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Prise de parole : comment préparer votre voix

« Parler ? je le fais tous les jours… », « Apprendre à respirer ? Pas besoin, c’est naturel… ». Ce sont des mots que j’entends souvent lors de mes coachings pour Yapuka. Alors oui, ces actions nous sont naturelles et nous n’y faisons plus attention. Cependant, bien parler est un art. Cela suppose un entraînement et l’apprentissage de techniques pour maîtriser cet art de la prise de parole en public. Au cœur de cette maîtrise, au-delà des mots, il y a d’abord la voix. Par Sarah Mahmoud, Coach Vocal et Coach pour Yapuka

La voix est au cœur de la communication et donc de la rencontre avec l’autre. Lors d’une prise de parole, nous entrons en relation avec l’autre. Nous parlons devant un public. Denis VASSE, psychanalyste dit qu’écouter quelqu’un c’est entendre une voix qui vient d’ailleurs que de soi. Il dit qu’entendre s’est laisser résonner la parole d’un autre. Les modulations de la voix stimulent les caisses de résonance du corps. Cela permet de reconnaître la voix entendue. Ainsi, la voix révèle comment la personne parle et d’où la voix prend forme. C’est pourquoi, la voix de notre interlocuteur influence plus la compréhension du discours plutôt que son contenu (environ 20 % d’importance pour les mots et 80% pour la voix).

 

Technique vocale : les modulations

Au quotidien, la voix se module en fonction de la situation. Quand on parle, on entend monter ou descendre sa voix. C’est ce qu’on appelle la mélodie ou l’intonation, un élément essentiel de la communication. Qu’est-ce que la mélodie ? Elle consiste en des variations de hauteur de la voix. D’après Bertil MALMBERG, la mélodie est un accent musical. La mélodie de la voix parlée va porter le sens de la phrase, elle va permettre de faire ressentir un message affectif ou d’attirer l’attention.

 

Les modulations peuvent être travaillées sous forme de vocalises qui font partie de la technique vocale.

Ce sont des exercices permettant le travail :

❖ De la prononciation (voyelles et consonnes) : le placement de langue va être ici très important. Le fait d’avoir une tonicité permet au niveau de la précision de l’intonation d’être plus juste,
❖ Du rythme avec la ponctuation : le débit de la voix va varier en fonction de l’état émotionnel. La voix et les mots dépendent de la façon dont le souffle est projeté et de la position de la mâchoire. Cela va donner du rythme au discours et donc influencer sur la compréhension du message,
❖ Du placement vocal : avec l’exploration des différents mécanismes de la voix (voix de tête et voix de poitrine). Cela va nous permettre d’identifier le timbre d’une personne et donc de définir sa signature vocale.

La technique vocale est utilisée par tout professionnel de la prise de parole (chanteur, comédien, orateur, avocat, professeur, politicien, humoriste…). C’est une discipline qui ne devrait pas être considérée comme ennuyeuse et/ou rébarbative. Elle devrait, au contraire, être pensée comme un moment de bien-être pour permettre un geste vocal sain et efficace. Mais la technique vocale ce n’est pas seulement un travail mélodique avec les « vocalises », c’est aussi apprendre à respirer, à gérer son souffle. Cela est déterminant pour bien distribuer les pauses et les silences afin d’ajuster et d’aérer son texte pour qu’il parvienne le plus fluidement possible à l’interlocuteur.

 

Le silence, comme ponctuation

Il n’y a pas de voix sans durée, sans rythme, sans ponctuation et donc pas de voix sans silence. Perrine HANROT, coach vocale, écrit que les silences ne sont ni des blancs, ni des trous mais deviennent des pleins. Les silences laissent alors place aux questionnements, aux sous-entendus, aux regards. Ils donnent de la couleur et de la vie à notre voix. Le silence ancre le discours, il est notre ponctuation orale. Il remplit de sens la parole qui le précède. Les silences laissent à la personne qui écoute le temps d’assimiler ce qui vient d’être dit, de se l’approprier et de se le répéter intérieurement.

 

Le silence, un retour vers soi

Au-delà de l’importance des silences pour la compréhension du discours, il est important pour le locuteur de revenir à soi, de prendre conscience de son corps en tant « qu’instrument ». En effet, une des choses qui nous permet de mieux parler, est la prise de conscience de l’état physique et sensoriel dans lequel on se trouve. Pour cela, une mise en état corporel s’impose avant toute préparation vocale : dynamiser, détendre et rendre au corps toutes ses possibilités vibratoires. « Mais pourquoi s’échauffer le corps ? » Parce que c’est l’instrument de la voix, comme peut l’être un violon pour un violoniste. Il faut en prendre soin !

 

« Apprendre à respirer ? Pas besoin, c’est naturel… ».

Respirer est vital et naturel. C’est cependant la base fondamentale dans une prise de parole. Respirer c’est permettre au corps d’emmagasiner de l’énergie tout en se relaxant. C’est grâce à ce double mouvement d’accumulation qu’il sera possible de parler de façon claire. Je voudrais distinguer ici trois types de respirations :

– La respiration abdominale/diaphragmatique : la respiration idéale pour la voix parlée. Elle apaise et permet de se recentrer avant de prendre la parole.
– La respiration costale : ouverture des côtes. Elle est utilisée lors d’un effort physique et pour la voix chantée.
– La respiration claviculaire, dite « haute » : c’est la respiration d’urgence, que l’on utilise lors d’émotions fortes ou lorsqu’on manque d’air.
La respiration est indispensable pour renouveler l’air. Elle s’adapte aux situations que nous vivons et reflète donc notre état émotionnel du moment.

 

L’état émotionnel

Prendre la parole en public provoque généralement des émotions fortes avant ou après le discours : le stress, l’angoisse, l’anxiété, ou à l’inverse, l’euphorie et l’excitation.
Parfois, toutes ces émotions se mélangent. Il est essentiel de parvenir à les maitriser car elles peuvent paralyser ou faire perdre le fil du propos. Il est donc indispensable d’être dans l’instant présent, pour être en connexion avec l’auditoire, afin que ce dernier le ressente pleinement.

 

Alors comment préparer votre voix ?

1. Tout d’abord, comprenez pour maîtriser l’organe de la voix,
2. Échauffez votre corps,
3. Portez l’attention sur votre respiration,
4. Échauffez votre voix : placement de la voix, travail du souffle en connexion à la vibration, ouvertures des résonateurs, travail de la voix de tête et de la voix de poitrine, travail du timbre et maîtrise du geste vocal,
5. Et enfin, jouez avec le texte, les intentions, le phrasé, le rythme, la prononciation et les émotions.

Toute cette recette pour prendre du plaisir et libérer votre voix !

 
Sarah Mahmoud, Coach Vocal et Coach pour Yapuka

 

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