les éléments de la situation. A partir des résultats, le psychologue référent proposera un programme d’accompagnement qui s’appuiera sur des compétences pluridisciplinaires pour aider la personne à lever ses freins dans le but de retrouver un emploi. Le parcours dure six mois.
Parmi nos équipes, nous avons également des nutritionnistes, des ergothérapeutes, des addictologues, des spécialistes de l’aide aux aidants et du traumatisme, des assistants sociaux. La démarche se fait très en amont et très à l’écoute du demandeur d’emploi. Cela passe avant tout par l’écoute de sa situation, plutôt que par des propositions de solutions immédiates. Nous avançons selon la méthode des petits pas pour identifier les causes profondes du blocage. L’objectif étant de lever ces freins durant les six mois du parcours. A l’issue, chaque personne aura son propre rythme et pourra repositionner son projet selon son besoin. C’est l’agent ou le conseiller de Pôle emploi qui a l’outil à sa disposition et peut le proposer au demandeur d’emploi.

Le programme s’effectue en présentiel ?

Le but est de s’adapter aux personnes. Donc on essaie d’organiser une première rencontre en présentiel, même si actuellement il y a beaucoup de freins, à commencer par la hausse du prix de l’essence et la covid. Le parcours a donc été conçu pour pouvoir être réalisé en 100 % distanciel si nécessaire, bien que le modèle soit plutôt de trouver le parfait équilibre entre distance et présence.
Nous sommes présents dans toutes les régions et sur tout le territoire. Ce genre de services exige une proximité locale, surtout en termes d’emploi. La vie économique parisienne n’a rien à voir avec la vie économique du Finistère par exemple. Nos professionnels de proximité sont basés partout en France, là où sont les demandeurs. Même les rendez-vous à distance se font avec des spécialistes de proximité.

Avez-vous déjà des premiers retours de participants au programme ?

Oui, bien que le dispositif soit récent et que les premiers parcours ne soient pas encore achevés. Dans ce programme centré sur la santé et le vécu, les participants trouvent un certain espace de liberté. Beaucoup nous disent y trouver une bouffée d’oxygène, être écoutés par rapport à leurs difficultés propres. Nous constatons déjà d’importants progrès, pour exprimer ce qu’ils vivent et donc d’avancer par rapport à leurs besoins en levant les freins psychologiques.
Les retours nous montrent que chez beaucoup de personnes, il y a un déphasage entre ce qu’ils ressentent et leur parcours dans la recherche d’un emploi. Ils font des choses qui ne leur correspondent pas. Le fait de prendre le temps d’échanger avec un psychologue et de s’interroger sur les freins que l’on subit permet justement de recentrer ses envies et ses besoins. Cette introspection est la première étape nécessaire pour chercher un emploi.