Reconversion : en finir avec le sentiment d’imposture !
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Reconversion : en finir avec le sentiment d’imposture !

Le sentiment d’imposture peut entraîner une démotivation et l’impression de ne pas être assez compétent. Surtout lors d'une reconversion professionnelle. La psychanalyste Virginie Megglé invite à se poser les bonnes questions pour mieux réussir à s’en libérer.

Le sentiment d’imposture n’est pas un simple manque de confiance en soi, c’est une remise en question profonde et permanente. Beaucoup de personnes en souffrent, même si peu l’avouent. Or cela freine leur élan vital, les met dans une situation d’inconfort persistant et sape l’estime de soi, regrette la psychanalyste Virginie Megglé, auteure de l’ouvrage Se libérer du sentiment d’imposture, s’autoriser à croire en soi (Eyrolles). « Le sentiment d’imposture est subjectif, tandis que le syndrome de l’imposteur en appelle à une forme d’objectivité puisque c’est un terme issu de la médecine, précise-t-elle. De plus, ce dernier est une des expressions ou étapes du sentiment d’imposture, mais pas la seule.» Comment déceler le sentiment d’imposture ? « On doute de sa légitimité par timidité, politesse, excès de modestie, détaille la psychanalyste. On minimise ses qualités, accentue ses défauts, attribue le succès à la chance, en ayant peur de ne pas être à la hauteur…» Cela conduit à se dire « J’ai eu de la chance, je n’ai pas de mérite, ai-je le droit d’être à cette place ?« . On craint de passer pour un imposteur.

Or, Virginie Megglé rappelle, dans son livre, qu’un véritable imposteur agit avec détermination : « Conscient de duper, même s’il finit souvent par se prendre à son propre jeu sans plus savoir être autrement, il sait son apparence trompeuse et la travaille dans les moindres détails, comme s’il était sa propre marionnette. (…) L’imposteur jouit à chaque seconde de parvenir à tromper « son » monde – on imagine le cynisme et la perversité d’une telle démarche -, notre antihéros vit dans l’appréhension de passer pour un (ou une) escroc.» L’antihéros, c’est la personne souffrant du sentiment d’imposture qui plonge « dans l’inquiétude, l’instabilité, le manque de certitude. La crainte obsessionnelle de mentir ou de passer pour un menteur.»

Oser s’écouter

Honte, culpabilité, appréhension, doute, malaise… Une fois identifiés ces sentiments qui freinent, Virginie Megglé propose, dans un premier temps, de ne pas se rabaisser en se disant que ce n’est pas normal  : « Il y a une réalité derrière tout sentiment donc on doit y accorder de l’attention et non le renier, douter de sa légitimité. Reconnaître que l’on souffre de quelque chose, c’est avoir le désir d’aller mieux !» Il est indispensable de résister à la tentation de la fuite et du déni, ou encore à la culpabilisation, afin de gagner en confiance. « Il ne faut pas douter de son doute, et oser s’écouter, en parler à d’autres, pour ne plus être isolé et pour prendre du recul, recommande la psychanalyste. Car trop souvent, face à une situation qui provoque le malaise, on cherche à l’effacer en se disant qu’on en est l’origine. Ensuite, il est nécessaire de s’interroger sur les réponses à trouver pour se sentir bien dans sa peau et à sa place, pour ne pas tricher avec soi-même. Il faut commencer par être à l’écoute du doute : que dit de moi cette impression d’illégitimité ? Mais mieux vaut éviter de chercher à se rassurer de manière artificielle. »

C’est d’autant moins facile quand on s’engage dans un processus de réorientation professionnelle. D’abord, face aux autres candidats qui visent le poste que l’on brigue, il est crucial de ne pas vouloir copier, ni ressembler à ses concurrents ou bien, pire encore, de ne pas dénigrer ses propres réussites. « La comparaison nous vide de notre substance, nous décentre, souligne Virginie Megglé. Par conséquent, il est capital de réapprendre à s’affirmer pour ce que l’on est, à partir de ce que l’on a et en oubliant les autres. Mais également de renouer avec son authenticité, son ambition première.» Ensuite, le changement de voie génère souvent inquiétude et sensation d’insécurité. Le travail sur soi pour ne plus se sentir dans l’imposture permet alors d’être mieux dans sa peau, quel que soit le vêtement porté, insiste Virginie Megglé.

S’en libérer pour gagner en sérénité

Elle constate par ailleurs que, si le sentiment d’imposture n’est pas l’apanage des femmes, ce sont elles qui semblent le plus souvent en souffrir : « Le fait de se sentir peu ou pas représentée induit un sentiment d’illégitimité. C’est ainsi que la honte, la timidité, la remise en question sont essentiellement le lot des filles et des femmes.» Et la psychanalyste d’ajouter  : « On dit souvent qu’il est plus fréquent chez les femmes, parce qu’il y a une différence de sensibilité avec les hommes. Mais ils sont tout autant concernés. Même si le discours dominant leur octroie moins la possibilité de douter et qu’eux-mêmes se l’accordent moins. Leur parole en la matière est moins libre…»

Virginie Megglé a également observé que la pandémie a renforcé et amplifié ce sentiment chez beaucoup car les repères ont été chamboulés. Et, pour surmonter l’insécurité de ces dernières années, de nombreuses personnes se sont mises à l’écoute de ce qui n’allait pas et ont été déstabilisées. Ces circonstances exceptionnelles se sont donc ajoutées à un sentiment déjà très répandu dans la population. Or, en reconversion, il est essentiel de bien l’identifier et de chercher à s’en libérer pour assainir les bases de sa carrière professionnelle et ainsi pouvoir la faire évoluer avec plus de sérénité…

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