Celui que l’on surnomme « PAB » est en pleine transition de carrière. Après plus de 10 ans d’un parcours professionnel sur les pistes d’athlétisme, le spécialiste du 800m a définitivement mis un terme à sa vie de sportif de haut niveau en fin d’année 2023. Et doit depuis s’orienter vers l’après, à seulement 32 ans. « Je n’ai pas fait d’études et j’ai consacré ma vie adulte et professionnelle à mon sport et à ma passion, les opportunités pro et post carrière viennent donc exclusivement avec le réseau. Et en misant sur les quelques compétences que l’on peut avoir en dehors du sport. J’ai par exemple l’habitude de faire des conférences sur différentes thématiques », explique Pierre-Ambroise Bosse.
Avant de décider définitivement de son orientation professionnelle pour les prochaines années, PAB s’est lancé dans un nouveau défi : sensibiliser et fédérer autour des enjeux de lutte contre la pollution et du recyclage. « En tant qu’athlète, j’allais aux quatre coins du globe pour courir avec les meilleurs du monde, sans trop prendre conscience du bilan carbone de tout cela, concède l’intéressé. C’est en 2020 que j’ai commencé à apprendre et à m’engager sur ces sujets. Face à l’urgence de ces enjeux et au climato-scepticisme qui persiste, l’idée, c’est de ramener de l’écologie positive, de fédérer un mouvement citoyen autour de l’environnement. » Une prise de conscience et un engagement qui le mènent à lancer The Clean Project, avec son ami Bryan Cantero, également ex-athlète, un mouvement associatif et bénévole créé en février 2024.
Un festival pour l’environnement
Quelques mois à peine après la fin de sa carrière, PAB se mue donc en président d’association, en pleine campagne de financement participatif sur Ulule. En ligne de mire : la première édition du festival, prévue à Lyon les 18 et 19 octobre prochains. « Bryan Cantero, un de mes meilleurs amis, était ambassadeur du World Clean’up day, une association qui fait des évènement de collecte de déchets. J’ai participé à un clean’up et j’ai pu prendre conscience de l’ampleur et de l’omniprésence des déchets. Pour aller plus loin, nous avons voulu mêler l’utile à l’agréable, en ramenant la musique, la culture, le sport, pour ramasser des déchets et faire des actions responsables tout en s’amusant », rapporte Pierre-Ambroise Bosse. Grâce à son réseau de sportif de haut niveau et à certains partenaires et sponsors qui le suivaient en tant qu’athlète, il parvient avec sa petite équipe à poser les bases de son projet et du festival. Sur place, tout un écovillage est prévu, avec des entreprises et des acteurs du recyclage et de la revalorisation des déchets, des associations…

Des collectifs d’artistes et des DJ seront chargés d’animer le tout, pendant que les participants et les visiteurs devront ramasser le plus de déchets possibles, notamment des mégots. Et, en passant par l’application Trash spotter, le challenge sera connecté : chaque typologie de déchets rapporter des points. « On a essayé de créer ça pour rendre les choses les plus ludiques possibles. Le but c’est de créer de la cohésion et du partage, de sensibiliser et d’amener de la pédagogie autour de ces sujets. Et nous prévoyons également un gros live Twitch durant le festival, avec toute une équipe d’ambassadeurs. » En parallèle, au-delà du festival et de ses prochaines éditions, le collectif ambitionne également de créer des rendez-vous un peu partout en France, voire en Europe. « L’objectif, ce n’est pas un one-shot, c’est de fédérer un véritable mouvement citoyen », affirme PAB.
Les jalons de la reconversion
Si Pierre-Ambroise Bosse a fait de son projet responsable une pierre angulaire de son après carrière, il commence également à préparer sa reconversion sur le plan professionnel. Avec deux associés, il travaille ainsi sur un projet de salles de sport, dans lequel il pourrait lui-même être coach et formateur de coachs, en plus de son rôle de gérant. « Nous allons essayer de monter ce projet d’ici à 2025″, explique-t-il. S’il projette de rester proche de l’univers sportif, PAB concède que c’est l’essoufflement de sa passion pour le haut niveau qui l’a poussé à mettre un terme à sa carrière si jeune : « J’avais un peu la tête dans le guidon et le sport est vraiment devenu mon métier, ce qui a jalonné ma vie au quotidien pendant des années, mais c’est vrai que petit à petit, la passion qui tenait tout cela n’était plus aussi forte. Pour réfléchir à l’après, ce n’était pas évident, parce que je n’ai pas vraiment d’autres passions ou compétences que le sport, mais j’aime beaucoup les gens et le contact humain. Je sais que mon objectif, c’est de rester proche des gens, et lier cela au sport semblait naturel. »
A propos de cette « petite mort », que l’on cite souvent pour qualifier la fin d’une carrière de sportif, il relativise : « C’est certain qu’il y a un grand vide, on voit son corps changer petit à petit, on a plus cette pression de l’entrainement. On vie pour faire du sport, mais il faut accepter ces changement. Et ça n’a pas été très difficile pour moi d’arrêter, j’aurais même pu le faire plus tôt. Mais il faut quand même dire qu’il faut faire attention à bien s’entourer et à s’y préparer, sans quoi on peut vraiment subir cette transition. »
Pendant les Jeux de Paris 2024, PAB ne sera qu’à un pas de sa vie d’avant : il a accepté de rejoindre les antennes de RMC pour commenter la compétition. « Cela ne se refuse pas ! Le sport de haut niveau c’est fini pour moi, mais ce sera génial de voir des Français choper des médailles devant mes yeux. » Les prémices d’un autre levier de reconversion ?