Comment expliquer ce phénomène des salariés boomerang ?
L’éventualité de retourner dans son ancienne entreprise soulève beaucoup d’interrogations et d’incertitudes. Il y a un besoin d’informations, c’est pour cela que je partage mes conseils sur LinkedIn et sur le blog de Purple Squirrel. Il faut commencer par dire qu’on parle bien d’un phénomène des salariés boomerang, qui s’inscrit dans cette tendance globale qui a mis fin à la linéarité des carrières.
L’époque où l’on restait 20 ans dans la même entreprise est révolue. Aujourd’hui, on change d’air entre 10 et 15 fois durant sa vie professionnelle. Les actifs comprennent qu’il faut exploiter son réseau autant que possible, pour s’ouvrir des opportunités intéressantes. Rappelons que ce qu’on appelle le marché caché, qui correspond aux embauches réalisées sans passer par une annonce ou une offre diffusée, représente la majorité des recrutements. Il est donc très important, dans la mesure du possible, de rester en bons termes avec son entreprise au moment de la quitter. C’est la base d’un potentiel retour.
Que conseillez vous pour quitter son entreprise dans de bonnes conditions ?
Il faut de la délicatesse. Pour laisser une empreinte positive, il faut être transparent sur ses motivations, expliquer clairement ce qui nous pousse au départ, mais aussi bien mettre en lumière ce que nous a apporté cette expérience. Partir dans les meilleures conditions signifie également de ne pas partir au mauvais moment. Si vous êtes en plein projet important, ce peut être bien de la terminer, ou de participer au recrutement ou à la formation de la personne qui vous remplacera, pour faciliter la transition.
En quoi ce profil de salarié boomerang peut-il être intéressant ?
En tant qu’ancien collaborateur, on sait comment l’entreprise fonctionne, on connaît ses rouages. Et surtout, on vient avec des compétences nouvelles et une autre perspective, de nouvelles lignes sur son CV. C’est gagnant pour l’entreprise et pour le salarié, dont l’intégration sera facilitée. Cela peut aussi permettre de décrocher un poste qui ne vous était pas accessible lors de votre premier passage. Bien sûr, l’objectif n’est pas de revenir sur le même poste ou les mêmes conditions. Les salariés boomerang reviennent généralement sur un poste avec plus de responsabilités ou un périmètre plus large, grâce aux compétences et à l’expérience acquises entre temps. Quand on revient, on négocie, on évolue. Et c’est également intéressant pour les personnes se lançant en tant que freelance : beaucoup d’indépendants ont leurs anciens employeurs pour premiers clients.
Il faut donc entretenir activement son réseau et le lien avec ses anciens collègues ?
Retourner dans son ancienne entreprise sera tout à fait possible et bénéfique si on a bien mis les choses en places dès le début. Partir en bons termes ne suffit pas, il faut garder un certain lien avec son ancienne équipe si possible, son ancien manager, suivre l’actualité de l’entreprise. Et, si l’occasion se présente et qu’une offre d’un ancien employeur vous intéresse, il ne faut pas hésiter. Vous êtes tout à fait légitime à postuler et votre profil est déjà connu. Entretenir son réseau professionnel n’est pas si simple, mais la capacité de networking est un allié de poids pour évoluer dans sa carrière. Ce sont parfois les anciens collègues avec lesquels on reste en contact qui peuvent nous rouvrir les portes.

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Quels écueils faut-il éviter ?
Le retour n’est bien sûr pas possible à chaque fois. Il y a des conditions, et il ne faut pas revenir pour revenir ou pour retrouver une situation qui ne nous convenait pas. Tout dépend de comment vous êtes partis et de votre entente avec l’entreprise au moment du départ. Et, si vous souhaitez revenir, il faut bien prendre le temps et réfléchir, ne pas hésiter à re-rencontrer les anciens managers.
Ensuite, pour favoriser le recrutement par un ancien employeur, il faut également adopter la bonne posture, bien mettre en avant ses arguments. Deux choses sont importantes : identifier comment vos anciennes et vos nouvelles compétences peuvent être utiles à l’entreprise, et mettre en avant l’expérience nouvelle que vous avez acquise. Cela, plus votre connaissance de la structure, peut faire de vous le candidat idéal.