Quitte à mener une reconversion, pourquoi ne pas lui donner une double facette ? D’un métier à l’autre, et du salariat à l’entrepreneuriat. C’est le défi dans lequel s’est lancé Adeline Leneveu, professionnelle de la traduction pendant neuf ans, reconvertie travel planner indépendante depuis 2021. Une activité encore peu connue, mais en plein essor, et un virage à 90° motivé par la passion et l’envie de renouveau.
À chaque reconversion son histoire et ses cohérences. Pour Adeline Leneveu, 35 ans, le chemin vers l’entrepreneuriat commence par une licence de langues étrangères appliquées en anglais et en allemand, puis deux ans de master en traduction sur ces mêmes langues. Si son début de parcours est « classique » et la destine au salariat, notre reconvertie d’aujourd’hui développe très tôt son appétence pour les voyages au sens large : « J’ai vécu un en Allemagne lors de ma dernière année de licence, et cela a initié cette envie de découvrir des nouvelles cultures, de voyager ». Mais pour l’heure, cette passion naissante ne chamboule pas sa vie professionnelle, entamée dès la fin de ses études dans le domaine de la traduction. « J’ai travaillé pendant neuf ans dans le secteur, en tant que cheffe de projet, j’étais donc en lien entre les clients et des traducteurs qui travaillaient de leur côté », explique Adeline Leneveu. Au gré de sa progression, celle-ci parvient à un poste important, en tant que responsable de production au sein de son entreprise, mais en 2020, sa passion pour le voyage et son envie d’une activité plus en phase avec elle-même prend le dessus. C’est le déclic.
À lire aussi: 3 conseils pour engager votre transition professionnelle
Passion et travail
« J’avais l’impression d’avoir fait le tour de mon métier dans la traduction, j’avais envie d’autre chose. Cela faisait plusieurs mois que murissait déjà cette idée d’une activité en lien avec le voyage, qui était très présent dans ma vie. Dès que je le pouvais, je partais à la découverte de nouvelles cultures, j’ai fait un tour du monde en 2017-2018 et j’ai toujours organisé de A à Z mes voyages et ceux de mon entourage. J’ai donc décidé de franchir le pas, de quitter mon poste et de me lancer en travel planner indépendante, en créant Ad’Evasion en janvier 2021 », résume notre reconvertie, aujourd’hui présidente de sa société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU).
Un choix fort et assumé, en pleine période Covid, motivé par cette envie de transmettre une passion et d’en faire son métier. Côté business, des places sont à prendre, au sein d’une profession déjà bien installée aux Etats-Unis, mais encore à faire connaître et en plein essor en Europe. « On est encore peu à exercer cette activité en France, confirme Adeline Leneveu. Mais le métier prend de l’ampleur petit à petit, notamment grâce à l’envie croissante d’expériences personnalisées et uniques, ainsi que le côté plus responsable et local du voyage, en opposition au tourisme de masse et aux tours opérateurs. »
Concrètement, l’activité de travel planner consiste à planifier des voyages selon les critères, le budget et les exigences des différents profils de clients. La particularité : le travel planner étant indépendant, il n’est pas en partenariat avec des hôtels ou des compagnies aériennes, contrairement aux agences de voyage, et ne fait que des propositions précises aux clients, qui restent maitres de leurs réservations jusqu’au bout. « J’établis une proposition de devis, sur la base du nombre de jours de voyage et du temps de recherche à prévoir pour préparer le carnet de voyage électronique », ajoute Adeline Leneveu.
Si l’activité gagne à être connue, le pari d’Adeline Leneveu a des airs de saut dans l’inconnu. Mais l’intéressée garde son cap : « Mon ancien manager m’avait dit tu es folle de te lancer dans le voyage en ce moment. Mon sentiment était le contraire : il fallait que je me lance pour être prête quand ça allait repartir, et c’est ce qu’il s’est passé. Il y a bien sûr un côté saut dans le vide quand on se lance en indépendante comme cela, et ce n’est pas facile de passer du salariat avec un salaire et une situation confortable à un statut d’entrepreneure. Il fallait que je le fasse, cela resonnait en moi comme une évidence.«
À lire aussi: Reconversion de l’informatique à la fromagerie: « J’avais perdu l’étincelle »
Gérer son entreprise
Aussi, une telle reconversion implique nécessairement de s’adapter à vitesse grand V aux exigences et aux aléas de la gestion d’une entreprise. « Quand on est salarié, on n’a finalement aucune idée de ce que c’est que de gérer sa société, d’être entrepreneur et des problématiques que cela engendre. Un entrepreneur indépendant doit être multi casquettes et avoir la main sur tout, le marketing, la communication, la production, le suivi comptable… », confirme Adeline Leneveu. De fait, la vie d’entrepreneure indépendante est faite de hauts et de bas, comme le concède la fondatrice d’Ad’Evasion : « Certaines journées sont géniales et gratifiantes et il y en a d’autres où l’on se dit qu’on ne va pas y arriver, mais je ne regretterais cette reconversion pour rien au monde, c’est un changement de vie et une aventure humaine et professionnelle. »
Au gré d’une année 2023 très dynamique en termes d’activité, Adeline Leneveu se tourne aujourd’hui vers la suite avec ambition : « Je souhaite continuer à développer et à diversifier mon activité, notamment en m’adressant à des entreprises et à leur CE ». Surtout, notre travel planner insiste sur l’importance des motivations profondes pour une reconversion réussie : »Je suis persuadée que la reconversion ne doit pas se faire par défaut ou pour se lancer dans un métier à la mode. L’idéal, c’est d’être guidé par une passion ou un idéal professionnel, qui puisse être un moteur et un élément de motivation auquel se raccrocher quand on traverse une période compliquée ».