Il est bien nécessaire d’avoir en tête que 80 % des cas de handicap ne se voient pas. Il n’y a donc aucune obligation à mentionner son handicap dans son CV ou au cours d’un entretien d’embauche.
Le handicap de naissance ne représente que 7 % des cas de reconversions professionnelles. On oublie trop souvent celui qui survient en cours de vie active. Si le maintien dans l’emploi par l’entreprise est une chose possible, la plupart des accidents du travail ou des maladies dites professionnelles se terminent malheureusement par un licenciement pour inaptitude. Avec comme conséquence, une très longue période d’inactivité qui peut se traduire par de graves conséquences psychologiques.
Il convient donc d’envisager sa reconversion bien en amont et de se faire accompagner par tous les organismes spécialisés. Mais une question se pose, d’emblée : faut-il parler de son handicap, qu’il soit de naissance ou non ? Si cela peut être source de malentendu avec l’employeur, ces derniers encouragent à communiquer sur ce sujet avec les ressources humaines de l’entreprise.
“D’autant que certains candidats, à l‘aise avec leur handicap, en profitent pour dire aux recruteurs qu’ils peuvent mobiliser plusieurs aides auprès de l’Agefiph en engageant une personne en situation de handicap”, note Rémi Bordet, directeur des relations institutionnelles à l’Afpa.
Une réponse au cas par cas
Une fois le handicap digéré, la reconversion achevée, beaucoup de stagiaires se sentent perdus vis-à-vis de leur futur employeur. “Je pense qu’il faut agir au cas par cas en fonction de son handicap. Si un poste de travail nécessite des compensations, il faut l’évoquer avec le recruteur au moment de l’entretien. Mais en rassurant l’employeur pour ne pas lui faire peur”, remarque Pauline Mariault, chargée de mission actions associatives au sein de Ladapt [l’association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées].
Les premiers concernés, comme Nassiba Khelouiati, 44 ans, en formation de secrétaire-assistante et souffrant de névralgie cervico-brachiale évolutive, estiment que rien n’est gravé dans le marbre : “Il n’existe pas de réponse unique. Tout dépend de la société et de la direction. Cela doit se faire au feeling. Lors de mon premier stage, pendant ma formation, je ne l’ai pas déclaré. Je ne voulais pas que l’on me catalogue comme la personne en situation de handicap.”
“Avancer masqué, ça ne peut pas marcher”
Pour autant, à long terme, cacher son handicap (invisible) risquerait d’être contreproductif.
“Avancer masqué, ça ne peut pas marcher. Pour les jeunes adultes, entrer dans le monde de l’entreprise sans RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) est très difficile, car leurs handicaps sont des empêchements qui vont constituer des moins values, des pénalités. Leurs difficultés n’ayant pas été annoncées, les employeurs peuvent par exemple mal les considérer”, explique Jean-Marc Roosz, spécialiste de l’inclusion à l’école et au travail, et fondateur de École2Demain.
A contrario, faire valoir une RQTH “permet d’être plus facilement recruté, car les entreprises sont soumises à un taux d’emploi de personnes handicapées (6 %), et sont donc demandeuses.” En outre, dévoiler son handicap facilite sa prise en compte par l’entreprise, via des aménagements et des adaptations facilitant l’insertion au travail.