Selon l’étude « The Future of Work 2023 » réalisée par Monster, site de recherche d’emploi, 1 candidat sur 4 est prêt à abandonner un processus de candidature s’il y a trop d’entretiens. Si les entreprises s’adaptent en conséquence, le défi reste le même pour les candidats : convaincre le recruteur et se distinguer. Décryptage avec Romain Giunta, directeur marketing de Monster France.
En quoi le rapport des candidats au processus de recrutement évolue-t-il ?
Je pense que ce n’est pas seulement le rapport aux entretiens qui évolue, c’est plus globalement le rapport au travail qui a changé ces dernières années. On a aussi un marché de l’emploi qui s’est complètement renversé, avec plus d’offres d’emploi que de candidats, qui peuvent donc être plus exigeants. Cela impacte à la fois les attentes et les avantages que peuvent proposer les entreprises aux candidats, mais aussi l’étape de candidature et d’entretien. Quand un candidat postule sur un même poste et sur un salaire similaire au sein de deux entreprises dont l’une impose un processus de recrutement de trois mois, le choix peut être vite fait.
C’est là tout l’enjeu, les candidats ont besoin de transparence et d’efficacité. Nous conseillons aux entreprises de préciser sur leurs offres si elles ont un processus de recrutement qui peut être rapide, et s’il est long de l’expliquer en toute transparence, pour que le candidat sache à quoi s’attendre.
Les entreprises revoient leurs façons de procéder, mais pour les candidats reste la difficulté de décrocher un entretien, quels conseils leur apportez-vous ?
Effectivement cela reste difficile, notamment avec le volume de conseils et d’aides que l’on peut aujourd’hui trouver sur Internet pour mieux construire son CV et apprendre à mettre en avant ses compétences en entretien. Un recruteur peut recevoir énormément de CV tous les jours et passer une vingtaine de secondes sur chacun. Donc on conseille de miser dès le début de sa candidature sur l’adéquation de son profil avec le poste, sur l’adaptation aux attentes de l’entreprise pour que cela soit flagrant pour le recruteur. Les premiers conseils sont donc classiques : avoir une lecture attentive de l’offre et formuler son CV et sa candidature en conséquence, miser sur les softs skills. Un recruteur va très vite voir si le CV est un CV lambda, envoyé tel quel à toutes les entreprises du marché. Idem pour la lettre de motivation, même si on la pratique de moins en moins. Je conseille le plus souvent de transformer cela en un mail de motivation, pour se présenter via un message plus court, plus personnalisé et plus attractif. Et puis la différence se fera lors de l’étape de l’entretien, où il faudra effectivement que « la magie opère ».
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Comment réagir et comprendre lorsqu’on n’obtient pas de réponse ou un retour négatif à une candidature ?
Il faut déjà comprendre et savoir sur quel marché on évolue, s’il y a beaucoup de concurrence. Dans un premier temps, je conseille déjà de penser à relancer les entreprises ou le recruteur, par mail ou via LinkedIn pour demander un feedback, une explication pour comprendre pourquoi la candidature n’a pas été retenue, de façon à s’adapter pour la suite. C’est aussi pour cela que nous encourageons les recruteurs à faire un maximum de retours, si possible de façon personnalisée. Ce que je ce que je propose aussi aux candidats, c’est de faire relire leur CV par une personne extérieure. Par un collègue de travail, un ancien maître de stage, une connaissance active dans son secteur… Une personne qui peut avoir un regard critique et constructif sur le CV.
On n’est jamais à l’abri d’une entreprise qui a recruté quelqu’un d’autre dont le contrat est rompu durant la période d’essai ou pour une quelconque raison. Et le fait de revenir pour demander un feedback et rappeler sa candidature peut tomber au bon moment.
L’étape de l’entretien est redoutée par plus d’un candidat, comment bien l’aborder ?
C’est vrai que l’entretien est quelque chose de très stressant pour les candidats. Il ne faut pas l’aborder comme un interrogatoire, mais comme une conversation ouverte avec l’entreprise et le recruteur. Si l’échange se transforme en interrogatoire, c’est plutôt le signe que quelque chose ne va pas matcher avec l’entreprise de votre côté. Il faut se rappeler que le recruteur est un salarié de l’entreprise comme un autre qui effectue son travail et dépasser cette barrière psychologique. Ensuite, il faut bien sûr préparer son entretien, sans pour autant apprendre des phrases par cœur pour éviter le manque de naturel. Le candidat doit savoir parler en entretien des compétences qu’il maîtrise, en adéquation avec le descriptif du poste, mais aussi des compétences qui lui restent à développer et en quoi il pourrait les développer dans cette entreprise.
L’entretien est aussi un moment qui permet au candidat d’établir s’il y a une adéquation ou pas de son côté, c’est aussi à l’entreprise de convaincre le candidat, et il ne faut pas l’oublier !