Reconversion

Se reconvertir dans l’immobilier : conseils et témoignages

Choisir le secteur de l'immobilier en cette période de crise, une bonne idée ? Voici deux témoignages de reconvertis qui éclairent sur les professions de négociateur immobilier et de marchand de biens, avec de précieux conseils pour ceux qui souhaitent se lancer.

Le réseau ERA Immobilier organise, en ce mois de novembre, des sessions de recrutement dans les plus grands stades de France, avec une étape lilloise, le 17, et une parisienne, le 21 au Parc des Princes. A chaque fois, un module de formation gratuit est proposé. L’occasion de se familiariser, voire de postuler, en ayant conscience que le secteur traverse des difficultés.

Sébastien de Ville, ancien responsable paie et RH

Originaire de région parisienne, le quadragénaire a changé de vie en déménageant d’Île-de-France à la Provence où il est devenu négociateur immobilier pour le réseau ERA. Chez lui, l’empathie est une seconde nature. Et elle lui a toujours été utile : « Je pensais avoir tout vu dans les ressources humaines mais, en fait, non ! Il y a les clients-bonbons, très sympas, et puis d’autres qui sont agressifs, irrespectueux, car l’argent leur fait perdre la tête. Il faut s’adapter à toutes les personnalités quand on est négociateur immobilier » Un métier qu’il a choisi en janvier 2020 après avoir vu une annonce d’emploi de l’agence ERA qu’il avait sollicitée pour acheter sa maison, en 2019, à 15 kilomètres au sud-ouest d’Aix-en-Provence. « Je fonctionne à l’instinct et j’ai décidé de prendre ce risque. » Il ne l’aurait pas fait en Ile-de-France, où se sont déroulées les vingt premières années de sa carrière : « La Provence offre un environnement de travail exceptionnel et un cadre de vie magnifique, sous le soleil, au pied de la montagne Sainte-Victoire, avec la plage à une demi-heure. »

Si les rencontres humaines le motivent, il a depuis longtemps la fibre commerciale : « J’ai d’abord voulu apprendre d’autres choses avant de la renforcer. Mais j’adore négocier et je suis à l’aise. » Désormais, il peut déployer ses talents en la matière dans son agence immobilière ERA de Rousset, près d’Aix : « Au-delà de la vente ou l’achat de biens, ce qui me plaît, c’est accompagner les projets de vie de mes clients. Je leur donne de mon temps, je suis disponible soir et week-end pour les écouter. Mon objectif, c’est leur satisfaction : je veux qu’ils aient une bonne image de moi afin qu’ils me recommandent ensuite à leur entourage. » Les premiers pas dans ses nouvelles fonctions ont été entravés par le confinement imposé en mars 2020 : « C’était très frustrant car je commençais à peine à entrer des mandats… Heureusement j’avais négocié une rupture conventionnelle avec mon précédent employeur, donc je n’étais pas sans filet. De plus, ERA m’a formé avec de nombreuses vidéos et visioconférences, ce qui m’a permis d’appréhender les bases. J’ai pu aussi m’appuyer sur une marque connue, avec un réseau de 500 agences en France. »

Quand il s’est enfin vraiment lancé, sa motivation était décuplée : « Je n’avais pas d’autre option que de réussir. La chose la plus importante à mes yeux, c’était que ma femme soit sereine par rapport à ma reconversion car je savais que j’allais passer d’un revenu confortable à un statut d’indépendant rémunéré à la commission. » Aujourd’hui, il se félicite de très bien gagner sa vie, encore mieux qu’avant, et d’avoir la possibilité de gérer son temps de manière plus souple : « Je peux aller chercher ma fille de dix ans à l’école si je veux. Aucune journée n’est semblable, je vis les montagnes russes en continu, avec des bonnes et des mauvaises nouvelles qui se succèdent. Au départ, j’étais trop sensible à ces variations, maintenant je relativise. Et une chose est sûre, c’est que je ne me vois plus salarié d’une entreprise. J’apprécie d’être mon propre patron. » Dans sa ligne de mire, même s’il n’a pas d’échéance précise en tête, l’ouverture de sa propre agence en tant que franchisé ERA. En attendant, il savoure ses performances de négociateur immobilier, classé 12e sur 2 800 agents en France grâce au chiffre d’affaires qu’il réalisé en 2022.

Yannick Benet, ex-ostéopathe

Après avoir décroché son diplôme d’ostéopathie en 2011, il s’est spécialisé dans la prévention des troubles musculosquelettiques en entreprise. Il a fondé sa propre entreprise, Neo Forma, en 2013, puis l’a revendue à un grand groupe américain, fin 2022 : « J’ai eu des fonds disponibles pour investir dans ma nouvelle activité, ce qui est nécessaire quand on veut devenir marchand de biens, métier qui ne demande pas de diplôme par ailleurs. Mais il faut bien connaître les travaux, les architectes et les entrepreneurs, savoir gérer les prestataires, être bien structuré car cela implique une gestion comptable et logistique rigoureuse. » Il avoue ne pas être bricoleur, mais s’être passionné pour l’immobilier dans le cadre de ses résidences principales successives, qui nécessitaient des travaux.

« Ce projet professionnel tout à fait différent me permet de gagner en indépendance. Je peux m’organiser comme je le souhaite. Je garde la dimension relationnelle de ma précédente profession, car je m’occupe des visites, je développe mon réseau à Paris et en proche banlieue. J’acquiers des biens qui doivent être rénovés et, quand le chantier est terminé, je les revends et j’en rachète d’autres. » Avec son associé qui travaillait déjà dans l’immobilier, ils ont créé un logiciel de gestion pour les marchands de biens, en mai 2023. « Il permet d’optimiser l’activité, d’automatiser le suivi, de faire une simulation du plan de financement, d’identifier les frais à engager. Car il est capital de bien estimer quel sera le prix de revente, pour ne pas perdre l’argent investi ou baisser la rentabilité de l’opération. Surtout en ce moment, où les vendeurs ont du mal à trouver des acquéreurs au prix qu’ils souhaitent, puisqu’ils avaient acheté les biens à des tarifs élevés. Et, de l’autre côté, les particuliers ont du mal à obtenir des financements auprès des banques qui prêtent beaucoup moins et à des taux qui ont augmenté. »

Il souligne que l’immobilier traverse des temps difficiles : « Le marché français a connu une baisse d’un tiers des ventes au premier semestre de cette année par rapport à la même période en 2022. Dans certaines régions, c’est parfois une chute de moitié des transactions, pour tous les types de biens, neufs ou anciens, maisons ou appartements. Donc attention à la reconversion comme agent immobilier mandataire, un statut précaire, rémunéré à la commission. Il y a très peu de salariés dans cette profession de commerciaux. »

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