« J’ai pensé ce livre comme un plaidoyer pour le changement, résume Didier Goutman. Cela ne sert à rien de vouloir forcer les choses ou de s’accrocher à un job si on ne s’y plaît pas, si on ne s’entend pas avec le patron, si on ne se projette pas. Il faut accepter de changer, ou au moins essayer de changer, et combattre l’immobilisme et le poids des usages. Et être à son écoute, le burn-out peut souvent résulter d’un manque de considération des premiers signaux négatifs. » La première étape pour reprendre le bon fil de sa carrière peut ainsi être ce cap psychologique à dépasser, cette acceptation du fait qu’un problème doit être adressé et réglé. Et c’est cette prise de conscience de la nécessité de changement qui constitue le premier pas indispensable vers un cercle vertueux.
Trouver ce qui nous anime
Outre l’identification du ou des problèmes que l’on ressent au travail, celle de ses moteurs et de ses envies profondes est également déterminante. Pour cela, Didier Goutman propose, entre autres, une méthode de listing : « Je propose de faire deux listes simples en parallèle, sans trop y réfléchir : une liste de situations positives au travail, d’activités concrètes et de moments qui nous plaisent ; et une liste de situations négatives, dans lesquelles on ne se sent pas à sa place. Cela permet d’aider à prendre conscience de ses drivers, à comprendre ce qui nous anime positivement dans la vie professionnelle. Parce que pour changer, il faut définir des critères de choix et savoir ce que l’on ne souhaite plus. »

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Six façons de changer pour le mieux
Du simple pas de côté jusqu’à la réinvention totale, le changement peut s’opérer à différents degrés. Dans son ouvrage, Didier Goutman identifie six natures de changement, du plus simple au plus exigeant.
- 1° Changer de narration
« Revoir simplement la façon dont on se raconte les choses peut suffire dans certains cas. Si on ne peut pas changer toutes les situations par soi-même, on peut changer la manière dont on les regarde, dont on les vit. Hors situations toxiques et vraiment indépendantes de soi, on se crée aussi beaucoup de problèmes seuls. J’encourage donc la prise de recul. On peut tout à fait retrouver du positif sans changer de job, simplement en changeant de narration interne. »
- 2° Changer de posture
« L’idée se rapproche du changement de narration, mais, là, il s’agit plus de posture externe : la façon dont on se comporte au travail, son attitude vis-à-vis des autres et dans les relations interpersonnelles. En changeant de posture, en évitant le conflit, on peut s’épargner beaucoup de situations négatives. »
- 3° Changer de job
« J’entends ici le fait de changer de contexte de travail. De partir faire le même métier ailleurs, avec un nouveau patron, de nouveaux collègues, de nouvelles méthodes. Dans certains cas, le changement de posture ne suffit pas, parce que c’est l’environnement qui pose un problème. Mais il ne faut pas pour autant renoncer à son métier si on l’apprécie. Changer d’entreprise ou de manager peut être libérateur. »
- 4° Changer de niveau
« Par changement de niveau, j’entends l’idée de la juste pointure. Je vois beaucoup de gens qui souffrent dans des métiers qu’ils apprécient, mais qui ont fini par devenir trop étroits ou trop larges. Peut-être que votre job ou votre secteur vous correspond, mais que le cadre et les conditions d’exercice ne conviennent pas ou plus. Une promotion ou une progression hiérarchique peut être bénéfique, mais, dans certains cas, cela sera la source de la souffrance. À chacun son équilibre. »
- 5° Changer de voie
« Tout plaquer pour se réinventer, c’est un peu la voie royale du changement, le type de reconversion dont on entend beaucoup parler. Mais attention, toutefois, à ne pas se précipiter et à rester réaliste. Ce n’est pas parce que vous découvrez le développement personnel à 45 ans que vous pouvez devenir coach. Mais si elle est motivée et réfléchie, si elle part de ce qui nous anime, la reconversion radicale peut révéler de belles surprises. »
- 6° Changer de vie
« Quand on souffre au travail, parfois, les solutions sont ailleurs, et changer de travail ou de voie ne fait pas toujours sens. Je rencontre des gens qui reprochent à leur job des choses qui n’y sont pas liées. Il faut parfois plutôt changer des choses dans sa vie personnelle pour assurer un meilleur équilibre vie pro/vie perso, et évacuer certaines frustrations. Si on manque de créativité, de mouvement ou de relationnel dans son travail, on peut en trouver dans sa vie perso. »
Je ne suis pas bien au travail… je change quoi?, Eyrolles, novembre 2024.