Le 28 avril, France Stratégie rendait son rapport de prospective sur les métiers à pourvoir d’ici 2022, révélant que l’agent d’entretien serait le métier le plus porteur à échéance. Le point avec Cécile Jolly, chargée de mission au département travail – emploi chez France Stratégie.
Quels seront les métiers les plus porteurs d’ici 2022 et pour quelles raisons ?
Sans surprise, les métiers qualifiés, plutôt une population cadre. C’est une tendance ancienne mais qui s’accentue. Les services et aides aux personnes vont aussi recruter beaucoup.
Pour la population cadre, cela est lié aux progrès technologiques. Concernant les services, il y a une tendance socio-démographique puissante. La santé et la garde d’enfants sont de vraies préoccupations car il y a une hausse du travail des femmes et une population vieillissante. Ces tendances sont très lourdes, ce sont des fondements très importants du rapport. En outre, la population qui travaille dans les métiers d’aide à la personne est elle-même vieillissante. Sur certaines professions, les recrutements liés aux départs en retraite peuvent atteindre 50 %.
Comparativement à aujourd’hui, l’offre et la demande seront-elles plus ajustées en 2022 ?
Nous avons effectué des projections prudentes sur ce point avec des scénarios différents comme des taux de chômage variables. Nous nous sommes basés sur la hausse de la population, contrairement à celle de l’Allemagne qui va baisser, ainsi que des départs en retraite ce qui est plutôt positif. Quoi qu’il en soit, il faut avoir un dynamisme au niveau de la création d’emplois, même si ce sont les départs à la retraite qui vont alimenter les recrutements en majorité.
Quelles solutions faut-il mettre en place pour anticiper au mieux vos conclusions ?
Cela pose beaucoup de questions au niveau de la reconversion et cela met en œuvre des politiques d’emploi à mener au niveau local car la mobilité des gens n’est pas extrême. Cela souligne également un besoin de formations, de créations de passerelles entre les métiers, et de mixité. En effet, les professions les moins qualifiées sont souvent très genres et cela commence dès la formation initiale. Il y a un besoin également de maintien dans l’emploi des seniors, d’adaptation des conditions de travail de cette population et de reconversions en milieu ou fin de carrière.
En revanche, le scénario de France Stratégie semble plus favorable aux jeunes ?
C’est souvent le cas, mais cela concerne essentiellement les métiers qualifiés. La tendance est beaucoup moins favorable aux décrocheurs ou aux jeunes peu diplômés. Il existe un véritable enjeu pour limiter leur nombre, notamment en créant des passerelles et en accentuant la formation. Sans diplôme, le parcours professionnel est souvent plus heurté, avec davantage de périodes de chômage et d’emplois précaires. Il faut que la formation initiale et professionnelle devienne systématique.