Du haut de ses deux fromageries et caves « Les Fromages Divins », situées à Fontenay-sous-Bois (94) et à Saint-Mandé (94), Myriam Berrah mène ses affaires aux côtés de son conjoint et associé Thoma Poro. À 40 ans, et après une reconversion professionnelle totale entamée en 2017, cette passionnée a trouvé sa voie. « J’ai fait des études de droit, en finissant par un master en droit social et droit du travail, pour ensuite travailler en tant que juriste pour plusieurs directions RH et juridiques de grosses entreprises », raconte-t-elle. Problème, pour celle qui souhaitait à l’origine faire une école hôtelière, cette activité de juriste n’est pas épanouissante. « Je manquais de sens dans ce que je faisais, je ne voyais pas suffisamment la finalité de mes contributions, je passais du temps à remplir des papiers, des feuilles Excel, sans qu’il y ait de passage à l’action. J’ai toujours su que je ne resterais pas en cabinet d’avocat ou en cabinet juridique indéfiniment », confirme l’intéressée.
Pour Myriam Berrah, l’aspiration professionnelle est ailleurs, guidée par ses premiers centres d’intérêt. Et ce, malgré la stabilité et le relatif confort de son activité de juriste. « J’avais deux choses en moi : d’une part, une attirance pour tout ce qui touche aux arts de la table et à l’œnologie, et d’autre part, une forte envie d’entreprendre pour pouvoir exprimer ma créativité et prendre ma carrière en main », complète la fromagère-caviste.
Du tout au tout
C’est ainsi qu’en août 2017, lorsque l’opportunité de la disponibilité d’un local commercial proche de chez elle se présente, Myriam Berrah et son conjoint, lui-même ex-sommelier dans la restauration, ouvrent leur première fromagerie-cave à Fontenay-sous-Bois (94). C’est son associé qui suit le premier deux formations : un certificat de qualification professionnelle (CQP) de caviste et un autre de crémier-fromager. De son côté, notre reconvertie se met le pied à l’étrier sans attendre et se familiarise avec la gestion d’un magasin. Avant de suivre, à son tour, une formation au Centre interprofessionnel de formation des commerces de l’alimentation (Cifca), pour obtenir son CQP de caviste. Petite particularité : durant cette formation, qui a duré environ 10 mois à temps plein, Myriam Berrah est, en partie, en alternance dans… sa propre entreprise !
Dès l’origine, sa volonté est marquée : mener un projet de boutique qui allie fromagerie et œnologie. « À partir du moment où c’était déjà mon entreprise, je ne raisonnais pas comme une simple salariée en apprentissage, mais comme une cheffe d’entreprise qui doit développer son affaire, explique Myriam Berrah. J’ai donc dû rapidement monter en compétences et en structuration. » Pour notre reconvertie, la transition professionnelle s’est donc opérée par la pratique au quotidien. Très vite, trois mois après l’ouverture du premier magasin, le couple d’associés embauche une première personne. En 2020, c’est la deuxième boutique qui ouvre à Saint-Mandé (94). Aujourd’hui, après une baisse d’activité contrainte en raison du contexte post-Covid, Myriam Berrah emploie au total 5 personnes sur ses deux magasins, spécialistes du vin, des fromages ou de la crémerie.
La force de la reconversion
Depuis que sa reconversion est actée, la patronne est au four et au moulin dans ses fromageries, à la gestion commerciale et administrative comme à la vente et au conseil client. « Je me définis avant tout comme cheffe d’entreprise, précise-t-elle. Pas uniquement sur la partie opérationnelle, mais beaucoup sur la stratégie de l’entreprise et sa gestion au quotidien. » C’est là que son passé de juriste se révèle être une première carrière bénéfique : « Cela m’a donné quand même de solides bases qui m’aident énormément aujourd’hui. Cela m’a structurée, m’a donné des réflexes qui me sécurisent en tant qu’entrepreneure. » Ce quotidien de cheffe d’entreprise, c’est ce que recherchait Myriam Berrah. Ne pas être mono tâche, s’impliquer dans tous les aspects d’une activité en phase avec ses centres d’intérêt, voilà qui colle bien à sa personnalité.
« Pour autant, ce n’est pas quelque chose que je conseille à tout le monde », affirme la fromagère-caviste, citant notamment les difficultés actuelles liées à l’incertitude de l’inflation et du contexte international. Au fil des années, il s’agit de se réinventer, de développer de nouvelles offres. Aujourd’hui, Myriam Berrah propose ainsi également des ateliers d’œnologie et des prestations à domicile. Et transmet, à son tour, auprès des aspirants fromagers-cavistes et des futurs reconvertis, en tant que formatrice au Cifca dans le cadre de plusieurs CQP. La boucle est bouclée.