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Soft skills : apprenez à cultiver votre esprit critique!

Face à la quantité d’informations et de fake news que nous recevons chaque jour, la capacité à en examiner la véracité et la fiabilité devient plus importante que jamais. Savoir émettre une pensée critique est ainsi une des compétences clés pour votre réussite pro et vous sera très utile, aussi, au sein d’une équipe. Découvrez les conseils du coach Jérôme Hoarau, coauteur du livre Soft Skills (Dunod), pour développer votre esprit critique, l’utiliser à bon escient et en faire une force.

Comment définir l’esprit critique ?

Jérôme Hoarau. Je trouve ce mot très intéressant parce que le terme « critique », en français, est connoté très négativement. On dit ainsi que l’on va critiquer, on parle aussi d’une situation critique. Il y a quelque chose de très négatif. Donc, quelque part, cela ne nous donne pas envie d’être dans cette dynamique-là, alors que, pour moi, faire preuve d’esprit critique, c’est avant tout prendre le temps. Dans un monde qui s’accélère, où les urgences se succèdent, où les gens sont pressés et courent en permanence, on ne prend plus suffisamment ce temps de réflexion, on ne fait pas ce petit pas de côté ou en arrière pour observer les choses. Avoir un esprit critique, c’est donc prendre une décision, passer à l’action ou tout simplement s’exprimer de manière consciente, après réflexion. C’est une manière de sortir du mode automatique.

Quelqu’un qui a un bon esprit critique sait donc faire de bons feedbacks…

J.H. Oui, tout à fait. L’erreur serait de penser que, comme la critique est perçue de manière négative, il ne faut donc jamais en émettre. Or, les feedbacks sont un ingrédient incontournable de l’amélioration continue. Et ce, que ce soit en solo ou en équipe. Il est sain de faire preuve d’esprit critique pour faire avancer les choses au travail, mais aussi d’aller chercher la critique, de ne pas la prendre personnellement. Les feedbacks ne sont pas des jugements, mais simplement des axes de progression.

Quelles conditions doivent être réunies pour que l’échange soit constructif ?

J.H. Il faut faire attention à la manière dont on dit les choses. Il y a tout un entraînement à réaliser pour mettre en place des bonnes pratiques qui permettent de bien délivrer le feedback, pour qu’il soit mieux reçu et non perçu comme une attaque personnelle. Vous pouvez demander des feedbacks pour justement améliorer la manière dont vous vous exprimez. Autre élément clé : le moment où vous faites preuve d’esprit critique. Si la personne qui gère le dossier en question est particulièrement sous stress, ce n’est peut-être pas le timing idéal. Faites preuve d’empathie. Attention donc à l’état émotionnel de votre interlocuteur. Il y a une expression très courante au Royaume-Uni, où j’habite, qui est « to be brutally honest ». Je ne l’aime pas du tout ! Pour moi, la brutalité, c’est-à-dire l’idée que je peux parler sans prendre de pincettes est justement un écueil à éviter.

Chacun a ses responsabilités, la personne qui émet la critique comme celle qui la reçoit. Il faut savoir bien l’emballer pour qu’elle soit constructive. Et ne surtout pas se poser en donneur de leçons. Exprimez-vous en étant factuel, sans généralités, en détaillant ce que vous avez observé. Cela me fait penser aux quatre accords toltèques de Miguel Ruiz : utiliser la parole à bon escient, ne rien prendre pour soi, ne pas faire de suppositions et faire toujours de son mieux.

Comment ne pas passer pour le « râleur de service » au travail ?

J.H. Tout d’abord, ne passez pas votre temps à tout critiquer ! Il y a un temps pour tout. Sinon, cela va être pesant pour les autres. Ensuite, faites preuve d’esprit critique sur des sujets que vous maîtrisez ou lorsqu’on a sollicité votre avis.

Développer son esprit critique est aussi utile face aux nouvelles technologies afin de ne pas se laisser duper…

J.H. En effet, il y a toute une dimension technologique qui entre en jeu avec, entre autres, la propagation à vitesse grand V des fake news en ligne ou encore l’intelligence artificielle qui peut parfois raconter tout et n’importe quoi. Personnellement, j’utilise ChatGPT. Un jour, je lui ai demandé de me trouver une étude scientifique sur un sujet précis. Et là, il m’en sort une en indiquant l’année de parution, le professeur qui l’a réalisée, etc. C’était exactement ce que je cherchais ! Mais quand je lui ai demandé la source de cette information, il m’a répondu qu’il n’y en avait pas. L’étude en question n’existait tout simplement pas, il l’avait fabriquée. L’esprit critique permet d’éviter de tomber dans le piège des biais cognitifs, notamment le biais de confirmation, au profit de la véracité des informations. Cela ne prend pas forcément des heures, mais c’est une habitude à prendre. Se poser des questions, et en poser aux autres, est un réflexe d’autodéfense mentale très sain.

Comment valoriser son esprit critique en entretien ?

J.H. ​​​​​​​En jouant les équilibristes car le recruteur, ou le futur manager, qui vous fait passer l’entretien va peut-être se dire qu’il va avoir un casse-pied dans l’équipe si vous lui dites de but en blanc que vous avez un très bon esprit critique ! Il y a d’autres manières de le formuler. Par exemple, dites que vous avez un esprit analytique ou une culture du feedback. L’interprétation ne sera pas alors négative. Enfin, comme pour toutes les autres soft skills, veillez à illustrer cette compétence avec des exemples précis et concrets issus de votre expérience : donner un contexte, raconter une mission accomplie, etc.

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