« Le freelancing, c’est une voie professionnelle et c’est aussi un mode de vie qui séduit, affirme Franck Thomas, responsable France de Fiverr, plateforme de mise en relation entre entreprises et indépendants. Un freelance peut en théorie organiser son travail comme il l’entend et s’installer là où il le souhaite. Devenir freelance est ainsi souvent perçu comme un raccourci vers la flexibilité sur les plans de l’organisation en termes d’horaires et de situation géographique. » Et pour cause, comme le rapporte l’étude de Fiverr sur la relation de la Génération Z au monde du travail, menée à l’échelle internationale auprès de 1 000 répondants français, 72 % des 16-26 ans envisagent de travailler en freelance à un moment ou à un autre. Soit 14 % de plus que l’année passée.
« On constate que le freelancing réunit plusieurs des préoccupations centrales aujourd’hui pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail, à commencer par le désir d’indépendance et d’autonomie. En tant que freelance, si vous voulez passer à une semaine de quatre jours, vous pouvez le faire du jour au lendemain », ajoute Franck Thomas. Parmi les principales préoccupations de la Gen Z qui influencent son rapport au travail en freelance, l’étude place ainsi en tête la volonté de bâtir sa propre entreprise et d’être son propre patron (32 %), devant l’inquiétude liée à la hausse du coût de la vie (26 %) et le souhait d’acquérir de nouvelles compétences (25,5 %). Aussi, il apparaît que l’aspect financier constitue la principale motivation pour se lancer en freelance : 66 % des répondants la mettent en avant, dont 40 % souhaitent augmenter leurs revenus et 26 % les diversifier.
La tendance du freelancing
« La génération Z va de plus en plus vers le freelancing, mais ce sont aussi le freelancing et les entreprises qui vont vers cette génération. De plus en plus d’entreprises font appel à des freelances et à de l’expertise externe, soit autant de nouveaux clients potentiels. C’est notamment le cas dans les secteurs qui sont en manque de compétences et qui rencontrent des difficultés de recrutement », explique Franck Thomas. Devenir freelance est également pour beaucoup de jeunes le moyen de s’adonner à une passion (28 %) : « En tant que freelance, on a l’autonomie d’aller vers des projets et des compétences qui nous font vibrer ou a minima, qui nous correspondent réellement. »
Reste que le passage à la vie de freelance ne se fait pas sains craintes ou inconvénients potentiels. Les jeunes interrogés par l’étude citent ainsi les peurs de l’absence d’un revenu régulier (36 %), du fait que les jeunes freelances ne sont pas pris au sérieux par les entreprises (32 %) ou encore la difficulté de bâtir une clientèle (30 %). « Quand on est salarié, on valorise son expertise en premier lieu au moment de l’entretien d’embauche, et puis évidemment durant son évolution dans l’entreprise, mais pour un freelance, c’est à chaque client qu’il faut remettre une pièce dans la machine et prouver sa valeur, rappelle le dirigeant de Fiverr France. Pour approcher le statut de freelance de la bonne façon, il faut donc avoir une vraie stratégie de présentation de ses compétences, un portfolio construit nourrit de ses expériences et réalisations passées, y compris celles issues d’un emploi salarié. C’est la priorité en tant que freelance : bien savoir se vendre. »
Freelance jeune et jeune freelance
En matière de conseils spécifiques à adresser à des jeunes se lançant en freelance, Franck Thomas souligne : « Je fais la nuance entre un jeune freelance et un freelance jeune. Un jeune freelance, c’est un freelance qui se lance pour la première fois sous ce statut, et aura donc besoin de conseils spécifiques sur 2-3 premières années de son activité. S’agissant des freelances jeunes, qui se lancent à moins de 25-26 ans, je conseillerais notamment de ne pas s’investir seulement sur sa présence et son réseau virtuels et sur les réseaux sociaux, professionnels ou non. La présence numérique est une force en tant que freelance, mais il ne faut pas pour autant oublier vos clients ou futurs clients qui n’ont pas le même niveau de maturité ou d’usage sur les outils numériques. Il faut également investir les canaux plus classiques, ne pas hésiter à réseauter lors d’événements et de rendez-vous en présentiel. »
Autre conseil à garder à l’esprit en tant que néo freelance : s’éviter le risque de l’isolement dès les premiers mois d’activité. « Certains freelances sont à l’aise avec cet aspect solitaire du freelancing, mais il ne faut pas oublier que pour maintenir ses compétences à jour, rencontrer de nouveaux clients et réseauter, il faut éviter de s’isoler. On a besoin de ce temps de connexion avec ses pairs, avec d’autres freelances, souvent pour échanger des bonnes pratiques et progresser en termes d’habitudes de travail », complète le responsable de Fiverr France.
Connaître sa valeur
Si nombre de jeunes freelances ont tendance à enchaîner les clients et les commandes, notre spécialiste conseille également de savoir faire le tri : « Ce n’est pas simple quand on commence de pouvoir dire non, de refuser des clients, mais il faut rapidement apprendre à un peu plus trier ses clients, ce n’est pas toujours bon de dire oui à tout le monde. Cela peut passer pour de l’amateurisme. Il faut au contraire savoir se valoriser, avoir un discours d’expertise, et ne pas se déprécier auprès des clients. »
En outre, Franck Thomas tient à souligner un dernier point d’intérêt pour les jeunes envisageant le freelancing : « Un aspect que les freelances francophones ont trop tendance à sous-estimer, c’est la capacité à s’exporter à l’international. Avec un minimum de maîtrise de l’anglais (ou autre) on peut trouver facilement des clients internationaux sur toutes les plateformes de freelancing. C’est très intéressant en termes d’expérience. »