Selon un sondage mené par Indeed à l’échelle mondiale, 87 % des responsables RH et près de 70 % des chercheurs d’emploi utilisent aujourd’hui des outils d’intelligence artificielle ou assimilés, dans le cadre d’un recrutement ou des démarches liées à une candidature. Si l’utilisation croissante de l’IA par les recruteurs est de plus en plus soulignée, c’est pourtant moins le cas s’agissant des usages potentiellement utiles pour les candidats. L’apport des outils exploitant l’IA peut se révéler être ce petit plus dans une candidature. « On ne met peut-être pas suffisamment en avant en quoi les outils d’IA peuvent être utiles et on a tendance à faire l’amalgame, en pensant qu’un candidat qui utilise de l’IA pour l’aider est un « flemmard », mais ce n’est pas le cas, corrobore Valentin Pouillart, cofondateur de CVDesignR, plateforme d’édition de CV qui propose plusieurs fonctionnalités boostées à l’IA. L’utilisation d’outils d’IA pour challenger son CV est d’autant plus intéressante que les recruteurs eux-mêmes utilisent de plus en plus des outils d’analyse de data qui parcourent les candidatures pour les trier et les classer. Le fait d’avoir un CV optimisé favorise ses chances d’être placé en haut de la pile. » Claire Grisolia, directrice marketing digital, expérience client et opérations talents de Randstad France, pose le même constat : « Utilisée de la bonne façon, l’IA peut être une formidable alliée, et son usage peut rapidement créer une différence entre ce qu’on appelle les early adopters, ceux qui vont y aller tout de suite avant que cela ne devienne standard, et ceux qui sont plus frileux.«

À lire aussi
CV vidéo : une bonne idée pour se démarquer?
Des candidatures plus abouties
Parmi les usages d’IA générative qui se démocratisent et sont facilement accessibles à toutes et tous : la composition du CV, la préparation d’un entretien ou encore la rédaction d’une lettre de motivation et le suivi des candidatures (Notion, Trello, Grimp, outils Google…). « Notre outil principal est un éditeur de CV en ligne, avec un système de modèles interchangeables et modulables, explique Valentin Pouillart. Les réponses de l’outil vont guider le candidat sur la manière et les raisons de formater son CV de telle ou telle sorte. L’IA générative sert à déterminer quel type de contenu peut avoir sa place. » L’IA est ainsi capable de proposer et de signaler l’utilisation de mots-clés spécifiques, et un modèle de CV plus conforme aux attentes des recruteurs. « Cela va donner beaucoup de relief au CV. Et surtout, cela va permettre de donner une dimension beaucoup plus professionnelle« , complète le dirigeant de CVDesignR. Outre les outils spécialisés dans l’édition du CV, un logiciel comme ChatGPT peut également être sollicité, à condition de lui signifier une requête claire et de lui fournir les informations nécessaires. « On peut demander à ChatGPT d’évaluer notre CV, par rapport à l’offre d’emploi qui nous intéresse. De sorte à améliorer sa candidature grâce aux retours de l’IA, explique Claire Grisolia. On peut également penser à l’aide à la rédaction d’une lettre de motivation selon des critères précis, ou simplement à la correction des fautes d’orthographe ou de syntaxe.«
Pour profiter de la capacité de réflexion et de réponse de l’IA générative, ChatGPT peut, en outre, être utilisé pour s’entraîner à l’entretien d’embauche et anticiper les questions potentielles. « Mais il ne faut pas tomber dans le piège de ce genre d’usages en n’étant pas suffisamment prudent ou cadré. L’IA est une aide supplémentaire, mais elle ne doit pas tout déterminer« , complète Valentin Pouillart.

À lire aussi
Quels sont les métiers les plus menacés par l’IA ?
Rester authentique
Si l’IA générative peut donc bien être un allié de poids pour une candidature, il ne faut pas qu’elle prenne le pas sur le reste. « Il est important de rappeler que ces usages ne valent que si l’on s’approprie ces technologies en prenant bien soin de rester authentique et fidèle à ce que l’on est, il faut être à l’aise et en phase avec ce que l’on va transmettre à une entreprise, affirme la directrice du marketing digital de Randstad France. Ce qui compte, c’est l’intelligence critique, il faut prendre du recul face à ce que nous dit la machine.«
CVDesignR accorde ainsi une attention toute particulière à cette prise de recul. « L’IA nous permet de prodiguer des conseils spécifiques selon les métiers et les secteurs. Il s’agit de pousser les utilisateurs à s’approprier l’outil pour partir de l’exemple de base et aboutir à une version totalement personnalisée de leur CV. L’idée n’est pas de prendre la V1 proposée par l’IA sans la modifier ou la vérifier. C’est pour cela qu’un CV qui sera 100 % IA, nous, nous allons le bloquer sur notre fonctionnalité de diffusion de CV auprès des recruteurs », confirme Valentin Pouillart. Autrement dit, l’IA générative doit rester un outil, sans pour autant être une alternative toute trouvée à sa propre réflexion et prise de décision. « Les candidats vont se différencier s’ils restent eux-mêmes tout en améliorant leurs démarches grâce aux outils numériques, mais attention, un trop-plein d’IA peut aussi avoir des conséquences négatives, prévient Claire Grisolia. Si par exemple un recruteur se laisse convaincre par une candidature, mais constate en entretien que ce n’est pas le reflet de la motivation du candidat. Il faut savoir expliquer et incarner tous les aspects de sa candidature. »