Quitter un confortable poste salarié pour se lancer dans l’auto-entrepreneuriat n’est pas chose commune. Et s’apparente à un sacré pari. Après vingt ans dans la fonction publique, Delphine Letort a fini par sauter le pas pour trouver sa voie, en créant sa micro-entreprise Histoires de vie.
Une reconversion réussie n’est pas toujours là où l’attend. Le parcours de Delphine Letort l’illustre bien. Aujourd’hui à la tête de sa micro-entreprise lancée en 2020 et spécialiste de l’accompagnement du deuil, la renaissance professionnelle de cette auto-entrepreneuse de 50 ans s’est faite sur le temps long, après deux décennies d’exercice dans la fonction publique territoriale et au gré d’une longue réflexion. Bien que sa passion pour l’humain et son intérêt pour le secteur funéraire ne datent pas d’hier. « L’envie de me lancer était là depuis plusieurs années, mais il m’a fallu ce long délai et cette longue réflexion, si vous faites les choses quand vous n’êtes pas prêts ça ne fonctionne pas. Et ce n’est simple de quitter une situation salariée confortable dans la fonction publique », confirme Delphine Letort. Et pour cause, notre reconvertie l’admet, le contexte et la situation au sein de la fonction publique lui étaient favorables, et rien ne l’a poussé à partir. Pour elle, le grand changement est le fruit de l’expérience et de l’introspection.
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Réfléchir sa reconversion
Titulaire d’un BTS d’assistance de direction et de gestion, Delphine Letort commence son parcours de fonctionnaire au sein du service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de Rennes, en tant que secrétaire de direction. Très vite, sa volonté de changement et de découverte la mène à connaitre différentes responsabilités : finance publique, gestion immobilière des casernes, formation et équipement des sapeurs-pompiers… Après dix ans d’expérience, elle s’intéresse aux opportunités de mobilité externe et pense déjà à sa future reconversion. « Durant une formation mobilité proposée aux fonctionnaires, un bilan de compétences a révélé que je suis une personne de terrain et pas de bureau. J’ai vite compris que mon terrain était l’humain et j’étais très touchée par le secteur du funéraire. Je me suis donc documenté sur les formations dans le secteur », se rappelle Delphine Letort. Malgré la présentation d’un devis de formation à sa direction, l’ancienne fonctionnaire ne se lance pas et reste dans la fonction publique. En gardant toujours la funéraire dans un coin de sa tête. Il y a sept ans, au gré de la mutation de son époux, elle rejoint la Haute-Savoie, et la mairie de la petite ville d’Etaux, pour laquelle elle gère le cimetière communal. « Dans son parcours il faut tenir compte des opportunités que la vie nous offre », assure-t-elle. C’est cette expérience décisive qui mènera Delphine Letort à entamer sa véritable reconversion et à assouvir sa quête de sens.
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Le grand saut
Son renouveau s’opère par deux grandes décisions : reprendre ses études en suivant une licence de psycho généalogie à distance à l’université de Rennes 2, le soir et le week-end ; et accomplir son ambition entrepreneuriale au sein du secteur du funéraire. Grâce à un accompagnement de la CCI de Haute-Savoie, Delphine Letort murit son projet et son idée, pensée autour d’un concept découvert quelques années auparavant dans la presse spécialisée et encore peu répandu en France : le QR code funéraire. Elle quitte la fonction publique après vingt ans de bons et loyaux service, fini ses études, mène une étude de marché et lancé sa micro-entreprise Histoires de vie en 2020. La néo-entrepreneuse présente son activité : « Histoire de vie est une plateforme numérique de biographies matérialisée par des QR codes gravés au laser et fixé sur la pierre tombale sur un médaillon en métal inoxydable ». L’idée étant de donner accès à la biographie de la personne, plus ou moins succincte, ainsi que des fichiers photos, audios ou vidéos et des témoignages. La décision de rendre ce QR code public ou pas revenant bien-sûr à la famille cliente, qui peut librement instaurer un mot de passe. « Mon combat est que les histoires de vie ne se perdent pas, d’honorer et de transmettre la mémoire », ajoute la fondatrice.
Depuis trois ans, Delphine Letort a trouvé le sens qu’elle cherchait. « Je suis reconnaissante d’avoir écouté cette voix et moi et qui m’a permis de m’épanouir aujourd’hui, d’être fidèle à ce que je suis. Je suis diplômée en psycho généalogie et certifiée en accompagnement du deuil, tout cela est complémentaire. Je suis très heureuse de faire ce que je fais, je peux dire que j’ai sauté de la falaise mais être là où l’on se sent bien cela n’a pas de prix ». Comme quoi, quel que soit l’âge ou le secteur, la reconversion est toujours une solution !