Reconversion

Se reconvertir dans les RH : conseils et témoignages

Avoir une vision et une action transverses et humaines au sein de l’entreprise, gérer le changement sur le court et long termes, s’impliquer au cœur de l’organisation pour la rendre plus fluide… Un poste dans les RH peut constituer une nouvelle étape dans une carrière, en restant ou non dans la même structure. Une voie intéressante et enrichissante qui motive certains candidats à la réorientation professionnelle. En voici les clés.

Se réorienter vers les RH en cours de carrière ? La période y est propice ! La fonction de chargé des ressources humaines fait en effet partie du Top 10 des métiers les plus demandés par les employeurs, selon le classement « Jobs en Or » de la rentrée 2023 réalisé par Robert Half. Bonne nouvelle : les employeurs apprécient les reconvertis pour des postes à pourvoir dans les ressources humaines. « Aujourd’hui, on observe une préférence marquée pour des profils de DRH qui viennent de l’opérationnel et qui vont apporter la connaissance des métiers, des clients et des problématiques terrain » , souligne ainsi le livre « Devenir DRH : comprendre les enjeux pour une prise de poste sereine » (Dunod). Et les trois auteurs, spécialistes des RH, d’ajouter : « Notre expérience nous permet de constater qu’il est plus facile d’accéder à un premier poste de DRH par promotion interne, car la connaissance de la culture d’entreprise, la reconnaissance des pairs et la confiance du collectif facilitent cette évolution : le nouveau DRH bénéficie dans ce cas d’une légitimité et connaît bien l’écosystème dans lequel il va œuvrer. »

C’est justement le cas de Charles de Fréminville, DRH depuis un an de Lucca, société qui aide les fonctions RH et financières à automatiser et optimiser les process administratifs afin de se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée, comme la gestion des talents. Diplômé d’école d’ingénieurs et passé par le conseil, il a rejoint l’entreprise en mai 2021 : il avait créé, en 2017, une start-up d’une douzaine de salariés qui a été rachetée par Lucca, où il existe une politique de mobilité interne très développée. « En tant qu’entrepreneur, je gérais les aspects RH, mais ce n’était qu’une partie de mon activité, se souvient Charles de Fréminville. Je suis chanceux car, chez Lucca, j’ai pris la tête d’une équipe RH déjà en place : je peux compter sur elle et en devenir le chef d’orchestre et de projet. Je dois trouver un équilibre entre la patience, la compréhension et l’empathie, d’un côté, et le fait de devoir parfois être direct et rapide. Mon rôle consiste aussi à créer du lien. Mon expérience en tant que consultant me sert pour aider mes collaborateurs à structurer les projets, à les cadrer. Et celle d’entrepreneur est utile pour oser, se lancer et essayer. » Grâce à cette dernière casquette, il connaît déjà la réalité des métiers, comme celui de commercial : « Je peux donc aider les managers à repérer les talents, en interne et à l’extérieur de l’entreprise. De plus, j’ai l’impression que lorsque l’on est DRH en ayant vécu une expérience dans un autre métier, on est plus prompt à intervenir et s’engager au-delà de son propre champ de compétences. »

Le livre « Devenir DRH » liste six types de profils pour rendre compte des différentes compétences liées à cette fonction. Il y a d’abord l’entrepreneur, comme Charles de Fréminville, associé à la transformation. Puis l’architecte, pro de l’organisation. Ensuite, l’apporteur de sens, qui donne la vision. Mais aussi le gestionnaire qui sait garantir la stabilité. Ou encore le contributeur à la performance, dont la valeur cardinale est la compétitivité. Et, enfin, le partenaire social, doué dans la relation aux autres.

Audrey Richard, co-auteure de l’ouvrage et présidente de l’Association nationale des directeurs des ressources humaines (ANDRH), souligne que, « selon la taille de l’entreprise, il n’y a pas besoin du même profil pour la gestion des ressources humaines. Une start-up qui se développe a besoin d’un profil de « chasseur » car le recrutement est capital et il faut être très réactif par rapport à la croissance de la société. A l’opposé, dans un grand groupe qui a des difficultés économiques et veut maîtriser sa masse salariale, il s’agit d’avoir des compétences de négociateurs, dans le cadre, par exemple, d’un plan de sauvegarde de l’emploi. »

Les compétences pour se reconvertir dans les RH

Dès lors, quelles sont les soft skills, les compétences comportementales, les plus adaptées aux métiers dans les RH ? « Forcément, il faut une affinité avec les relations humaines et une bonne capacité d’écoute, poursuit Audrey Richard, également DRH du groupe Up. L’avantage d’avoir exercé un ou plusieurs autres métiers avant, c’est de connaître les différentes fonctions dans l’entreprise. Il faut aussi avoir des compétences opérationnelles, juridiques notamment, ou stratégiques, selon le poste occupé dans les RH. »

Elle insiste sur la nécessité de se former de manière approfondie et sérieuse : « C’est vraiment le principal et premier conseil. Et il existe de nombreuses possibilités. Se former en distanciel, sur des aspects juridiques et financiers qui sont très importants dans la fonction RH. Ou bien suivre un master à l’université ou aller dans un IAE. » Ces instituts d’administration des entreprises se désignent désormais comme écoles universitaires de management.

De son côté, Charles de Fréminville n’avait jamais été formé aux ressources humaines : « J’ai appris rapidement sur le terrain, ou grâce à des lectures et des modules en ligne, mais aussi en échangeant beaucoup avec mes pairs. »

Audrey Richard renchérit : « Pour accéder à des postes à fortes responsabilités, il faut absolument monter en compétences dans les aspects financiers afin de bien cerner l’impact de la masse salariale sur les comptes de l’entreprise et le fonctionnement de cette dernière, mais aussi être capable de parler le même langage que les directeurs généraux ou administratifs et financiers. » Être issu de l’univers financier peut donc s’avérer un avantage dans la réorientation professionnelle vers les RH.

« Souvent, les motivations liées à ce type de reconversions correspondent à une recherche de sens et de relations humaines, observe Audrey Richard. Mais attention, le rôle des DRH est de faire coïncider les attentes, les contraintes et la réalité de l’employeur avec les compétences et les motivations des individus, de placer les collaborateurs et la politique sociale dans la quête de la performance économique des entreprises. »

Le livre auquel elle a contribué détaille les motivations pour devenir DRH : l’attrait de la dimension humaine en entreprise ; la recherche de responsabilités et d’influence ; le goût pour la technique et le juridique ; l’intérêt pour le changement et la gestion de la complexité.

Car il n’y a rien de plus complexe – et passionnant – que l’humain !

Ajouter un commentaire

Votre adresse IP ne sera pas collectée Vous pouvez renseigner votre prénom ou votre pseudo si vous êtes un humain. (Votre commentaire sera soumis à une modération)