« Certains secteurs de l’emploi sont directement impactés par l’incertitude actuelle, l’inflation et les nouvelles habitudes de consommation, mais on constate aussi l’essor de secteurs d’avenir », souligne d’entrée de jeu Emeric Lebreton, dirigeant d’Orientaction, spécialiste de l’accompagnement des évolutions professionnelles. En ce début d’année, il dresse un bilan des métiers et secteurs qui devraient plus licencier en 2024, ainsi que ceux qui devraient être en forte demande en raison de leur croissance, à partir de l’analyse des tendances à l’œuvre et des données concernant les défaillances d’entreprises, diffusées par la Banque de France.
Par exemple, le bâtiment, notamment s’agissant de la construction de logements neufs, risque d’accélérer en termes de licenciements, selon les observations d’Orientaction. De même que le commerce de détail, le secteur automobile ou les fonctions marketing/communication. « Plusieurs secteurs présentent des besoins de recrutement très importants, mais il va y avoir aussi en parallèle des destructions ou limitations d’emplois par ailleurs », complète le dirigeant. L’occasion de souligner l’importance de réfléchir à son avenir professionnel en conséquence et de se former en cours de carrière : « L’essor de la mobilité électrique est un bon exemple. Toutes les personnes qui travaillent aujourd’hui dans des garages automobiles classiques auraient intérêt à se former à la maintenance et à l’entretien des voitures électriques, pour débloquer de nouvelles compétences utiles pour se pérenniser au sein d’un secteur qui se renouvelle. Idem pour la partie rénovation énergétique en ce qui concerne le bâtiment ».
Les métiers qui vont recruter
S’agissant des secteurs dynamiques et à forte tendance de recrutement, les tendances des transitions se confirment. Le secteur technologique au sens large reste très porteur, avec notamment des besoins en cybersécurité, analyse et traitement des données, infrastructures informatiques… « Le domaine reste dynamique et gourmand en emplois, mais en emplois très qualifiés et à des niveaux de compétences élevés », complète Emeric Lebreton. Le bilan d’Orientaction cite également les métiers de la santé et du bien-être, ainsi que ceux du e-learning et de la formation professionnelle, qui recueillent toujours plus de demandes.
Aussi, la transition écologique et les efforts des entreprises pour s’inscrire dans une trajectoire plus durable et responsable s’affirment de nouveau comme autant de tendances porteuses d’emploi. Et pour cause, avec une augmentation de près de 40 % concernant les créations de postes en 2023, le marché des emplois à impact poursuit son essor et recherche activement des compétences spécifiques.

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Le Top des métiers à impact
Birdeo, cabinet de recrutement spécialisé dans le développement durable, a livré son Top 5 des métiers à impact qui recrutent en 2024. Premier enseignement : la finance, la biodiversité et la data concentrent l’essentiel des besoins :
- Chef de projet CSRD performance globale (corporate sustainability reporting directive) : son rôle est de collecter et analyser les données environnementales et sociales des entreprises dans le cadre du reporting de sa performance (bac +5 avec spécialisation finance/finance durable). Sous l’impulsion de la directive européenne CSRD, qui fixe de nouvelles normes et obligations.
- Administrateur transformation durable : il joue un rôle de lanceur d’alerte en entreprise, interroge le conseil d’administration ou la direction sur la pérennité des activités au regard des limites planétaires et des nouvelles réglementations.
- Responsable DRH RSE : son rôle est d’accompagner la conduite du changement et la transformation des métiers, notamment vis-à-vis de la montée en compétences et de la formation au sein de l’entreprise (bac +5 spécialisation RH avec une formation RSE).
- Chargé de mission biodiversité et gestion des ressources naturelles : son rôle est de prendre soin du vivant et de prévenir la dégradation de la biodiversité, en améliorant ou restaurant les conditions de vie animale sur toute la chaîne de valeur, et en définissant une stratégie biodiversité (bac +5 école d’ingénieur spécialisation environnement ou biodiversité).
- Sustainability date & IA Analyst : à des fins de mesure d’impact des activités et vis-à-vis des obligations de reporting, et pour faciliter et accélérer les démarches responsables, son rôle est de définir les données à collecter et leurs sources, automatiser leur collecte et les analyser (bac +5 école d’ingénieur avec une formation en data analyse).
5 métiers rémunérateurs qui recrutent
Headhunting Factory, spécialiste de la chasse de tête en continu sur les postes pénuriques, a également livré une projection des tendances de recrutement pour 2024, avec cinq métiers en tension offrant des rémunérations attractives :
- Cordiste : Spécialiste des travaux en hauteur ou difficiles d’accès, un cordiste peut participer à des entreprises à risques comme la construction d’un pont ou le lavages des vitres d’un gratte-ciel. Le métier est accessible avec un niveau bac pro et propose une rémunération moyenne de 26 000 euros, et jusqu’à 35 000 euros annuels.
- Dessinateur-projeteur : Il réalise les plans d’un ouvrage et transpose un avant-projet en dessins techniques pour guider les ouvriers dans leur travail. Accessibles avec un niveau bac +2, les salaires à l’année sont de 32 000 euros en moyenne, et peuvent évoluer jusqu’à 38 000 euros.
- Métreur : Aussi appelé « économiste de la construction », le métreur est chargé d’effectuer les mesures et calculs nécessaires à l’évaluation du prix de revient d’une construction ou de sa rénovation. Avec un niveau bac +2, la rémunération annuelle moyenne est de 33 000 euros, et peut aller jusqu’à 42 000 euros. Le métier comptait parmi les 10 postes les plus demandés dans le BTP en 2022.
- Infirmière de bloc opératoire (IBODE) : il s’agit du premier poste en pénurie de candidats à l’hôpital, selon la fédération hospitalière (FHF). Il consiste en un travail au bloc auprès des chirurgiens. A partir d’un niveau bac +3, les IBODE peuvent prétendre à une rémunération moyenne de 36 000 euros annuels, avec un maximum de 56 000 euros.
- Technicien en robotique/automatisation : Son rôle est de concevoir, installer, programmer et entretenir des systèmes robotisés et des équipements automatisés en usine et en entreprise. Pour un niveau minimum bac +2/+3, le salaire moyen est de 34 000 euros, et jusqu’à 48 000 euros annuels.

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