Changer de métier en cours de carrière ? Le projet peut devenir réalité ! Cela passera probablement par la reprise d’études… sans inquiétude. Il existe désormais des formations adaptées à la personnalité et au quotidien de chacun, à condition de bien identifier ses besoins en amont.
Sauter le pas et changer de métier ? Beaucoup de Français le souhaitent. Pourtant, de nombreux freins persistent. Par exemple, d’après une étude Audencia et « Jobs that make sense » publiée en mars dernier, 29 % des actifs estiment manquer de compétences ou d’expérience professionnelle. D’où la nécessité de reprendre des études. Mais avant de se jeter dans le grand bain, il faut faire le point sur ses aspirations et, surtout, bannir les croyances limitantes. Hélène Picot est coach en reconversion professionnelle. La première étape de chaque accompagnement ? « Lever les freins, travailler sur les croyances de la personne et la connecter avec qui elle est vraiment, répond-t-elle. Le sujet qui se pose est le suivant : qui suis-je ? Qui ai-je envie d’être ? Cela arrive que la personne veuille faire un métier dont elle rêvait plus jeune, mais ce n’est pas tout le temps le cas. » Ceux qui envisagent une reconversion la voient souvent comme la solution à une vie professionnelle qui ne va plus. Là aussi, pour éviter de reproduire les mêmes erreurs et de ressentir les mêmes frustrations, il est indispensable de se poser les bonnes questions. « Cela passe par une réflexion personnelle sur ce qui ne convient pas dans le métier actuel, les intérêts et motivation recherchés, souligne Julie Krantz, coach en reconversion professionnelle. Pour ceux qui ont déjà une idée précise de ce qu’ils veulent faire, il faut alors voir quelles sont les compétences et qualifications requises. »
La formation, une bonne idée pour tous ?
Hélène Picot l’assure : « 70 % des personnes que j’accompagne et qui se reconvertissent doivent suivre une formation. » Heureusement, s’inscrire à une formation lorsqu’on a quitté le système scolaire ne veut pas forcément dire retourner sur les bancs de l’école. Toutefois, dans certains cas de figure, il faut se préparer à rejoindre des effectifs jeunes et/ou à suivre des cours sur une longue durée. « Faire un CAP pour se retrouver avec des jeunes de 17 ans quand on en a 50, cela peut être bloquant, confirme Hélène Picot. Certains de mes coachés se sont lancés dans l’artisanat ou le travail manuel, en prenant conscience de ce décalage générationnel en amont. Ils l’ont accepté. Ceux pour lesquels cette différence s’avérait problématique ont trouvé d’autres modes de formation. Une de mes coachés a ainsi passé son CAP pâtisserie en candidate libre, en suivant des cours particuliers avec un pâtissier les week-ends. Il faut s’écouter : il y a toujours des solutions et il est possible d’être créatif. »
A lire aussi : Comment éviter les arnaques au compte personnel de formation (CPF) ?
Ainsi, il faut prendre en compte les conditions qui vous correspondront : êtes-vous prêt à reprendre des études via une formation courte ou longue ? Combien de temps par semaine pouvez-vous y consacrer ? Même si le projet n’est pas totalement dessiné, il est important de se poser ces questions-là dès le départ et de s’interroger sur ce qu’on est prêt à entreprendre pour ce futur métier. « Parfois, quelques sacrifices sont nécessaires. Il faut se demander si c’est un obstacle en soi« , intervient Julie Krantz. Quant à Hélène Picot, elle cite pour exemple sa propre expérience : ancienne cadre dans la communication, elle souhaitait exercer un métier davantage orienté vers les autres. « Mais je n’étais pas prête à reprendre cinq ans d’études pour passer un diplôme de psychologie !« , se rappelle-t-elle.
Une question de feeling
Les modalités de formation font partie intégrante de la réflexion. C’est pour cela que la coach conseille de réaliser un tableau comparatif des formations intéressantes, qui reprendrait aussi bien des éléments de contenu que de rythme et de financement. De même, il est essentiel de se renseigner sur comment sera dispensée la formation : la formule 100 % en ligne ou en visio, sans aucun présentiel, peut ne pas convenir à tous. « Quand on a tendance à procrastiner, il vaut mieux éviter les formations en ligne, conseille Hélène Picot. D’autant plus qu’on apprend différemment : quand on est seul devant un ordinateur, ce n’est pas pareil que lorsqu’on entend une personne, à qui on peut poser ses questions en live. Il faut se connaître là aussi pour apprécier les modalités de formation. » À noter également : il faut avoir le bon feeling avec le cursus. Les expertes conseillent de contacter au moins trois ou quatre centres de formation qui proposent le parcours que l’on souhaite suivre pour se faire un avis.
Un petit marathon
Parmi les autres interrogations : est-on prêt à se consacrer à 100 % à cette formation, ou se fera-t-elle les soirs et week-ends, en parallèle de l’activité professionnelle éventuellement exercée ? De nombreux organismes proposent désormais une méthode adaptée aux emplois du temps professionnels, mais soyez conscient que cela se traduira par une surcharge de travail pendant quelques mois. Quant aux formations en distanciel, attention : le temps passe vite ! Gardez en tête que travailler de chez soi demande une certaine discipline, le risque étant de voir les mois s’égrener à toute vitesse sans avancer. C’est pour cela qu’il est nécessaire de se fixer une date limite. Julie Krantz évoque même une « gymnastique à adopter pour aller au bout de son projet » : « Un plan d’actions précis et réaliste, avec des dates-clés, permettra à la personne de mieux se rendre compte de sa progression. » Parmi les temps forts à noter : la date de début de formation, celle des modules à valider, celle des examens, celle des périodes de révision, etc. En étalant la charge de travail dans le temps, il est plus facile d’envisager son projet de façon concrète et de se lancer encore plus sereinement.
A lire aussi : Se reconvertir par la formation
D’autant que, dans une telle aventure, c’est toute la famille qui se trouve embarquée. Pour redevenir apprenant tout en étant parent (par exemple), il s’agit de trouver un centre de formation relativement proche de son domicile et de savoir en amont quelles seront les conséquences financières. Les considérations logistiques ne sont pas anodines ! Et surtout, ne restez pas seul. Que ce soit auprès d’autres actifs en reconversion, auprès d’un coach ou d’un professeur, ou même auprès de ses proches, il est nécessaire de parler de son projet… à condition de mettre de côté les Cassandre de mauvais augure. Cet entourage doit soutenir en cas de coup dur, pas remettre en cause l’intégralité du projet. Ce dernier appartient à chacun, mais l’anticipation et la communication seront des leviers clés pour mieux appréhender les mois, voire les années, à venir. Enfin, il ne faut pas oublier de garder… du temps pour soi. Reprendre des études peut s’avérer intense, surtout en période d’examens. Aussi, prévoir des plages de repos permettra de recharger les batteries, mais également de tenir sur la durée. Et la concentration, si chère à tout apprenant, n’en sera que meilleure !