Ce jeudi 17 octobre, au sein du Grand Studio RTL, les acteurs associatifs et institutionnels de l’administration pénitentiaire et du suivi et de l’accompagnement des détenus et des anciens détenus se sont réunis autour d’un enjeu : la réinsertion professionnelle et active après la sortie de prison. Ce défi constitue le premier engagement de la Fondation du Groupe M6, qui œuvre depuis 14 ans pour informer et sensibiliser sur le sujet, tout en favorisant le retour à l’emploi des personnes concernées. « C’est un sujet de société, en premier lieu en raison de la lutte contre la récidive, affirme Thomas Valentin, président de la Fondation. Parmi les personnes sortant de prison, 6 sur 10 récidivent. S’ils ont trouvé un job, cela tombe a quasiment 0. »
Pour saisir les enjeux et comprendre le sujet, quelques chiffres : en France, on compte aujourd’hui environ 79 000 détenus, dont 3,8 % de femmes et 1 % de mineurs. Pour un âge moyen de 35 ans et une peine moyenne de 11 mois. Nouvelle preuve de l’ampleur des besoins de solutions de réinsertion, plus de 90 000 personnes sortent de détention chaque année.

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Développer des compétences en détention
Autres données clés : plus de la moitié des personnes incarcérées étaient sans emploi ou sans diplôme avant leur détention. De fait, le travail et la formation en détention jouent un rôle décisif dans la future réinsertion, tant en termes d’obtention de compétences recherchées par les entreprises que d’obtention d’un diplôme ou d’une qualification. Pour certains jeunes incarcérés, le travail peut même constituer une première expérience professionnelle. Surtout, il s’agit de préparer la sortie et le retour à la vie active, en préparant un projet professionnel. Ainsi, 21 % des détenus sont scolarisés pendant la détention, et 7 % bénéficient d’une formation professionnelle, notamment dans la restauration collective, le nettoyage ou le BTP, entre autres secteurs représentés dans le travail en milieu carcéral. Tandis qu’un sortant de prison sur trois a travaillé en détention.
Provoquer la rencontre pour favoriser la réinsertion
Dans le cadre de sa raison d’être et de son objectif de réinsertion des ex-détenus, la Fondation M6 mène trois types d’action, comme le résume Thomas Valentin : « Premièrement, un soutien à des projets associatifs autour des thématiques du retour à l’emploi et des alternatives à l’incarcération. Ensuite, la conception et la mise en œuvre d’actions directes, comme un concours de littérature entre détenus. Et enfin, la mobilisation des entreprises pour développer l’emploi des personnes sortant de prison. » Sur ce dernier point, qui souligne le rôle prépondérant des entreprises, des employeurs et de leurs salariés en matière de réinsertion des ex-détenus, la Fondation M6 anime la formule de la « Journée découverte », dont la 10e session a été organisée début octobre.
En collaboration avec des associations, la journée s’organise autour de la rencontre, entre des salariés volontaires d’une entreprise et d’anciens détenus. Au programme notamment : ateliers en binôme pour identifier les compétences et les valoriser, simulations d’entretiens, conseils pour la rédaction de CV… Le but étant le regain de confiance, la rencontre de deux mondes qui se connaissent peu et, potentiellement, le déblocage des trajectoires de réinsertion. Le principe étant de respecter le droit à l’oubli de chacun, et de ne pas connaître la raison de la condamnation des anciens détenus. « La meilleure sensibilisation, c’est la rencontre. Et c’est ce miracle de la rencontre qui provoque la prise de conscience et le sentiment d’utilité sociale », affirme Chérifa Messaoudi, responsable diversité et inclusion d’UpCoop, qui a décliné cette formule de journée découverte en son sein, via la Fondation M6. Si le recrutement n’est pas le but de ces journées, l’effet positif est là : 50 % des personnes participantes ont retrouvé un emploi par la suite.
Un ex-détenu de 43 ans, bénéficiaire de cette journée en 2022 et aujourd’hui employé en CDI chez M6 après plusieurs CDD, raconte : « J’ai participé à cette journée découverte un an après ma libération, et ça a changé ma vie. Quand on est en prison, on est plus bas que terre, et quand on sort, on ressent de l’euphorie. Mais, très vite, l’anxiété revient, on craint de ne pas être engagé, d’être jugé, de ne pas savoir justifier son trou dans le CV. Mais cette journée m’a redonné confiance. J’ai pu me projeter de nouveau dans l’avenir, recommencer à rêver. J’étais déjà un peu dans l’audiovisuel, et j’ai eu la chance d’atterrir chez M6. Je fais aujourd’hui de la vidéo, du montage… Je suis fier de ce parcours. »