La reconnaissance officielle du statut de travailleur handicapé ouvre des portes. Celles de l’emploi. Mais au-delà de l’administratif, c’est aussi et surtout une protection supplémentaire pour le salarié.
Le sigle peut résonner comme un couperet. RQTH. Pourtant, ce statut, qui stipule la reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé, n’a rien d’obligatoire, bien au contraire. Il s’agit avant tout d’une démarche personnelle. Si cette dernière reste confidentielle, certaines directions des ressources humaines, les plus en avance sur ces questions, encouragent vivement leurs salariés à faire une déclaration RQTH en les accompagnant dans leurs démarches. “Nos accords successifs nous ont permis de nous structurer pour prendre en compte l’adaptation des postes pour le maintien dans l’emploi ou l’intégration d’une personne en situation de handicap. Le fait d’avoir la RQTH nous permet un accompagnement personnalisé”, précise Sébastien Carlier, directeur QHSE chez Gefco. Et ce dernier de poursuivre plus avant : “Pour nous aider dans le recrutement de personnes en situation de handicap, nous avons mis en place une prime de cooptation. Qui mieux que nos salariés pour évaluer leur travail au quotidien !”
Une reconnaissance encouragée par les employeurs
Bien évidemment, un demandeur d’emploi peut avoir une situation de handicap sans pour autant avoir la reconnaissance officielle. “Mais une fois embauchée, la personne pourra être accompagnée dans ses démarches administratives pour obtenir la RQTH. Cette dernière facilite le recrutement mais à la seule et unique condition que la personne ait bien un projet professionnel clairement défini et en phase avec les attentes de l’entreprise”, analyse Dominique Le Douce de Ladapt. Cette reconnaissance officielle peut faciliter la recherche d’emploi mais elle permet surtout la prise en compte du handicap dans l’environnement professionnel de la personne.
Pour la société Icade, dont la mission handicap date de 2009, le travail se fait de manière collégiale entre la médecine du travail, l’assistante sociale et la mission handicap de l’entreprise. “Tout cela en toute confidentialité avec le salarié qui pourra demander sa RQTH seulement – et seulement si – lui le souhaite. Les aménagements de poste se font avec le Sameth, un organisme spécialiste du maintien dans l’emploi des personnes handicapées. Ce dernier fait le lien entre l’entreprise et l’Agefiph qui nous permet d’obtenir, notamment du matériel de bureau ergonome et adapté au salarié. Nous avons également mis en place un certain nombre de dispositifs, comme le télétravail, le temps partiel, les CESU [chèque emploi service universel] handicap, etc.”, expliquent Marc le Blanc, directeur des ressources humaines et Laurence Bianco, chargée de mission diversité au sein du groupe immobilier, filiale de la Caisse des dépôts et consignations.
Une sécurisation du parcours professionnel
Pour Karine Reverte, directrice du CCAH (Comité national coordination action handicap), “la personne bénéficiant d’une RQTH, n’a pas d’obligation à la communiquer à son employeur. Cela doit dépendre du contexte ! Du côté handi-accueillant de l’entreprise. À mon sens, annoncer son handicap ne simplifie pas forcément la recherche d’emploi. Il y a souvent une crainte de la part de l’employeur. Quel va être le handicap ? Comment adapter le poste ? La personne va-t-elle s’absenter souvent ? Quelle sera sa productivité ? Les clichés ont la vie dure ! Il faut savoir parler de son handicap, le dédramatiser pour le recruteur et lui montrer que l’on dispose avant tout des compétences requises pour occuper le poste.” Un petit bémol donc qui ne doit pas faire oublier que cette reconnaissance permet d’accéder à des aides financières et à des services qui vont sécuriser le parcours professionnel des candidats. Notamment au travers de formations adaptées. En somme, tout ce que les acteurs de l’emploi ont mis en place pour accompagner les personnes handicapées.
A l’occasion de la semaine pour l’emploi des travailleurs handicapés, retrouvez notre grand dossier sur le travail et le handicap, dans notre dernier numéro de Rebondir, en kiosques.