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Soft skill : comment cultiver son intelligence émotionnelle ?

Parmi les compétences comportementales le plus souvent mentionnées dans les profils affichant les taux de recrutement les plus élevés sur LinkedIn, l’intelligence émotionnelle arrive dans le Top 5. Comment développer cette soft skill ? Découvrez les conseils de Laurence Roux-Fouillet, auteure du livre "Intelligence émotionnelle, comprendre ses émotions et améliorer sa relation aux autres" (Vuibert).

Comment définir l’intelligence émotionnelle ?

Laurence Roux-Fouillet. C’est la capacité à apprendre à piloter ses émotions. Ces dernières sont inévitables, elles font partie de nous. Le problème, c’est que nous fonctionnons souvent en mode pilotage automatique. Développer son intelligence émotionnelle permet ainsi de ne pas se laisser déborder par ses émotions, mais aussi de ne pas les nier. Il est alors clé de comprendre le message qu’elles nous délivrent afin qu’elles nous guident dans nos choix et nos décisions.

Pourquoi est-ce aujourd’hui une soft skill prisée dans le monde du travail ?

L.R.F. Tout simplement parce que le monde du travail est fait d’interactions humaines et d’échanges qui génèrent des émotions. La coopération y est au cœur de nos actions, nous devons sans cesse nous adapter et composer non seulement avec nos réactions, mais aussi avec celles des autres. Si les émotions sont le sel de la vie, elles peuvent aussi nous faire souffrir ou somatiser. D’où l’importance de savoir mieux les comprendre et les décrypter pour en faire des alliées, et non des ennemies. Mais la maîtrise de ces mécanismes n’est pas innée.

Quel serait le premier pas pour bien piloter ses émotions ?

L.R.F. Ne jamais réagir à chaud, sous le coup justement d’une émotion, notamment de la colère. Face à un événement, prenez toujours le temps de la réflexion. La raison, c’est un peu l’émotion qui a refroidi. Vous verrez qu’à la suite d’un mail qui vous agace, attendre quelques heures (voire le lendemain) va vous permettre d’élaborer une réponse plus mesurée. Vous y verrez plus clair et ferez preuve de davantage de discernement. Si vous répondez immédiatement, vous risquez de regretter vos mots ou votre ton.

Comment ensuite s’entraîner à développer son intelligence émotionnelle ?

L.R.F. En observant les autres ! Menez votre enquête : repérez quand quelqu’un boude ou s’énerve, observez son attitude, essayez de cerner ce qui a déclenché l’émotion et quel besoin n’a pas été satisfait. Est-ce par exemple le besoin de reconnaissance ou sécurité ? Qu’est-ce qui va ensuite permettre à cette personne de retrouver de la joie et de l’enthousiasme ? Voyez ensuite comment vous l’appliquer à vous-même lorsque vous êtes triste ou en colère. Vous verrez qu’il y a forcément des analogies avec votre propre comportement.

Quand on se reconvertit ou que l’on change de job, on peut rapidement se sentir paralysé par la peur. Comment y remédier ?

L.R.F. Oui, c’est certainement l’émotion la plus répandue lors d’un changement de vie. La peur se décline de multiples manières, de la simple inquiétude à l’angoisse. Elle se nourrit souvent d’anticipations pessimistes du futur, de la crainte du regard des autres et des peurs de notre entourage ! Les ruminations ont ainsi un impact négatif sur notre mental et sur notre énergie. Elles nous polluent et nous empêchent notamment de bien dormir. Toute situation nouvelle comporte forcément une part de risque. Avoir peur augmente notre vigilance, ce qui est positif, mais il ne faut pas que cela empêche de se mettre en mouvement. Pour cela, faites-vous des listes sur lesquelles vous appuyer : elles vous permettront de savoir quoi faire afin d’inverser la tendance. Vous avez peur de ne pas être à la hauteur ? Listez vos réussites. Vous craignez de ne pas avoir suffisamment de connaissances pour ce job ? Appelez un de vos anciens managers ou replongez-vous dans votre dernière formation. Vous pouvez aussi imaginer des plans B rassurants, ou encore relativiser en imaginant le pire scénario possible. Finalement, serait-il si terrible que cela ?

Est-ce que la pratique d’une activité physique peut aussi aider ?

L.R.F. Oui, ne serait-ce déjà que marcher. Aller à un rendez-vous à pied, se promener lors de ses pauses-déjeuner, sortir prendre l’air avant ou après un entretien important… La marche consciente est un exercice de sophrologie simple à effectuer, et il a de nombreuses vertus. Marchez en portant une attention plus soutenue à vos pas, la dureté du sol, etc. Prenez une inspiration quand vous soulevez le pied, et dès qu’il se repose sur le sol, imaginez que vous soufflez l’air par la plante de ce pied… Et ainsi de suite. Le but ? Envoyez vers le sol le trop-plein : pensées, contrariétés, tensions… Soyez le plus concentré possible. L’activité physique est aussi utile pour décharger, c’est-à-dire faire redescendre les effets des émotions et ainsi retrouver un équilibre physiologique. Pour certains, cela peut aussi passer par l’écriture, pour d’autres, par la verbalisation.

Que faire en cas de tristesse, par exemple suite à un entretien qui s’est mal passé ou à un refus pour un poste ?

L.R.F. Autorisez-vous tout d’abord à être triste : vous avez le droit de ressentir de la tristesse à la suite d’une déception. Acceptez cette situation, et acceptez aussi du soutien. Ensuite, là encore, se remettre rapidement en mouvement est clé pour éviter que la tristesse vous paralyse. Quel est le premier petit pas que vous pouvez entreprendre ? Quelle est la plus petite action possible ? Cela va vous entraîner dans un élan positif, vous allez ainsi arrêter de subir ce qui est bon pour l’estime de soi. Alors, surtout, ne restez pas inactif !

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